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« Rester barbare », échanges avec Louisa Yousfi

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Louisa Yousfi, autrice de l’essai « Rester barbare », édité par La Fabrique, sera sur le plateau de Millevaches le samedi 8 octobre : 12 heures à la ibrairie Passe Temps, présentation de l’ouvrage, échange avec l’auteure ; 19 heures au Magasin général de Tarnac, discussion ouverte sur le thème « Barbarie vs Civilisation », en présence de l’auteure.

Avec ce titre un rien provocateur, Rester barbare, Louisa Yousfi a su renouveler l’intrigue, voire l’excitation des médias français autour de la question dite « décoloniale », et poser d’emblée la question de « l’intégration ». En effet, que l’on soit issu·e de la petite bourgeoisie, des quartiers populaires ou de la migration d’exilé·e·s plus récente issue des multiples désastres du monde, la question de l’intégration à un système capitaliste, patriarcal, extractiviste, où la reconnaissance sociale se mesure à la capacité à nuire à l’ensemble du monde vivant se pose comme un dilemme…
Car quiconque aura parcouru ce court essai comprendra que ce titre Rester barbare résonne plus comme une douloureuse interrogation que comme une formule incantatoire.

Car finalement, à partir du moment où l’on obtient une reconnaissance dans la société - par des hautes études, un parcours artistique, entrepreneurial… - ne faisons-nous pas, dès lors, partie du problème, quel que soit notre degré de subversion ? Etre « intégré·e·s », voilà bien le dilemme. Soit nous préférons rester barbares, quitte à nous faire étiqueter de « sauvages », « séparatistes », « islamo-gauchistes », « anarcho-autonomes », « zadistes », « indigènes » (la liste est longue), soit nous faisons le pari de l’intégration sociale et faisons partie du problème… Pourtant, est-ce si facile de rester barbare face à la pression de la société ? Peux-t-on refuser l’intégration et pour autant continuer à écrire, vivre, penser, produire, aimer, en endurant l’anathème ? Mieux vaut-il perdre son identité et s’intégrer pour vivre mieux tout en souffrant de la part impériale que l’on endosse par ce fait, ou au contraire refuser l’empire, quitte à souffrir dans l’autre sens d’ostracisation, de marginalisation, de « mauvaise réputation » ?

Cette visite de Louisa Yousfi sur le plateau de Millevaches nous donnera peut-être l’occasion de réfléchir ensemble à nos propres fantômes territoriaux ; entre institutionnalisation de la révolte ou révolte contre les institutions... Ou à d’autres fantômes plus profonds encore ?

Rendez-vous le 8 octobre à 12 heures à la librairie Passe Temps d’Eymoutiers pour présenter le livre de Louisa Yousfi, et à 18 h 30 au Magasin général de Tarnac pour un débat ouvert sur la question du « 
barbare » face à ce qui se nomme « civilisation », où notre invitée sera partie prenante autant qu’un·e autre sur ce débat.