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Actualité de la pensée de Georges Guingouin

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Trois événements significatifs des années 2000

2004-2005
Le soixantième anniversaire de la Libération : « recadrage »

En 2004, le soixantième anniversaire de la Libération se traduisit par une série de célébrations tout à fait particulières : elles furent la « dernière occasion pour les survivants de parler avant de laisser la place aux historiens » [1]. A ce moment crucial, Francis Marmande, universitaire et journaliste au quotidien Le Monde, se rendit à Sainte-Savine dans l’Aube pour recueillir les paroles et les souvenirs de Georges Guingouin. Il en résulta un long article circonstancié de l’histoire de ce dernier et de son maquis limousin. Ce récit, qui débute par un étrange et fascinant grand portrait-photo de Guingouin tiré par Gérard Rondeau, [2] sera publié dans un hors série Le Monde 2-novembre-décembre 2005 particulièrement soigné intitulé : « 1945, de la victoire des alliés au début de la guerre froide ». Dans ce grand dossier historico-journalistique sur la fin de la seconde guerre mondiale, qui se déploie du débarquement de Normandie (juin 1944) au procès de Nuremberg (octobre 1945-décembre 1946), se côtoient et se croisent : acteurs de l’Histoire, journalistes, historiens, reportages, souvenirs, photographies, entretiens, archives, analyses, choix de temps forts…

Entre le chapitre sur l’offensive des alliés, illustré par l’opération Overlord, et celui des camps relatant Auschwitz, s’intercale la séquence sur la Résistance, exclusivement consacrée au Grand maquis limousin et à la figure de son chef irréductible. Ce chapitre de 16 pages, bâti à partir de l’article de F. Marmande, s’achève avec bonheur sur une série de « portraits de maquisards » faits à Limoges à la Libération par le photographe Izis [3].

Avec cette publication, un événement inédit est intervenu, dans la mesure où ce journal réputé pour son sérieux a choisi, à l’occasion de cet important anniversaire, le maquis limousin et son dirigeant communiste hétérodoxe comme emblèmes de la Résistance intérieure toute entière. Ainsi, pour la première fois dans une publication nationale, la figure de Georges Guingouin sort de la mémoire historique périphérique pour recouvrer une place éminente. Il aura fallut attendre le 21e siècle pour qu’une telle reconnaissance advienne. De plus, on notera sans ironie que la préface de ce grand dossier, signée par André Fontaine [4], a pour exergue le mot « recadrage ».

2008
L’affaire de Tarnac : Guingouin et la nouvelle génération militante

En 2007-2008, le gouvernement du président Sarkozy traque un mystérieux adversaire qu’il nomme « anarcho autonome », ennemi censé menacer la sécurité intérieure. Au même moment, une affaire de sabotage de caténaires sur une ligne TGV, sans risque pour les usagers, déclenche une procédure antiterroriste accompagnée d’une massive, violente et médiatique intervention policière. Cette répression, qui s’abat principalement sur de jeunes habitants du village limousin de Tarnac, projette au premier plan un livre attribué à ces personnes. Cet opuscule, qui dénonce radicalement et avec un style recherché le système-monde actuel, a pour titre L’insurrection qui vient et pour auteur un « Comité invisible » [5]. Mais l’agitation effrénée, par le pouvoir-Sarkozy, du fantasme sécuritaire se révèle être une pantalonnade ; le dossier des interpellés s’avère sans consistance, le procès s’enlise et tourne court. D’autant que les errements du capitalisme financier déclenchent alors une crise mondiale sans précédent qui rappelle la juste mesure des choses et n’aura pas comme moindre mérite de contribuer au succès international de librairie de L’insurrection qui vient.

Ce nouveau Manifeste communiste, qui évoque avec acuité le crépuscule de notre civilisation, porte la parole et les perspectives de militants de la nouvelle génération. Après avoir pointé de manière elliptique, en sept petits chapitres, les pierres de touche d’un monde contemporain qui se délite, le Comité invisible, dans un capitule intitulé « EN ROUTE ! », annonce : « Nous nous situons d’ores et déjà dans le mouvement d’effondrement d’une civilisation. C’est là qu’il faut prendre parti ». C’est au chapitre suivant, « SE TROUVER », que la « rencontre » de ces nouveaux communistes avec Georges Guingouin s’annonce de façon tout à fait spécifique. En effet, aucune autre personnalité n’est prise nominalement pour référence dans cet ouvrage, si ce n’est Alexandre Kojève [6], de manière moins directe.
L’épigraphe du passage, « S’attacher à ce que l’on éprouve comme vrai. Partir de là », est lui aussi très signifiant. Et quelques lignes après, sur fond d’un rapport à la vérité conditionné par la praxis, la filiation avec Georges Guingouin est présentée en ces termes :

Une vérité n’est pas une vue sur le monde mais ce qui nous tient lié à lui de façon irréductible (..) pas quelque chose que l’on détient mais quelque chose qui nous porte (..) Elle m’apparente à ceux qui l’éprouvent. L’être isolé qui s’y attache rencontre fatalement quelques uns de ses semblables. Tout processus insurrectionnel part d’une vérité sur laquelle on ne cède pas. (..) Georges Guingouin, le « premier maquisard de France, n’eut en 1940 pour point de départ que la certitude de son refus de l’occupation. Il n’était alors, pour le Parti communiste, qu’un « fou qui vit dans les bois » ; jusqu’à ce qu’ils soient 20 000, de fous à vivre dans les bois, et à libérer Limoges.

