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Non au projet d’auroroute Limoges-Poitiers

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Une enquête publique concernant le projet d’autoroute Limoges-Poitiers est en cours du 4 janvier au 20 mars 2022. Le moins qu’on puisse dire est que la région et la préfecture n’ont pas fait une grande publicité à ce sujet. Vous pouvez vous exprimer sur le site http://www.autoroute.poitiers-limoges.fr. Ce sujet avait déjà fait l’objet d’un article dans La Bogue.

Pourquoi ce projet, en dépit du tableau idyllique dressé par les promoteurs est-il un désastre environnemental et une gigantesque escroquerie ?

Il est clair que ce projet va à l’encontre du discours officiel qui s’élève contre l’artificialisation des sols. Selon l’avis de l’Autorité environnementale (extrait en pièce jointe) 800 hectares de sols seraient artificialisés (674 hectares de terres agricoles et 115 hectares de forêts) alors que l’on nous abreuve de discours sur "l’autonomie alimentaire". Voir l’avis de l’Agence environnementale.

Concernant le coût du trajet, c’est la double peine pour l’usager : les péages et le financement public. Il s’agit en fait d’une concession au privé, principe déjà scandaleux à mes yeux, qui sera complétée par des fonds publics. C’est clairement écrit dans le flyer en page 2 et vous le retrouverez dans l’extrait d’avis de l’Autorité environnementale en pièce jointe. Vous y verrez aussi que si vous voulez prendre l’ancienne route nationale, vous serez contraint de passer par les centres-bourgs car les déviations de ville (exemple Bellac) seront livrées aux concessionnaires et donc payantes.

Il existe par ailleurs une autre solution pour sécuriser ce trajet, qui est préconisée par l’Agence environnementale (page 13) :

Le rapport conclut notamment à la proposition de moderniser la ligne existante Poitiers-Limoges pour s’approcher d’un temps de parcours d’une heure, à la nécessité d’aménager plus rapidement la RN 147 sur les portions qui reçoivent le trafic le plus important, c’est-à-dire aux deux extrémités, entre Bellac et Limoges d’une part et entre Lussac-les-Châteaux et Poitiers d’autre part.

Il faut noter que ni la loi du 24 décembre 2019 d’orientation des mobilités (LOM) ni le Conseil d’orientation des infrastructures (COI) ne prévoient ce projet autoroutier Limoges-Poitiers.

Concernant les concessions d’autoroutes, voilà ce que disait il y a plusieurs années le président de l’Association des sociétés françaises d’autoroutes, Arnaud Hary : "Chaque fois que l’État décidera d’aménager son réseau de route nationale et de le transformer en autoroutes concédées, les sociétés d’autoroutes répondront présent. Prenons l’exemple de la route Centre-Europe Atlantique (RCEA), entre Mâcon, Limoges et Poitiers : l’État a décidé de transformer 100 kilomètres de routes nationales en autoroutes. Les sociétés d’autoroutes répondent toujours à l’appel d’offres pour moderniser. Une réflexion est actuellement en cours sur le sujet. Le ministre de l’Action et des Comptes publics, Gérald Darmanin, et la ministre des Transports, Elisabeth Borne, ont mis en place un groupe de travail sur “l’évolution de la gestion” du réseau routier national non concédé."
Vous pouvez le reécouter dans l’émission Affaires sensibles de France Inter du 30 mars 2019.

On notera qu’il ne parle pas de Limoges-Poitiers, mais de Mâcon-Limoges Poitiers, donc il y a en ligne de mire la privatisation de la portion Limoges-Mâcon, actuellement en 2 x 2 voies gratuite. Il en va de même pour le tronçon Vierzon-Brive de l’A20 dont Jean-Baptiste Djebarri disait (Le Populaire 21/05/2018) en réponse à la question : l’A20 va-t-elle devenir payante, comme l’évoquent les premières discussions sur la loi LOM ?

« Il y a une petite confusion sur le sujet. Le projet, c’est de créer un établissement public qui s’appellera Routes de France et permettrait la péréquation des investissements et de l’entretien. On a un problème de développement et d’entretien sur les routes nationales. Sur certaines, les ouvrages ont plus de 80 ans. Avec cette loi, on va essayer de prévoir des investissements et de le financer, c’est le sens des discussions actuelles. Le péage urbain ou sur les routes nationales permettrait d’avoir une source de financement pérenne pour les collectivités locales. Ce sont des discussions, mais on étudie plusieurs sources de financement. Il n’y a rien de tranché sur l’A 20. »

Ce projet n’est sans doute pas déconnecté du projet d’extension du Grand Port maritime de Nantes-Saint-Nazaire qui détruirait une centaine d’hectares de terres agricoles, pour moitié en zones humides. Il y aurait alors un flux considérable de poids lourds qui relierait Nantes à Mâcon, direction Genève ou Lyon et Turin par le tunnel. Encore un accroissement de trafic, de pollution, de CO2, de gaz à effet de serre.

Vous pourrez télécharger le flyer d’info établi par la préfecture, et les extraits de l’émission Affaires sensibles sur les privatisations des autoroutes et de l’avis de l’Autorité environnementale, ainsi que la transcription de l’émission Affaires sensibles (dans laquelle j’ai mis en gras les personnages principaux) grâce à ce lien.

Bonne écoute, bonne lecture et à bientôt
Jacky TEXIER

PS : Chacun et chacune peut participer à l’enquête publique, d’autant que ce projet concerne tout le monde.


P.-S.

Le dessin en en-tête est de Jean-François Batellier.