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L’information libre à l’heure des réseaux sociaux

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Une partie d’un texte sur la place des réseaux sociaux dans nos luttes et nos manières de diffuser de l’information est retranscrite ici :

Aujourd’hui les réseaux sociaux apparaissent comme une évidence pour beaucoup de militant·es. Une occupation, hop, un compte Twitter. Un événement, bim, une page Facebook. Toutes les villes ou presque ont désormais leur page Facebook « trop véner », « insurgée », « dans la rue »… Aujourd’hui, c’est monter un site (surtout participatif) qui paraît un peu décalé. Comme s’imposer un temps de retard, refuser les outils fignolés par de gentils capitalistes bonnes poires. Ne pas aller là où il faudrait pour « massifier », être vu, lu, entendu. Bref, être un peu couillon·ne.

Les réseaux dits « sociaux » posent pourtant un paquet de soucis quand on y réfléchit deux secondes. Ce qui est loin d’être évident. Et nombre de camarades, pourtant radicaux, répètent à la moindre critique qu’il n’y a de toute façon pas d’alternative à Twitter et Facebook. Le thatchérisme appliqué à l’information anti-autoritaire. Le pire, c’est qu’ils et elles n’ont pas tout à fait tort.

Un dispositif pensé pour nous y faire passer un maximum de temps en ayant l’impression d’en gagner. Un dispositif technique mis en place pour qu’on n’ait pas besoin d’apprendre de technique. Un dispositif qui regroupe tout ce qui est publiable pour qu’on ait plus besoin d’aller publier ou voir ailleurs. Twitter et Facebook sont d’abord des appareils de capture. Et on est beaucoup, comme moi, à en être captif·ves.

Ce qu’ils capturent, c’est notre autonomie collective. Notre capacité à créer par nous-mêmes nos outils. Nos utopies, ou comment on imagine des relations, ici et maintenant. Notre cohérence, qui nous fait sentir bien dans ce qu’on fait et dans ce qu’on croit, sans alimenter de gigantesques bases de données en ignorant à quoi ça peut servir, même si apparemment beaucoup de gens sérieux prennent ça très au sérieux [2]. Nos centres d’intérêt : il suffit de parcourir les rayons d’une librairie libertaire pour saisir la pauvreté des sujets ou des manières de les traiter qui font du like sur les réseaux sociaux. Nos idées, qui ne se résument ni à un hashtag ni à un slogan placardé sur une image. In fine, notre envie réelle de mettre à bas ce monde.

Il est possible d’imaginer utiliser les réseaux sociaux avec parcimonie. Comme on tracterait devant un supermarché pour capter des gens qui ne viennent pas dans notre squat d’activités ou notre bourse du travail. Il serait par contre terrible de monter un infokiosque dans un Carrefour, entre la (fausse) poissonnerie et la boucherie. C’est pourtant exactement en ça que consiste l’usage exclusif des réseaux sociaux pour s’exprimer et diffuser des infos.

C’est se conformer aux règles d’utilisation, aux horaires d’ouverture et de fermeture. C’est accepter l’horrible musique d’ambiance, l’exploitation aux caisses, les vigiles à l’entrée et la vidéosurveillance partout. Le sens de circulation comme l’organisation des rayons. Surtout c’est accepter la logique même du lieu et la renforcer. On ne monte pas un infokiosque dans un supermarché, de la même manière qu’on ne base pas une structure de communication anti-autoritaire chez une entreprise de la Silicon Valley.

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