Janvier 2013
« Le Grand Georges » : Guingouin et la génération 1968

Le 7 janvier 2013, Edwy Plenel, co-fondateur du journal en ligne Mediapart, publie sur la Toile un long article sous le beau titre « Georges Guingouin, en souvenir des résistances à venir » [7]. Ce grand journaliste français de la génération 68 rend dans ce papier un hommage à la fois solennel, personnel et émouvant au Libérateur de Limoges. Edwy Plenel a posté ces mots à l’occasion de la sortie nationale du téléfilm « Le Grand Georges » de François Marthouret et Patrick Rotman [8] », évocation sensible et juste de l’homme Guingouin à la Libération et au temps de « son affaire », même si par trop romancée et biaisée politiquement [9].
Ces propos de Plenel indiquent par leur éloquence simple et leur profondeur la force de sa filiation idéologique, morale et historique avec le Libérateur de Limoges. En voici quelques bribes faisant particulièrement sens :

  Guingouin, en souvenir des résistances à venir

« Moment trop ignoré de la mémoire française, l’histoire de vie que (le film) nous remémore est de celles qui, par leur modeste grandeur, sauvent l’espérance pour demain ». « Un homme dont le ressort n’était pas de l’ordre du pouvoir mais de celui de l’idéal ». « Un de ces imprudents qui, devant l’événement, ses défis et ses paris, choisissent d’inventer le chemin inconnu que leur dicte leur conscience, plutôt que d’arpenter les routes trop fréquentées des calculs, des renoncements et des carrières ».

A l’instar des écrits du Comité Invisible, les mots d’Edwy Plenel et le film écrit par Patrick Rotman attestent que l’esprit, la pensée ou l’exemple de Guingouin se sont effectivement transmis aux générations militantes ultérieures, celle de 1968 mais aussi celle, bien différente, des années 2000.

A la lumière d’une époque nouvelle et bouleversée qu’il s’agit autant que possible d’appréhender, essayons d’esquisser une approche des ressorts et de la pertinence de cet héritage.

Caractériser notre époque 

« Transition », un mot marqueur du temps présent
Depuis les années 1980 et la chute du bloc soviétique, le mot « transition » suivi d’un qualificatif (économique, énergétique, démographique, écologique, climatique, technologique…) revient de plus en plus souvent sous la plume des journalistes, des économistes, des démographes, des climatologues, des responsables politiques etc. Sans conteste, la fréquence et l’étendue du champ de ce vocable dans les « récits » de notre époque, signalent que nous vivons un moment-charnière de l’Histoire.

Fin du 20e siècle : la « transition » néo libérale
En réponse à la double crise, pétrolière et des profits, des années 1970, puis à la disparition de l’URSS en 1989, le capitalisme en Occident s’est reconfiguré en néolibéralisme et emparé de la planète entière. Cette incroyable conquête, appelée de manière métonymique « mondialisation », s’est effectuée avec une telle rapidité qu’un universitaire américain, Francis Fukuyama, s’autorisera en 1989 à annoncer dans un article à succès que « la fin de l’Histoire », concept élaboré par Hegel, était advenue par la grâce de l’économie et de la démocratie libérales [10].
Ainsi, dans les années 80, le mot « transition » était surtout utilisé par les économistes ou les politistes libéraux pour désigner le processus de passage massif à l’économie de marché des ex pays socialistes ou la conversion à la démocratie libérale de nombre d’entre eux.

Les transitions au 21e siècle
Vingt ans après, si cette transition économique, la « mondialisation », peut être considérée achevée, il n’en sera pas de même avec l’Histoire humaine, loin s’en faut. Dans un laps de temps historique extrêmement court, ce mot, qui continue plus que jamais à être utilisé, change de destination. Il s’applique en particulier dorénavant à des initiatives locales discrètes qui développent « par en bas » une transition d’une autre nature. Ces « villes en transition » ou ces « initiatives de transition » paraissent effectivement s’engager dans une voie les éloignant du mode de développement néolibéral. Ainsi, de telles communautés réduisent drastiquement leurs consommations énergétiques, relocalisent l’économie, expérimentent un ensemble de micro politiques et de stratégies dites « de résilience » [11].
Les transitions du début du 21e siècle sont clairement apparues au moment où la mondialisation libérale, qui s’achève, ouvre dans son sillage une pléiade de crises à l’échelle de la planète : crises climatique, écologique, alimentaire et énergétique ; crises financière et de la dette ; crise des dictatures, crise des valeurs morales et civiques, etc.
Aujourd’hui le mot « transition » désigne des processus qui affectent à la fois les sociétés et l’environnement (humains et biosphère) à l’échelle planétaire, qui les dégradent ou les transforment rapidement, profondément voire radicalement et irrémédiablement. Ce vocable est aussi associé aux programmes établis par des institutions, des organisations ou des communautés afin de résister ou de remédier à ces crises systémiques complexes. Les formules « transition climatique », « transition énergétique », « transition écologique », « systèmes financiers et transition » « transition démocratique », etc. en sont devenues les locutions consacrées.
L’idée de transition est par ailleurs très présente dans les travaux des intellectuels et des militants qui explorent aujourd’hui les pistes d’une alternative historique au néo libéralisme, recherches qui connaissent un réel renouveau.

