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A propos de la culture du viol en ultragauchie

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À propos de la rencontre organisée à Gentioux par l’École de la Terre lors de laquelle Jeanne Burgart Goutal était invitée à présenter son livre « Être écoféministe ».
Ce vendredi 11 février une trentaine de personnes se sont déplacées pour perturber cet événement. Voici le texte qu’elles ont lu :

Nous interrompons cette conférence parce qu’un des organisateurs a tenu, il y a moins de trois semaines, un discours gravement sexiste et misogyne : à propos d’un viol, il a insinué que la victime l’avait bien cherché, argumentant que son attitude et les circonstances étaient les causes du viol.
Ce genre de discours relève de ce qui s’appelle la culture du viol : culpabilisation des personnes victimes, indulgence pour le violeur, inversion des responsabilités.
Il s’agit de positions politiques très dangereuses, qui favorisent la perpétuation des violences sexistes et sexuelles.
Les paroles dégueulasses de cet homme font du mal non seulement à la victime du viol en question, mais aussi à toutes les personnes qui l’entourent et la soutiennent, ainsi qu’à toutes les personnes qui subissent le sexisme au quotidien.

Il n’est pas compatible de culpabiliser les personnes violées d’un côté et de se mettre en valeur en organisant une conférence sur l’écoféminisme de l’autre.
Il n’est pas compatible de dire que la victime est un peu coupable ou d’invoquer des circonstances atténuantes et dans la foulée de faire la publicité d’un événement écoféministe.
Il n’est pas compatible de véhiculer à ce point les pires mécanismes de la cultures du viol d’un côté et faire mine de penser le féminisme de l’autre.

Dire que la pratique, la réalité concrète et quotidienne ne doit pas être déliée de la théorie, ce n’est pas de la théorie.
Une des origines du féminisme est le refus de séparer le privé du politique, le refus de séparer le vécu quotidien de la réflexion. Notre féminisme se vit tous les jours, puisque c’est tous les jours qu’il faut se défendre.
C’est pourquoi nous assumons, malgré l’intérêt que nous portons à vos travaux Jeanne Burgart Goutal, d’interrompre le déroulé initial de cette soirée.

Ce soir, il ne sera pas possible d’éviter les sujets des viols, du patriarcat, des violences sexuelles et de la domination sexiste. Il ne sera pas possible d’aller se réfugier en théorie ou en Kanaky pour éviter impunément de parler de ce qu’il se passe ici.
Bien sûr ce qui se passe ailleurs, dans d’autres cultures, d’autres pays ou d’autres temps sert à nourrir nos réflexions et nos imaginaires. Le problème c’est que quand ce sont des dominants privilégiés qui parlent d’ailleurs et théorisent, ça leur sert généralement à éviter de se remettre en question eux-mêmes. Exotisation, lâcheté, hypocrisie, mise à distance, neutralisation, déni…
Nous refusons de laisser faire ça comme si de rien n’était.

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