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Ste-Soline : où est la violence ?

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Ce samedi 25 mars la manifestation contre les méga-bassines s’élance vers le projet de Ste Soline. 3 cortèges solidaires les uns des autres mais avec des tactiques différentes s’élancent pour 3h de marche. La foule est impressionnante, l’énergie débordante et la détermination sans faille. On est galvanisé-e-s par ce monde qui a complétement ignoré les interdictions, les pressions et les intimidations du pouvoir pour venir défendre la vie.

Arrivée à la bassine : pluie de gazs

Dès l’arrivée à la bassine le dispositif policier pour garder un trou semble complètement insensé. Les camions encerclent complètement la bassine à la queu-leu-leu, des grillages sont montés, on aperçoit au moins un tank, des canons à eau, les hélicos et des drones en continu. Un autre cortège qui arrive par un autre chemin en même temps que nous se fait directement attaquer par les flics en quad, qui reculent face à la détermination des personnes, mais lancent des grenades à la chaine.

Notre cortège, qui assume une position sans affrontements direct est constitué de personnes moins bien protégées et moins prête à partir au conflit physique. Il n’y a pas d’un côté des personnes « radicales » ou « ultra » et de l’autre des « modérées » comme le dit Darmanin mais juste des capacités et des envies différentes. Notre but reste pourtant le même : désarmer les méga-bassines et défendre la vie.

Notre cortège part sur un des côtés de la bassine et s’étend tranquillement face au dispositif militaire. Des longues chaines humaines se forment et avancent tranquillement. Des bouées sont brandies pour se baigner dans la bassine et une magnifique structure en bois d’outarde est portée par des dizaines de personnes qui se relaient. Les gazs lacrymogènes pleuvent mais à chaque recul les avancées sont plus importantes. Des équipes se forment spontanément pour éteindre les palets de lacrymo en les enfouissant sous les mottes de blé. Beaucoup de personnes de tout âge ont pris le matériel minimum pour pouvoir juste respirer dans les nuages de gaz : lunettes et masques sont de mise pour tout le monde ! En plus le vent est de notre côté et les gazs repartent vers la police. Une force incroyable nous pousse.

Au fur et à mesure pourtant notre cortège diminue, l’attraction des affrontements qui tournent en continu sur tous les médias ? La peur face aux grenades qu’on entend en continu ? La démotivation face à ce mur militaire qui semble imprenable ? Des centaines de personnes restent pourtant déterminées à avancer et finissent par se retrouver à un mètre du dispositif policier, l’outarde rose en tête. Les flics ne supportent pas notre présence et, comme on pouvait s’y attendre, en plus des lacrymos (déjà dangereux pour la santé) ils commencent à lancer en continu des grenades assourdissantes et de désencerclement. Ils lancent même une grenade au milieu de l’outarde - alors que les personnes portent une charge lourde et ne risquent pas de leur lancer quoi que ce soit - blessant aux jambes au moins une personne. Les explosions sont telles que tout le monde recule. Les avancées sont moins assurées par la suite, on connait la dangerosité des armes de guerre qui sont utilisées contre nous, quoi qu’on fasse.

Elle est où est la violence ?

Car oui, notre cortège non-violent a été arrosé de grenades potentiellement meurtrières ou mutilantes pour simple punition d’être là. Nous ne nous faisions pas d’idées là dessus, la répression s’abat de manière implaccable sur tout le monde. Le discours médiatique qui se focalise sur les affrontements efface cette réalité : la police est prête à mutiler et à tuer - pas seulement pour 3 cailloux lancés - mais aussi et surtout pour punir notre présence. Lorsque les médias mainstream montre la vidéo d’un gendarme qui fait semblant d’avoir peur dans son camion qui reçoit une pluie de pierre ils diffusent la communication de la préfecture pour justifier le déchainement de violence. Ils ne disent jamais que la violence de la police n’a rien à voir avec notre attitude, plus ou moins offensive. Pendant ce temps, Darmanin se vante d’avoir fait lancer 4000 grenades sur nous, soit au moins une grenade toutes les 2 secondes sans compter les tirs de LBD. Pendant ce temps ils laissent mourir des personnes en leur refusant les secours. Pendant ce temps ils privatisent l’accès à l’eau - ressource indispensable à la vie.

Les personnes qui se sont préparées pour se défendre, tenter de forcer les barrages de police et atteindre l’objectif de la bassine sont présentées comme des personnes violentes. Mais que sont même une pluie de cailloux, des feux d’artifice et quelques cocktails moltov face à des armes de guerre, des armures intégrales, ignifugées, et une organisation militaire ? De quelle violence peut-on parler ? On connait les blessures de la police dans ce genre de situation : souvent à cause de leur propres armes et souvent minimes mais montées en épingle.

Face à la déferlante de violence policière tout ce que nous avons ce sont notre rage, notre détermination et notre nombre. Ce qui n’est pas rien. Ce qui nous a permis de mettre partiellement en échec un dispositif de guerre. Mais qui nous a valu de nombreu-se-x blessé-e-s (psychiquement et physiquement) sinon plus. La question qui reste est : quelle stratégie pour diminuer nos risques et augmenter notre puissance ? Nous ne pouvons pas nous permettre d’avoir des ami-e-s mutilé-e-s ou tué-e-s à chaque manifestation mais nous ne pouvons pas non plus laisser l’Etat étendre son pouvoir totalitaire et répressif.

Des manifs pour les retraites (et le reste) aux luttes pour l’eau, dans les rues comme dans les champs soyons nombreu-ses-x et déterminé-e-s. Ne laissons pas l’Etat totalitaire finir de s’installer. Comme le disent des camarades de S., dont le pronostic vital est encore engagé suite aux violences policières,

Mardi 28 mars et les jours suivants, renforçons les grèves et les blocages, prenons les rues, pour S. et tous les blessés et les enfermés de nos mouvements.