Se Connecter

Inscription

Plateau de Millevaches : les macronistes appellent à la violence

|

Des provocations à la violence publiées sur Facebook par Jouany Chatoux et Jean-Baptiste Moreau ont débouché sur le passage à l’acte de petits groupes qui s’en prennent de nuit à des des cibles qu’ils jugent « bobos », « écolos », « pd », etc.

Depuis l’affaire du défléchage de l’En’duo, le 5 novembre 2022, de petits groupes d’hommes circulent la nuit sur le plateau de Millevaches et s’en prennent à des endroits supposés abriter l’épouvantail de l’"ultragauche", cibles désignées par les deux macronistes.

Sur sa page Facebook, Jouany Chatoux, habitant de Pigerolles macroniste de la première heure qui accueille régulièrement des ministres, écrit le 6 novembre : « attaquer vous (sic) à leurs symboles : (...) la ZAD du Chammet ». Le même jour son ami Jean-Baptiste Moreau (ex-député macroniste aujourd’hui lobbyiste) annonce que « cela finira » par « un drame ». Façon de légitimer à l’avance les attaques listées ci-dessous (et il en manque certainement). Jean-Baptiste Moreau précise : « Il faut détruire leurs habitations si elles ont été construites illégalement, les virer s’ils squattent. » Les deux annoncent : « La peur doit changer de camp. »

Dans les jours qui suivent :

  • samedi 19 novembre : tags sur la route d’un village de Gentioux : "PD LGBT IEL Ecolo Fachistes Z202 RSA DE MERDE"
  • un vendredi soir de décembre, de nuit : trois hommes ivres déboulent devant un squat, crient, insultent, tapent sur les portes, essayent d’entrer
  • en décembre, une voiture est volée à Faux-la-Montagne et brûlée, elle est retrouvée à Bujaleuf
  • vendredi 6 janvier 2023 dans un village de Gentioux, des panneaux de circulation sont arrachés et des objets sont dégradés
  • samedi 7 janvier : le sauna installé au lac de Faux-la-Montagne est attaqué à la hache
  • un vendredi soir de janvier : au squatt de La Villedieu, deux hommes ivres arrivent de nuit, crient, et essayent d’entrer
  • vendredi 3 février à Faux-la-Montagne, les vitres d’une maison habitée sont explosées.

Il y a un enchaînement entre les incitations à la haine sur Facebook et les actes. Ceux qui provoquent à la violence sur Facebook sont complices de ceux qui l’exercent dans la nuit.

Le 31 décembre, Chatoux (*) publie une photo de maison dans les bois qu’il présente comme une maison illégale de l’ultragauche. Matthieu C. commente « Ça va te faire du bois pour chauffer cet hiver ! Barbeuc hivernal... », Céline W. met « Va vraiment falloir se fâcher »... Ras Ganj : « Un bon coup de godet ». Pierre-François L. : « A l’ancienne faut faire justice soit même !! ». Bertrand Bertrand : image de tractopelle détruisant un bâtiment. Denis F. : « Fous moi ça dehors avec perte et fracas !! ». Jean-Christophe B. : « si c est une zone de non droit hesite pas à recuperer le bois pour te chauffer et recuperer le tracteur puisque tu es chez toi .. ;😎😎 ». Jean-Christophe B. : « ha oui et la caravane tu brules. ». Jordy B. : « Oups le tracteur il était incontrôlable ». Sébastien B. : « Un coup de briquet ». Jean Marc C. : « Sort le jcb jouany et cylindre ». F. Anthony : « Le tracteur c’est la solution ».

Les propos incendiaires se doublent d’une pensée paranoïaque et grossière. Le vendredi 9 décembre, Jouany Chatoux, réagissant à l’occupation d’une maison vacante par deux jeunes gens, « invite tout les propriétaires de maisons secondaires et de biens loués ou à vendre sur le Plateau de Millevaches à (...) se préparer au pire pour réagir rapidement si nécessaire. » En commentaires voici Guigui M. : « Un 12, plus ou moins bien précis...... Faut ratisser large ». Jamh C. : « le napalm a bien fonctionné au Vietnam ». Louis G. poste la photo d’une cartouche dans un fusil : « La seule réponse………………….. celle qu’il comprennent !!!! ». Lu Reinseb : « coup de 12 et dehors ».

Ces posts explicites d’appel au meurte restent sans souci sur la page de Jouany Chatoux depuis des semaines.

Plusieurs journalistes, comme Franck Petit (France 3) et Alix Vermande (Le Figaro et AFP), mais aussi La Montagne, relayent avec entrain la campagne contre l’épouvantail d’ultragauche. Pas un mot de ces reporters sur les appels à la violence, accessibles à tous sur internet et qui sont suivis d’effets. Le danger, dans les têtes des journalistes, c’est l’ultragauche. Il y aurait pu « y avoir des morts » lors de l’Enduo. Principal argument repris encore fin février par Alix Vermande pour Le Figaro et l’AFP : avec le changement de sens des flèches, des coureurs de l’En’duo se sont retrouvés en hypothermie et auraient pu mourir.

L’accusation est évidemment ridicule. Mais elle permet de construire l’image d’une mouvance violente, utilisée aussi par le préfet de Corrèze dans son arrêté de soutien à la coupe rase de feuillus à Tarnac. Elle masque la réalité : la libération virile des instincts, la tendance milicenne de quelques hommes, sans doute un peu fragiles, légitimés par les discours publics d’un ancien élu et d’un agriculteur proches de Macron.

(*) Publications accessibles à toute personne ayant un compte Facebook. Étant donné le nombre très important de comptes Facebook, ce sont des provocations publiques à la violence.