Chaos et nouveautés historiques
La première décennie du 21e siècle ouvre une période troublée, particulièrement complexe : difficile à saisir. Au sein d’une économie-monde régie par le capitalisme néolibéral et sur fond de crises systémiques, de grands bouleversements s’opèrent à l’échelle de la planète pour une humanité quasiment interconnectée et interdépendance. Ces mouvements historiques ont comme caractéristique de se développer et de se décliner, dans tous les domaines et tous les endroits, sur le mode de la « guerre de basse intensité » : une guerre permanente et généralisée.

Ce processus tectonique se déploie à travers un complexe de crises planétaires interactives déterminé par trois éléments structurels inséparables :

  • la crise économique néo libérale, alimentée par l’hégémonie historique des marchés financiers mondialisés et surdéterminée par les mécanismes pervers (fuites en avant) inhérents à ce capitalisme de la démesure : plus-value fictive, dette, croissance-expansion sans limite, etc.
  • la crise écologique, sans précédent, qui impose la sortie de l’anthropocène [12] et met l’humanité au défi de transformer radicalement son rapport avec la biosphère.
  • la crise culturelle qui interroge la modernité jusque dans ses fondements philosophiques, techno-scientifiques, politiques et moraux. Dans cette conjoncture, le sentiment de vivre la fin d’une époque et d’entrer confusément et chaotiquement dans une période historiquement et nécessairement nouvelle, « un temps où des limites seraient nécessaires », se répand à travers le monde.

Des pensées convergentes à propos de « la fin d’une civilisation »

« Le court 20e siècle » [13], au cœur duquel le Premier maquisard de France livra ses grands combats, fut intense et bouleversé, notamment par deux guerres mondiales, le fascisme, les fronts populaires, l’expérience dite du « communisme réel », la Guerre froide et la décolonisation.
En 2002, dans le livre Chemins de Résistance [14], Georges Guingouin fait le bilan philosophique et politique d’une vie ardemment et consciemment engagée dans ce « temps des extrêmes » qui a précédé la mondialisation, tout en l’engendrant. Il conclut par ces mots : « les sociétés humaines et les civilisations naissent, grandissent et meurent. Il n’y a rien à faire. Il existe des signes avertisseurs de la fin d’une civilisation » ; puis il fait le pari raisonné de la résistance et de la créativité des hommes et des femmes « d’en bas » en réponse aux dégâts et aux dangers qui caractérisent l’état actuel de nos sociétés [15]. Avant même que la grande crise financière du capitalisme néolibéral ne s’abatte sur la planète et agisse comme un brusque révélateur, Georges Guingouin percevait les signes précurseurs, politiques et moraux, de la fin d’une civilisation. Cette appréciation inouïe sur notre temps était le fruit de réflexions approfondies, nourries par une vaste culture et mûries, à l’issue d’un long et exceptionnel chemin de combats qui se confondit un temps avec celui de l’Histoire.

Cet avertissement historique a rencontré les analyses de certains penseurs contemporains de renom qui, eux-aussi, ont pris le parti de « la grande cause de la libération humaine » [16]. Examinons parmi ces pensées quelques unes des plus éclairantes produites à partir de 2007, dans le contexte de ce qu’il est maintenant convenu d’appeler la Grande récession (de l’Occident). Dans le cadre de cet exposé, nous ne pourrons que dresser un panorama très succinct et forcément incomplet des recherches actuelles qui font écho au testament politique de Guingouin et ont pour ambition d’aider à penser pour agir dans le contexte exceptionnel d’une fin de civilisation.

De Gramsci à Michéa : de nouvelles « Lumières »

Dès les années 30 du siècle dernier, Antonio Gramsci nous avertissait par ces mots :

 L’ancien se meurt, le nouveau ne parvient pas à voir le jour, dans ce clair obscur surgissent les monstres.

Ainsi, au moment de la Grande dépression (années 1930), du fond des prisons mussoliniennes, Gramsci pressentait l’avènement d’un temps nouveau, en dépit de l’ombre terrible portée alors sur le présent et sur l’avenir par le fascisme. Aujourd’hui, après 70 ans d’expérience historique tumultueuse, accélérée et souvent terrible, nombreux sont les penseurs qui considèrent, avec Guingouin, que l’Humanité est en train de clore un des chapitres majeurs de son Histoire.

Quelques-uns, comme Antonio Negri, estiment même que la Transition et sa culture post moderne sont achevées [17] . Selon ces auteurs, notre époque se caractériserait par l‘action constituante d’une humanité nouvelle, le « cognitariat », qui se socialise - par et dans la gratuité, les logiques coopératives, l’autoproduction …- indépendamment de l’organisation capitaliste du travail et chevauche « le monde globalisé » qui, en dépit des apparences, appartient au passé.

