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Le courage des oiseaux

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Ainsi donc, les fins limiers de la lutte contre l’ « ultragauche » auraient à nouveau levé un lièvre. Le sabotage d’une antenne-relais et de quelques véhicules d’une société née de la privatisation d’EDF les auraient menés droit au coeur de la « mouvance » limousine, constituée pour l’occasion en « bande organisée » et en « association de malfaiteurs ». On a donc entendu parler ces jours-ci de l’arrestation coup-de-poing d’une demi-douzaine de personnes à l’issue d’une enquête menée avec les moyens de l’antiterrorisme (c’est-à-dire aussi du renseignement). Mais quoi qu’il en soit de la réalité de ces dégradations de bien et de leurs auteurs, on a bien peu entendu parler de ce que peuvent signifier ces actes eux-mêmes. C’est pourtant par cette question qu’il faudrait commencer : que peut-il se passer pour que des gens décident de procéder à de tels sabotages ? Ces événements sont-ils isolés ? Ou alors, pourquoi une telle vague d’actions directes ?

[…] des brins d’herbes germeront d’une fissure dans le ciment de votre façade
vous comprendrez
et par un processus aussi mystérieux et dénué de sens que la course des étoiles,
vous aurez été invité à rejoindre les rangs du Comité pour l’abolition de la 5G et son monde

CLA5GSM, Opération « voix du vent et chants d’oiseaux », lundi 11 janvier 2021

si c’est ainsi qu’on continue / je ne donne pas cher de nos peaux
si seulement nous avions / le courage des oiseaux / qui chantent dans le vent glacé

Dominique A

Faute de soleil, sache
chanter dans le vent glacé

René des Cars

Pour commencer à répondre à ces questions, il suffit peut-être de relire le communiqué revendiquant le sabotage de l’antenne des Cars : il dénonce sans détour le déploiement de la 5G, en signant d’un comité qui n’est « qu’une poignée, pourchassées, terrifiées », décidant aujourd’hui d’agir « parce que le danger est à nos portes ».

On pourra railler le lyrisme ou l’emphase de ces formules, mais on ne pourra pas effacer le courage des actes que leurs auteurs osent assumer en cette époque glacée. Le pire étant carrément de ne faire ni l’un ni l’autre, de laisser leurs paroles dans un silence de mort, de « laisser la justice faire son travail » sans chercher un instant à comprendre le sérieux et le désespoir qui peuvent fonder ces actes.

« Allez camarade, lève-toi, car l’heure est venue ! Les négociations ont échoué, personne n’entend plus notre parole, nos rêves de justice et de liberté s’effritent un à un sans répit ! Nos frères et sœurs se sont toutes fait manger, ou capturer, ou attirer à la table de l’ennemi, et celui-ci déploie maintenant son arsenal sans résistance ! Il nous faut retourner au vent glacé… »

et comme tout le monde tu t’es réveillé dans un « monde d’après » encore plus verrouillé que le précédent.

Qu’est-ce qu’on peut faire quand on ne veut plus de ce monde de cauchemar ? Qu’est-ce que tu fais, toi ? Tu es descendu dans la rue avec les syndicats, tu l’as reprise avec les gilets jaunes et avec les nouveaux écolos, tu as hurlé sur les réseaux sociaux, et tu as vu comme tous les autres avec quelle violence le pouvoir était prêt à se défendre, et ses représentants à trahir. Tu as flippé comme tout le monde avec le COVID, comme tout le monde en te demandant si c’était plus à cause de cette nouvelle maladie, ou de ceux qui prétendent nous en guérir ; et comme tout le monde tu t’es réveillé dans un « monde d’après » encore plus verrouillé que le précédent. Depuis des années tu vois les gens tomber autour de toi, tes amis, tes voisins, ta famille, de part et d’autre des frontières, rétablies ou jamais effacées, tu vois ceux qui meurent et ceux qui s’enrichissent, ceux qui contrôlent et ceux qui subissent, ceux qui resserrent leurs griffe et ceux dont l’échine craque, ceux qui croient et ceux qui mentent, ceux qui se soulèvent et ceux qui les (anti)terrorisent, ceux qui serrent les poings et ceux qui courbent l’échine, et celles, et celles, et celles…

Tu vois se déployer le monde de ces Quelques-Un.e.s qui veulent partir vers les étoiles : en laissant tou.te.s les autres derrière, après les avoir sucés jusqu’à l’os, au milieu de leur déchetterie planétaire.

