L’inconvénient fondamental, du point de vue juridique, inhérent à la méthodologie de Pré-crime ne vous a probablement pas échappé. Nous arrêtons des individus qui n’ont nullement enfreint la loi.
Mais qui s’y apprêtent, affirma Witwer avec conviction.
Justement, non, par bonheur... puisque nous les arrêtons avant qu’ils puissent commettre un quelconque acte de violence. Donc, l’acte criminel proprement dit ne relève strictement que de métaphysique. C’est nous qui proclamons ces gens coupables. Eux se prétendent éternellement innocents. Et, en un sens, ils sont innocents.
Philip K. Dick, Minority Report et autres récits

« Comment raconter aujourd’hui l’affaire de Tarnac, qui après dix années d’enquête, n’est généralement résumée par les journalistes que par ces deux mots, « fiasco judiciaire » ?
Que dit-elle de notre époque, et en quoi peut-elle devenir un symbole de notre société moderne ? A l’époque des premières arrestations à Tarnac, je venais de finir une formation universitaire en droit pénal et sciences criminelles, et j’avais alors la sensation étrange d’avoir accumulé une quantité infinie de connaissances juridiques – lois, articles de codes, décrets, jurisprudence, mais d’être en même temps passée à côté de l’essentiel de la discipline. Pourquoi avons-nous besoin de toutes ces règles pour vivre en société ? Comment naissent réellement les normes de droit ? Peuvent-elles être interprétées de différentes manières selon les circonstances ? Faut-il s’opposer à la loi injuste ? A la loi immorale ? Dans les premières années de formation, les cours de philosophie du droit, ou encore d’éthique du droit, sont presque toujours totalement absents.
L’affaire de Tarnac m’a vite semblé être une belle démonstration de toutes les difficultés qui existent en réalité dans l’exercice de la justice. [...] »