Dans cette veine, André Gorz écrit en septembre 2007 un texte intitulé La sortie du capitalisme a déjà commencé [18] . Selon cet article-testament, rédigé par Gorz très peu de temps avant sa mort, « la question du capitalisme n’a jamais été plus actuelle. Elle se pose en des termes et avec une urgence d’une radicale nouveauté. Par son développement même, le capitalisme a atteint une limite tant interne qu’externe qu’il est incapable de dépasser et qui en fait un système qui survit par des subterfuges à la crise de ses catégories fondamentales : le travail, la valeur, le capital. (..) Une foule d’indices convergents suggèrent que ce dépassement est déjà amorcé et que les chances d’une sortie civilisée du capitalisme dépendent avant tout de notre capacité à distinguer les tendances et les pratiques qui en annoncent la possibilité ».

En octobre 2008, en pleine crise financière, dans une interview à chaud au journal Le Monde, le chercheur américain Immanuel Wallerstein, ex président de l’Association internationale de sociologie, déclare :

Nous sommes entrés depuis 30 ans dans la phase terminale du système capitaliste (..). Nous sommes dans une période, assez rare, où la crise et l’impuissance des puissants laissent une place au libre arbitre de chacun. Dans 30 ou 40 ans un nouveau système aura émergé. Je crois qu’il est tout aussi possible de voir s’installer un système d’exploitation encore plus violent que le capitalisme, que de voir au contraire se mettre en place un modèle plus égalitaire et redistributif » [19].

Sur un registre moins classique, Gilles Clément, le jardinier planétaire, rédige quant à lui en août 2009 une sorte de manifeste en dix courts chapitres, intitulé L’alternative ambiante [20]. Ce texte concentre une analyse aiguë et un examen politique très critique de notre monde, à la lumière d’une pensée écologique aux caractères scientifique, pragmatique et humaniste. Devant les urgences écologiques et démocratiques, l’auteur appelle tout à la fois à la résistance et à l’invention. Il conclut par une série de propositions économiques et politiques, prenant en compte l’émergence d’une conscience planétaire et les glissements en cours dans les sociétés vers de nouvelles pistes de vie.

En 2010, l’économiste et philosophe John Hollloway propose dans son ouvrage, Rompre le capitalisme, 33 thèses contre le capital [21], une approche originale du changement de civilisation. Celui-ci est conçu comme la « multiplicité de mouvements interstitiels découlant (..) de la transformation à peine visible de l’activité quotidienne de millions de personnes(..) les millions et millions de refus et d’autres-faire, les millions et millions de fissures qui constituent le matériel de base d’un possible changement radical (..). Le problème est que chaque changement significatif dans la configuration (manifestations de la crise etc.) pose des problèmes de compréhension parce que nos esprits sont habitués à l’ancienne configuration. Notre tâche consiste à apprendre le nouveau langage de la lutte et, tout en apprenant, participer à sa formation. Cet apprentissage est un processus hésitant, une tentative de créer des concepts ouverts qui questionnent plutôt que d’instaurer un paradigme pour comprendre l’étape actuelle du capitalisme »

En 2011, le chercheur et économiste belge Paul Jorion publie un ouvrage au titre choc, Le capitalisme à l’agonie [22] et, la même année, l’économiste français Frédéric Lordon fait paraître dans Le Monde Diplomatique un papier sur le même sujet au titre tout aussi éloquent : « Le commencement de la fin » [23]. Toutefois, ce n’est pas pour produire de nouvelles utopies que ces auteurs, dans une démarche similaire, stigmatisent le capitalisme financier en mettant à nu ses mécanismes dévastateurs et en montrant son épuisement, mais pour favoriser la prise de conscience de la nécessité d’un nouveau système.

Nous ne pouvons terminer cet échantillon panoramique choisi, incomplet et laconique, de la pensée alternative contemporaine en occident, sans mentionner pour finir l’article du philosophe Jean-Claude Michéa, Le trésor perdu du socialisme, publié en 2012 [24]. Dans ce texte, Michéa rappelle que « le terme ‘socialisme’ a été fondé dans les années 1840 par Pierre Leroux pour s’opposer à un monde basé sur la concurrence sauvage et l’égoïsme ‘rationnel’ que célébraient les économistes libéraux ». Il répète que « l’idéal socialiste est né d’une révolte morale » contre un ordre détruisant les fondements matériels et culturels de l’autonomie des individus et des communautés ainsi que les bases de toute civilité et de toute vie réellement commune. Il replace au cœur du combat anticapitaliste la common decency défendue par Georges Orwell, ce pouvoir de s’indigner devant « les choses qui ne se font pas », et appelle à réactiver « la conscience que loin d’être indépendant de toute société et de toute tradition, l’homme y prend sa vie » (Pierre Leroux).