Tu vois le contrôle se resserrer, les campagnes de com’ se succéder, les mensonges s’enchaîner, perdurer, se répéter malgré leur révélation. On nous dit ces jours-ci que la démocratie serait malade de 68 % d’abstention aux élections régionales… mais que dire du fait que les 32 % restants et leurs « élus » prétendent parler au nom de tous les autres, et imposer partout leur monde infernal ?

Tu vois que leur démocratie, c’est ici un président élu par moins de 20 % de la population, qui ne cesse de se radicaliser depuis quatre ans en écrasant toute opposition : toujours plus extrémiste dans sa conception et son usage de l’État, toujours plus fanatique dans son libéralisme économique. La réponse à ce genre de démocratie, ce sont notamment des soulèvements historiques dans le monde entier au cours des deux dernières années, et partout, les mêmes échos de révolutions brisées ou capturées, de gouvernements prêts à tuer ou laisser mourir la part de leur « sujets » qui osent se rebeller, de pouvoirs dont l’autoritarisme ne connaît plus que quelques variations régionales, d’un contrôle social de plus en plus total.

Tu pourras faire quoi, toi, quand on n’aura plus de voûte céleste, et à la place un monde sans contact ni humanité ? Et on commence quand ?

Tu vois que pour les soutenir, pour leur permettre de perpétuer encore leurs puantes concurrences nationalistes, il faut cette machine géante de communication-surveillance qui se déploie partout sous nos regards impuissants ou complices. Cette machine : le monde de la 5G, ou l’accélération sans fin de l’enfer présent. Des objets qui tracent et observent tout, des passeports sanitaires, des terminaux individuels de connexion qui deviennent obligatoires, des applis d’État et des mouchards partout, des civilisations entières dans lesquelles les gens se surveillent mutuellement. Des antennes tous les 100m, des compteurs électriques qui épient des millions de foyers, des organes d’État dédiés au contrôle de la population, une ambiance orwellienne à tous les coins de rue… Comment tu comptes faire, toi, pour t’opposer au déploiement de 40000 satellites autour de la Terre par quelqu’un dont la fortune est plus grande que celle de la plupart des nations ? Tu pourras faire quoi, toi, quand on n’aura plus de voûte céleste, et à la place un monde sans contact ni humanité ? Et on commence quand ?

Et pendant ce temps, en plus, tout qui passe. Tout, et en force dès qu’il le faut. Les plans de relance conçus pour enrichir ceux qui ont déjà tout. Le sabotage de l’intérieur de tous les services publics. Le démantèlement de tout, sauf de l’enfer nucléaire. La mise en crise de toute redistribution des richesses. Les trahisons et complaisances de ceux qui prétendent parler au nom des autres, syndicats, partis ou journalistes. Les morts par milliers faute de lits d’hôpitaux ou de solidarité, et les lits et les frontières qui ferment encore, les poursuites individuelles avec arrachage de main à la grenade pour la moindre fête, et les flics qui frappent encore, la leçon de morale à chaque journal, le déni de réalité, la guerre organisée de tous contre tous. Tout qui passe. Et tu crois que tu vas tirer ton épingle du jeu ?

Les personnes qui ont procédé à ces sabotages ont le courage des oiseaux : de ceux qui chantent encore dans le vent glacé. [...] Elles font ça pour tout le monde.

Les personnes qui ont procédé à ces sabotages ont le courage des oiseaux : de ceux qui chantent encore dans le vent glacé. Elles prennent tous les risques et s’abîment à tenter d’empêcher notre cage commune de se refermer plus solidement que jamais dans l’histoire. Elles font ça pour tout le monde. Elles ne causent que des dégâts matériels, quand d’autres détruisent l’humanité et la vie en répandant la peur. Les coeurs épris de liberté et de justice ne peuvent que les soutenir de toutes leurs forces et rejoindre leur combat : elles nous y attendent depuis des siècles, aux côtés de toutes celles et ceux qui ont su se soulever et s’organiser pour un monde meilleur, contre toutes celles et ceux qui nous préparent le « meilleur des mondes ».

« Regardez-les passer, eux, ce sont les sauvages. Ils vont où leur désir le veut : par dessus monts et bois, et mers, et vents, et loin des esclavages. L’air qu’ils boivent ferait éclater vos poumons. »

De l’air ! Il manque de partout, il manque à tout le monde, de George Floyd à Cédric Chouviat, des malades du COVID aux populations confinées et masquées !
De l’air ! Soit le contraire des réseaux de satellites des réseaux d’antennes des réseaux d’objets espions des réseaux de flics et de surveillants qui nous nassent de tous côtés !
DE L’AIR, ET LE COURAGE DES OISEAUX !
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