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Une bassine désarmée à Les Gours en Charente

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Le collectif J.A.D.O.T. revendique le désarmement de la bassine de Les Gours en Charente. Voici leur communiqué :

Bonjour, nous sommes le collectif des Jardinières Amatrices de Débâchage et d’Obstruction de Tuyaux.

L’autre soir nous avons découpé les deux bâches qui recouvraient la bassine de Les Gours en Charente.

Il y a un an et demi résonnait dans le cratère de la future bassine de Mauzé-sur-le-Mignon l’avertissement suivant : « une bassine de construite, trois de détruites ». Aujourd’hui on peu dire que le pari est tenu, pour 1 bassine de construite, 13 on trouvé leur bâches dégradées, lacérées, brûlées, à plein en cortège le jour, ou à moins en petit groupe la nuit.

Si ce mode d’action s’est vu adopté dans cette lutte c’est bel et bien car celle-ci ne se joue plus sur le terrain de la légalité mais sur celui du rapport de force. La question n’est plus de convaincre que la lutte est légitime, depuis Sainte-Soline au moins, plus personne à part les pro-bassines les plus désœuvrés ne pense sérieusement que les bassines seraient une solution à quoi que ce soit. La dangerosité de celles-ci est martelée par les collectifs en lutte depuis des années : l’heure n’est plus à démontrer pourquoi l’on devrait s’opposer à celles-ci, mais plutôt comment l’on devrait les attaquer. Des leçons ont été tirées des recours juridiques et des stratégies de lutte par des voies légales, pour qu’aujourd’hui le désarmement s’impose comme tactique de premier plan dans les luttes écologistes et plus précisément dans ce qu’il est depuis convenu d’appeler la guerre de l’eau.

Cet été de sécheresse a probablement fini de démontrer l’évidence de s’en prendre frontalement et matériellement à ce(ux) qui fait la guerre au vivant. Ce sont donc logiquement les golfs, les jacuzzis et évidement les bassines qui ont été pris pour cibles. L’automne n’a pas fait redescendre la tension, la démonstration de force à Sainte-Soline a marqué un tournant dans la lutte, pour la première fois des milliers de personnes on senti qu’une victoire était possible. Possible mais pas encore là. L’annonce de 30 nouveaux projets de mégabassines dans la Vienne quelques jours après, nous rappelle que le pouvoir ne flanchera pas si facilement. Il faut donc plus.

Les défenseurs des bassines ne doivent pas seulement redouter les grandes dates de mobilisations, mais en permanence appréhender la possibilité de se faire attaquer. Se lever chaque matin avec la peur que dans la nuit une ventouse ait été amputée à une tentacule de la pieuvre, que chaque patrouille de vigiles puissent trouver à n’importe quel moment du jour ou de la nuit des groupes en train de joyeusement « se baigner » dans l’une des petites protégées de la FNSEA.

À constater les sommes dépensées dans le gardiennage et la surveillance pour protéger les bassines, cette peur existe déjà. Et elle est plus que fondée. Ils savent que leur existence repose sur d’immense réseaux de canalisations et l’éparpillement de celles-ci. Ils savent que cela les rend attaquable. Qu’ils pourront en militariser quelques unes, mais que les protéger toutes est impossible.

Même Innovatec, l’entreprise en charge de leur sécurité n’est pas capable de protéger ses locaux. Même les assurances censées rembourser les dégâts ne veulent plus les assurer, laissant les irrigants avec leur pauvres bouts de bâches déchirées tremper dans ce qu’il reste d’eau. Les bassines vacillent, il nous faut remuer le cutter dans la bâche. Pour nous, ça prend quelques minutes, une poignée d’ami.e.s de confiance et 2-3 outils qu’on a dans le garage pour la rendre inutilisable, eux ça leur prend des mois et beaucoup d’argent pour espérer peut-être un jour pouvoir pomper à nouveau les nappes phréatiques.

Mais nous ne voulons pas garder juste pour nous ce petit éco-geste du quotidien, au contraire nous espérons pouvoir le partager avec un maximum de personnes, et ça tombe bien car pour cela il y a une date : le 25 mars.

Nous sommes nombreux.ses à espérer que cette date soit un de ces moments charnière dans une lutte, nous serons nombreux.ses à œuvrer pour que ce soit le cas, nous sommes déjà nombreux.ses à dormir avec le cutter et la meuleuse sans fil sous l’oreiller.

Bref, Les Gours c’était l’apéro, on se voit le 25 à Sainte-Soline et/ou Mauzé pour le plat de résistance !

A très bientôt,

Le Collectif J.A.D.O.T