Ce plaidoyer nous parait d’autant plus intéressant qu’il s’agit d’un des très rares textes qui traite de morale, dimension aujourd’hui délaissée voire méprisée par la pensée critique de gauche, mais question capitale si l’on considère la pensée de Georges Guingouin. Il faut noter aussi la place essentielle tenue par les faits et les arguments historiques dans cet article, ce qui le rapproche doublement de la démarche intellectuelle de Guingouin où le couple Histoire et Ethique se situent au premier plan.

Actualité de la pensée de Georges Guingouin

Engagement et Histoire : la libération humaine comme mobile, l’histoire des luttes émancipatrices comme inspiration

L’extraordinaire énergie et la force de l’engagement de Georges Guingouin, qui se nourrissent mutuellement, ont leur source vive dans la révolte morale surgie avec « l’ère du capital », révolte rappelée par Jean Claude Michéa, dont les épisodes emblématiques furent en France les Canuts, la Commune de Paris, sans oublier la révolution de 1848 à Limoges [25]. L’homme Guingouin n’a jamais accepté les blessures infligées à son prochain. Il donnera du sens à ce refus constitutif en découvrant, grâce à la connaissance de l’histoire des peuples, que « l’espérance éternelle et les luttes de ceux qui peinent et souffrent pour une vie meilleure, la grande cause de la libération humaine » [26] se trouve au fondement des mouvements historiques essentiels.

Georges Guingouin appartient à une génération de fils du peuple nés en Europe occidentale à l’apogée du mouvement ouvrier, dont l’enfance, terriblement marquée par la première convulsion mondiale de l’ère du capital, résonna des échos de la Révolution soviétique. Ainsi, la « volonté de libération humaine » qui habitait le jeune Guingouin se portera très naturellement vers le communisme. La spécificité et l’originalité de son communisme ont été développées dans des travaux antérieurs [27]. Nous examinerons ici la pertinence de quelques composants essentiels de ce communisme dans leur rapport avec le temps présent. Prenons le premier d’entre eux, l’Histoire, qu’il étudia et fréquenta avec passion.

Selon Guingouin, l’Histoire, qui est « la vie telle qu’elle s’est passée et qu’il faut transmettre aux générations futures afin qu’elles évitent les bêtises » [28] n’est assurément pas achevée. Il laisse d’ailleurs entendre dans Chemin de Résistances, qu’elle pourrait ne jamais l’être. Il dit : « En tout cas nous sommes à un point de rupture. Est-ce que nous irons vers la barbarie ou vers un mieux ? Personne ne sait. » [29]. Et ensuite, « les communautés humaines répondent d’une manière très variable aux situations et défis qui se présentent à elles. Leurs réponses peuvent aussi bien constituer une avancée qu’un recul de société. » [30]. Cette vision « prudente » du développement général de l’aventure humaine tranche avec la conception hégélienne et mécaniste de la vulgate marxiste qui domina tous les partis communistes au 20e siècle. Cette idéologie idéaliste, qui prédisait la fin prochaine de l’Histoire avec l’avènement du communisme, fut, comme nous l’avons vu, paradoxalement rejointe par Fukuyama sur un tout autre registre, celui du libéralisme.

Le 21e siècle ne sera pas, d’évidence, celui de la fin de l’Histoire et le chaos planétaire actuel, infiniment complexe, offrira certainement à l’Histoire encore plus de possibilités de ruses et de surprises que par le passé. Les temps clairs, déterministes, de la Raison et du Progrès tout puissants sont bien révolus : la modernité s’achève. En revanche, la conception pragmatiste, ouverte et dynamique de l’Histoire, que Guingouin expose à la fin de sa vie, correspond à une démarche tout à fait différente. Basée sur un puissant et constant « optimisme de la volonté », elle est cependant guidée par un retour permanent et raisonné à la réalité où le passé éclaire le présent. Respectueuse des faits et soucieuse de vérité, cette démarche concrète de rencontre consciente avec l’Histoire tout en la faisant, qui a comme fil rouge la « cause éternelle de la libération humaine », nous paraît pertinente car en phase avec les temps qui s’annoncent.

En outre, je rapprocherai sa manière de « sentir » l’Histoire, ainsi que sa fine connaissance des mouvements populaires et ouvriers en Limousin, avec un texte très récent (2012) de Pierre Bergounioux : Insoumission. Cette préface au livre Paysages insoumis du photographe Thierry Girard [31] montre de façon frappante la filiation intellectuelle et sensible entre l’écrivain reconnu et le grand maquisard limousin. Sur fond d’une ample culture historique, nous retrouvons, chez l’un comme chez l’autre, la même manière concrète d’évoquer, avec attachement et fierté, la terre sensible et rebelle limousine, la vie rude et modeste de son peuple travailleur, tout en mettant en perspective la grandeur de ses luttes, d’autant plus discrètes qu’elles sont oubliées, voire méprisées par l’Histoire officielle. L’approche historique « par en bas » de Georges Guingouin se perpétue, donc. En nous offrant le texte Insoumission, Pierre Bergounioux en rappelle brillamment l’actualité.

