Ce mercredi 18 août à Eymoutiers, dans le cadre de la programmation des Écrits d’Août [1] avait lieu une journée intitulée « Le jour de la catastrophe ».
Le hasard a fait que ce mercredi après-midi, un homme accusé d’avoir participé à une agression sexuelle y animait un débat dans lequel étaient invités des membres d’un collectif (PMO : Pièces et Mains d’Oeuvre [2]) auteur d’une brochure transphobe, homophobe, islamophobe, masculiniste (etc.).
Bien qu’une seule aurait suffi, ces deux raisons nous ont poussé·e·s à nous pointer dans la ferme intention que l’un ne puisse pas y prendre la parole et que les spectateurs présents ce jour-là puissent avoir connaissance des positions que ce collectif assoit à travers ses textes.
Des organisateur·rice·s alerté·e·s de cette situation ont donc tenté de « négocier » avec le président la présence de cet homme en tant qu’animateur (en rappelant l’agression dont il est accusé et la position que tiendrait le festival en acceptant de le mettre au devant de la scène [3]). Mais assez systématiquement la négociation est un échec. Les vieux croutons, tenants du patriarcat s’y accrochent et s’épaulent dans sa réaffirmation [4]. La deuxième forme, celle de la menace qu’un groupe de personnes déboule, a été plus concluante. Pour éviter les « esclandres » publics l’animateur de ce débat a donc été déprogrammé.
Notre seule présence, et le potentiel de menace qu’elle représentait, a donc permis de maintenir ce garde-fou : on peut tout à fait s’entre-aider entre couilles mais encore faut-il que cela ne se transforme pas en pugilat public, mettant à mal la face militante/anarchiste/mettez-y ce que vous y voudrez de l’élite intellectuelle aux manettes des Écrits d’Août.
Mais la prise de parole (plus d’une heure) de deux membres du collectif PMO, nous confirmait qu’il n’était pas fortuit que de tels énergumènes se rencontrent à ce festival. Ici encore nous avons opté pour une mise-au-clair « en douceur ». C’est donc après deux heures de conférence, lors du fameux moment d’ « échange » qui suit un discours (celui où les plus éloquents « posent des questions » … et font les réponses) que nous avons tenté de discuter. Mais il semble que notre présence dérangeait. Nous avons été « intimidées » publiquement par un individu pour ne pas prendre la parole : barrage debout-mains croisées pour ne pas avoir accès au micro, crachats, insultes, menaces de coups et de lancés de chaises (le tout dans une mise en scène viriliste peu crédible mais fort cocasse). Les agressions répétées de cet homme n’ont suscité aucune intervention de l’organisation du festival. Comprenez : ce n’est ni l’endroit ni la manière de faire ces choses-là. Coûte que coûte, qu’il s’agisse d’un agresseur ou de ceux qui en ont tout l’air dans leur prose, il nous faut nous taire. Le micro ne sera jamais parvenu jusqu’à nous.
Les deux abominables heures de branlette intellectuelle nous ont tout de même offert un beau final : celui de voir plusieurs personnes du public se lever, demander que l’on nous donne la parole et s’adresser personnellement à celui qui était censé la donner (voir le post-scriptum*) pour qu’il cesse de faire le sourd et daigne donner son foutu micro. C’était sans compter sur sa réponse : « Ta question tu peux te la mettre où je pense ». Ainsi se révèlent les sordides personnages à travers leurs gestes politiques. Combien de fois faudra-t-il encore s’étonner de la présence de tels collectifs, tel individu, tel intellectuel, dans ces lieux où « la pensée critique » justifie tous les mutismes ?
Lorsque des transphobes, des masculinistes, des homophobes, des racistes, des validistes, des oppresseurs seront présents pour jouir d’une autorité, nous le serons aussi pour éteindre leur vieux monde.
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