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7 mars à Limoges : blocages, grève et manif !

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Le 7 mars est clairement une journée qui restera : blocage de la fac, 5 points de blocage dès 7 heures tout autour de la ville, manif ambiancée de 40 000 personnes... Une belle journée qu’on a envie de reconduire ! Retour en texte et en images.

Rappel : appel à rejoindre et amplifier le blocage du site de Legrand La Valoine (rue Marcel-Deprez) et de la fac 24/24 7j/7 Nouvelle manifestation samedi 11 mars, 14 heures, carrefour Tourny.

Jour 48. Et si on s’installait ?

5h du mat. Ça pique les yeux. Attendre les copains et les copines pour partir au blocage. Préparer du thé chaud, parce que y’en a jamais. Se raconter quelques blagues matinales avec la voie éraillée. Et c’est parti pour la journée.

6h30. Arrivée au blocage. On est ni les premières, ni les premiers. Y’a du café. Déjà plein de drapeaux, des barnums, des fumigènes, parfois même une bagnole de flics qu’on se demande presque à la manière dont ielles sont garé·es s’ielles ne participent pas au blocage.

Ça discute, ça grignote, ça sort les thermos. Et les plus ancien.nes râlent fort. « De toute façon, je suis dans le rouge… Alors à prendre des jours de grève, je vais rien lâcher… Faut tout bloquer là les jeunes… ». Ça discute, ça grignote, ça sort les thermos. Et l’intersyndicale se recrée. « Non, mais là c’est bon, si même la CFDT pousse au blocage… Non, mais là c’est bon, je comprends même pas qu’on soit pas déjà dans la reconductible ! C’est maintenant…. »

8h15. Les voitures, les camions, les deux roues arrivent de plus en plus nombreux et le filtrage fait son effet. Les collègues zyeutent sur les applis modernes de leurs téléphones modernes les zones rouges de circulation. « Et, si on s’organise bien, la prochaine fois on pourrait même mettre tout en rouge autour de Limoges. » Les conducteurices sont solidaires. Certain·es descendent boire un café. « De toute façon, le patron il attendra… Bravo, pour ce que vous faites, parce que moi le froid le matin je peux pas… Non mais faudrait faire comme les gilets jaunes… La manif, oui oui je sais, j’y serai, et demain aussi… » C’est incroyable comme le blocage est populaire.

9h30. On a pris des nouvelles de partout. L’info circule bien plus vite que les voitures entre les sites de blocage. Les ancien·nes sourient fort à l’idée de la fac de Lettres à l’arrêt. On se tape dans les mains pour se réchauffer. On fait des passages de plus en plus long auprès des braseros. Mais les sourires sont là. « Le gouvernement débloque… Eh ben maintenant, le peuple bloque ! »

12h. Tout est bien en place carrefour Tourny. Et la foule arrive doucement. Dès le début, on sent qu’il va y avoir du monde. Et que la crise, elle est sociale et politique. Et que la foule est de plus en plus inventive, de plus en plus en colère.

14h. « Ah ben là, on est au moins autant voire plus que la fois où on était plein là… ». Le carrefour des luttes est bien trop petit pour contenir tout ce monde. Ça déborde de partout. Et chacun y va de son char, camion, tracteur, caddy, … Et les enfant·es s’amusent de l’inventivité sans arrêt renouvelée.

14h30. Ça part et ça s’élance dans les rues de Limoges. Ça marche, ça chante, ça crie, ça colle, ça graffe, ça libère les panneaux Decaux, ça court, ça s’arrête, ça décompte-les-années-avant-la-retraite, ça suggère-aux-édiles-locaux-de-payer-leurs-bières, ça discute, ça descente-d’escalade, ça transporte-des-vaches, ça s’amuse, ... D’aucuns auraient oublié la puissance inventive, collective et festive de ça … ? Donnez-nous des retraites de sénateurs, on saura parfaitement quoi en faire et comment s’organiser… En tout cas, Limoges apparaît de plus en plus belle après le passage joyeux de la foule manifestante. Limoges, où presque tout rappelle que si on revient demain, on clamera haut-et-fort que le 8 mars, c’est la journée de lutte pour les droits des femmes et que d’aucun·es feraient bien mieux de s’afférer à la diffusion libre et gratuite, pour toustes, d’un vaccin contre le masculinisme.