Praxis : une pensée-action combinant refus-résistance et transformation

La droiture, la rigueur aussi, de Guingouin étaient liées à son inclination instinctive à mettre en concordance paroles et actes, pensée et action, éthique et politique, culture et engagement, connaissance et expérience, théorie et pratique, enquête et implication, philosophie et vie… Bien que baigné, éduqué et formé au pays de Descartes et par son Ecole Normale, dans la culture et les strictes normes de la Raison, Guingouin n’acceptera jamais, au fond, de se plier à une civilisation qui séparait artificiellement et hiérarchiquement l’âme du corps, l’esprit de la matière, l’intellectuel du manuel, le cœur de la raison…

Ce refus ontologique caractérisé est assurément à la genèse de son esprit de résistance et de sa formidable capacité de transgresser l’ordre social dominant ou certains ordres microsociaux (partis politiques, par exemple) lorsque leurs pratiques, basées finalement sur des principes qui lui sont étrangers, lui devenaient insupportables. Mais si Guingouin a pu être considéré comme un modèle de refus, de transgression et de résistance, sa logique même, son équilibre existentiel, lui interdisaient de séparer catégoriquement le refus de la proposition, la transgression de la transformation, le combat de la création, la révolution de la réforme, la légitimité de la légalité…

Le communisme de Guingouin est une philosophie de la praxis véritable, selon laquelle on ne peut connaître et changer le monde qu’en l’habitant, y tracer les chemins en marchant… faire et ce faisant se faire. Il s’agit en somme d’abord d’unir plutôt que de briser, de rassembler plutôt que de séparer. Une recherche d’accord avec la vie, créatrice : tel est le sens profond de sa démarche. Cette attitude explique aussi certainement sa capacité à se sortir de situations périlleuses ou de faire face, voire de vaincre dans l’adversité la plus extrême. C’est ce que nous appelons de nos jours la résilience.

Être résilient dans un monde périlleux ou ne pas être, telle est aujourd’hui la question majeure que l’être Guingouin sût déjà résoudre il y a plusieurs décennies. Avis aux contemporains !

Global-local : un agir local, en pensant global, précurseur et très actuel

« Penser global, agir local » est une formule qui a fait mondialement florès. Elle fut employée pour la première fois par l’agronome, biologiste et écologue français émigré aux Etats Unis René Dubos lors du premier sommet de la Terre à Stockholm en 1972. Il peut paraître étrange de rapprocher la pensée de Georges Guingouin de cette formule qui résume aujourd’hui l’esprit de ce que l’on appelle communément le développement durable. Le premier maquisard de France n’a a priori rien à nous apprendre sur l’écologie, culture qui ne correspond ni à sa formation, ni à son histoire et dont il ne faisait jamais état.

Et pourtant, au cœur du 20e siècle, l’épopée qui fera entrer le Libérateur de Limoges dans l’Histoire sera aussi le fruit de cette démarche qui prend sens aujourd’hui sur un tout autre terrain. Le développement du grand maquis, qui aboutira à la libération de Limoges, part en effet d’une vision globale exposée dès août 1940 par Georges Guingouin dans son Appel à la lutte adressée aux militants [32]. Il y expose la situation en Europe et dans le monde au moment même ou le fascisme, qui triomphe sur tous les fronts, semble conquérir le monde. En dépit de cela, Guingouin annonce une invraisemblable « lutte finale » qui pourtant aboutira à la Libération quatre ans après.

Ainsi, il rappelle à la fin de son texte que l’Allemagne nazie, alors alliée de l’URSS, reste néanmoins fondamentalement son ennemie et qu’elle retournera son fer contre le pays des soviets. Il indique aussi, à travers une citation du président Roosevelt, que les USA ne pourront rester neutre devant une guerre qui « n’a pas pour but de libérer les hommes mais de les réduire à l’esclavage au moyen d’une dictature ». Il envisage avec confiance l’avenir à travers la lutte internationale, ne cachant pas « l’enfer de douleurs et de destructions par lequel il faut encore passer ». L’agir local de Guingouin, quant à lui, montrera sa formidable efficacité à travers la constitution et l’action du grand maquis. C’en sera trop pour la classe politique toute entière qui conclura à la Libération la plus invraisemblable des alliances implicites et objectives (de la droite vichyste au parti communiste en passant par la SFIO) contre lui et emploiera les moyens les plus cyniques pour stopper net une tentative historique d’expérience locale qui prenait des allures par trop libératrices et émancipatrices à leurs yeux [33].

Culture : la culture comme nécessité pour l’autonomie et la création

Dans Chemin de Résistance Guingouin insiste sur le rôle essentiel joué par la culture dans les avancées de « la grande cause de la libération humaine » car elle conditionne l’autonomie de l’individu, l’élève, lui permet de résister et le rend créateur. Il évoque à l’appui les peintres sur porcelaine, « la haute conscience qui les animait », leur rôle décisif dans les grandes grèves de 1905, « mouvement unique pour l’honneur d’une ouvrière » :

Fondamentalement, dit-il, ces ouvriers cherchaient en permanence à s’instruire, à s’emparer du facteur permettant l’élévation personnelle que constitue la culture. Ainsi payaient-ils de leurs propres deniers une personne pour leur faire la lecture, au sein de l’atelier, pendant le travail. A ce propos, je me rappelle que la Parti communiste vendait avant guerre des brochures servant à la formation culturelle de ses adhérents. Par la suite, j’ai constaté que ceux, parmi les militants, qui s’étaient procurés ces ouvrages étaient des éléments actifs dans la Résistance. [34].

Ce constat est dans la droite ligne de l’appel Créer c’est résister ! Résister c’est créer !, lancé à « la jeunesse qui fera le 21e siècle » par Stéphane Hessel et d’autres grands vétérans survivants de la Résistance [35], appel qui reprend le titre d’un ouvrage de Miguel Benasayag et Florence Aubenas [36] et fait écho dans les divers mouvements des Indignés.

Morale, humanisme : rassembler éthique et politique

La morale et l’humanisme constituent le cœur de la philosophie de Georges Guingouin et fondent en matière politique sa praxis du pouvoir. Dans Chemins de Résistances, Guingouin nous précise à ce sujet sa filiation et ses références : «  Une des grandes pensées de Gramsci, dit-il, est l’établissement d’une culture morale – rassembler éthique et politique. Par là, il revient à Jean Jaurès, à toute la pensée des humanistes du mouvement ouvrier français qui avait été estompée [37] » (dans et par le mouvement révolutionnaire-NDLR). Puis, parlant de la période actuelle, il remarque : «  Quand on voit la façon dont toutes les vertus essentielles s’écroulent. Nous sommes à un point de rupture [38] ». L’actualité de sa pensée morale et de son humanisme demanderaient de longs développements. Nous mentionnerons seulement ici brièvement les travaux les plus récents de deux intellectuels engagés, Jean Claude Michéa et Razmig Keucheyan, qui font écho aux conceptions de Guingouin dans ces deux domaines.

Nous avons précédemment relaté l’article de Michéa qui, considérant la dissolution de la gauche moderne dans le libéralisme économique et culturel, en appelle à une véritable critique socialiste toujours subordonnée à une analyse de classe, ainsi qu’à « renouer avec ces valeurs morales qui donnaient tout son sens au socialisme originel » (esprit du don, pratiques d’entraides…). L’humanisme est aussi la préoccupation de Razmig Keucheyan, jeune universitaire de la « génération qui fait le 21e siècle », lequel a choisi et présenté des textes d’Antonio Gramsci réédités en 2011 [39]. Ce retour de Gramsci dans les librairies, après plusieurs décennies d’absence, est un événement intellectuel et politique important. Sa conception du marxisme, comme humanisme absolu de l’histoire (historicisme), semble revenir comme une nécessité sur le devant de la scène. C’est cet humanisme complexe que partageait Georges Guingouin.



Notes

[1Le Monde 2, nov-déc 200 5 « 1945, de la victoire des alliés à la guerre froide » (132 pages, 170 photos), introduction page 3.

[2Guingouin pose debout dans son intérieur, à Sainte-Savine, tenant, poing serré en avant, la hampe du fanion de sa brigade de partisans fanion derrière lequel apparait le masque au regard grave, fermé, résolu et étrangement pénétrant du libérateur de Limoges.

[3« A la fin du mois d’août 1944, le maquis du Limousin parvient à libérer Limoges. Izraëlis Bidermanas, alias Izis, photographe parisien, juif d’origine lituanienne, qui a rejoint les FFI, choisit ce moment pour faire poser un groupe de résistants, ‘ceux de Grammont’ (...). Ces photos, présentées à Paris en 1947, vont également changer la vie de leur auteur » (J-M Normand, Le Monde 2 nov-déc 2005 page 27).

[4Historien et journaliste français (1921- 2013), journaliste au Monde dès 1947, rédacteur en chef de ce journal de 1969 à 1985. Il en est le directeur de 1985 à 1991.

[5Comité Invisible, L’insurrection qui vient, La Fabrique éditions, 2007. http://www.bloom0101.org/pdf_Insurrection.pdf

[6Alexandre Kojève (1902 -1968), philosophe français d’origine russe, est une figure importante dans la réflexion sur la philosophie politique ; il a renouvelé l’étude de Hegel en France.

[8Patrick Rotman, auteur scénariste-réalisateur, docteur en histoire, a réalisé plusieurs documentaires sur des grands événements de l’histoire et de la politique française aux XXe et XXIe siècles. Ses parents, réfugiés juifs en Limousin pendant la 2e guerre mondiale, ont participé à la Résistance avec Georges Guingouin.

[9Voir article « Quelques remarques après la projection du Grand Georges » Per Lou Grand, bulletin n°92-2013 de Les Amis du Musée de la Résistance de Limoges.

[10Francis Fukuyama « The end of History ? » revue The National Interest, été 1989, article repris dans la revue française Commentaire n°47, automne 1989 puis développé dans La Fin de l’histoire et le Dernier Homme, Flammarion, coll. Histoire, 1992, pour l’édition française.

[11Cf., notamment, Rob Hopkins, Manuel de transition : de la dépendance au pétrole à la résilience locale, Les Éditions Écosociété, pour l’édition française, 2010, Montréal Québec.

[12L’Anthropocène est un terme popularisé par Paul Crutzen, prix Nobel de chimie (1995), utilisé par certains scientifiques pour désigner une nouvelle époque géologique, qui aurait débuté à la fin du XVIIIe siècle avec la révolution industrielle, période à partir de laquelle l’influence de l’homme sur le système terrestre serait devenue prédominante (source Wikipedia).

[13Sous titre du livre L’âge des extrêmes de l’historien Eric Hobsbawm (1917-2012) ; correspond à la période 1914-1990.

[14Georges Guingouin – Chemin de Résistances de Jean-Jacques Fouché, Francis Juchereau, Gérard Monédiaire, éditions Lucien Souny-cercle Gramsci 2003.

[15Op.cit. pages 30 et 31.

[16Op.cit page 26.

[17Antonio Negri : A la recherche du Commonwealth, revue de philosophie politique de l’ULG (Université de Liège) Dissensus n°1 décembre 2008 - http://popups.ulg.ac.be/dissensus/document.php?id=223

[18André Gorz, Ecologica, Editions Galilée, 2008 - pages 25 à 42.
http://www.perspectives-gorziennes.fr/public/pdf/La_sortie_du_capitalisme_a_de{ja_commenceW.pdf

[19I Wallerstein « Le Capitalisme touche à sa fin » Le Monde du 10/11/2008 propos recueillis par A. Reverchon http://www.lemonde.fr/la-crise-financiere/article/2008/10/11/le-capitalisme-touche-a-sa-fin_1105714_1101386.html

[20Cf. texte en copyleft sur le site de Gilles Clément http://www.gillesclement.com/cat-copylefttextes-tit-Textes-en-copyleft

[21Crack capitalism. 33 thèses contre le capital, Éditions Libertalia, 2012, pour l’édition française.

[22Paull Jorion, Le capitalisme à l’agonie, Fayard 2011. Voir aussi le blog de PJ (24 juillet 2011) http://www.pauljorion.com/blog/?tag=le-capitalisme-a-lagonie

[23Le commencement de la fin par Frédéric Lordon – Le Monde Diplomatique 11 août 2011 http://blog.mondediplo.net/2011-08-11-Le-commencement-de-la-fin

[24Jean-Claude Michéa « Le trésor perdu du socialisme », Revue du MAUSS permanente, 31 janvier 2012 http://www.journaldumauss.net/spip.php?article877

[25-Jacques Vigier, 1848, Les Français et la République, chap VI « Limoges, le 27 avril 1848 » p 154 à174, Hachette 1998.

  • Francis Juchereau : La révolution de 1848, événement fondateur du socialisme limogeois, Mémoire active n°6 (1998), Cahiers de l’Institut CGT limousin d’Histoire Sociale.
  • Philippe Grandcoing, La baïonnette et le lancis : crise urbaine et révolution à Limoges sous la Seconde République, Limoges : PULIM, 2002.

[26Georges Guingouin Chemin de Résistances, page 26.

[27Communisme et résistance de Georges Guingouin, actes du Colloque organisé par Les Amis du Musée de la Résistance de Limoges le 24 mars 2007, Le Temps des Cerises (2008).
Marcel Parent, Georges Guingouin-Les écrits et les actes, Le Temps des Cerises (2006).

[28idem, page 31.

[29idem, page 30.

[30idem, page 31.

[31Thierry Girard, Paysages insoumis, texte de Pierre Bergounioux, L’Atelier d’édition/ Loco, 2012.

[32Georges Guingouin, Quatre ans de lutte sur le sol limousin, page 233 à 246, Hachette, 1978.

[33Cf. Michel Taubmann, L’affaire Guingouin, éditions Lucien Souny, 1994.
Voir également l’exposé d’Elsa Ebenstein, ci-avant, sur la gestion municipale de Georges Guingouin.

[34Op.cit. Chemin de Résistances, page 16

[35En 2004, à l’occasion du 60e anniversaire de la publication du programme du Conseil national de la Résistance, une douzaine de grandes figures de la Résistance*, de toutes obédiences, du gaullisme au communisme, ont lancé cet appel. En dépit de la notoriété et de l’autorité morale des signataires, il n’a pas été repris par les médias dominants.
http://carnetsdenuit.typepad.com/carnets_de_nuit/2006/04/crer_cest_rsist.html
* Lucie Aubrac, Raymond Aubrac, Henri Bartoli, Daniel Cordier, Philippe Dechartre, Georges Guingouin, Stéphane Hessel, Maurice Kriegel-Valrimont, Lise London, Georges Séguy, Germaine Tillion, Jean-Pierre Vernant, Maurice Voutey.

[36Florence Aubenas et Miguel Benasayag, Résister c’est créer, La Découverte, 2002.

[37Chemin de Résistances, op.cit. Page 26.

[38Op.cit., page 30.

[39Antonio Gramsci, Guerre de mouvement et guerre de position, textes choisis et présentés par Razmig Keucheyan, La fabrique éditions 2011.
-La Lettre du cercle Antonio Gramsci n°164 janvier/février 2013 compte-rendu de la soirée « Actualité de la pensée de Gramsci » avec R Keucheyan. http://www.cerclegramsci.org/archives/gramsci.htm