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Affaire Benalla

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Violence parallèle et violence officielle : deux visages de la violence d’Etat.

Au fait, qu’est-ce qui pose problème ?
Que M. Benalla ait tabassé un manifestant à terre, malmené une femme ou que, n’étant pas flic, il n’avait pas à intervenir en soutien aux CRS ? Il y a bien deux niveaux de bavure : l’acte de violence délibérée de la part d’un agent de l’Etat au plus haut niveau et le fait que cet acte soit commis par un agent non missionné pour intervenir. Les médias et hommes politiques, de droite en particulier, hurleraient-ils au loup si M. Benalla avait commis la même bavure sous l’uniforme de CRS ?

Cela étant, dans les deux cas, à gauche comme à droite, nos responsables politiques semblent découvrir que l’exercice du pouvoir de l’Etat s’accompagne depuis toujours de ces deux formes de violence. D’un côté, la vitrine officielle, de l’autre celle, officieuse, qui est chargée de faire le sale boulot qui ne peut être confié aux forces de l’ordre de la République !

Ces polices parallèles, ces obscures officines où grouillent mercenaires et barbouzes de tout poil ont toujours été présentes dans l’ombre de l’Elysée et de Matignon. En bon « chiens de garde », au coup de sifflet, des hommes ont commis les pires crimes au nom de l’intérêt supérieur de la Nation ! Telle la partie cachée de l’iceberg, on ne connaît certainement qu’une infime partie des assassinats politiques, des scandales politico-mafieux commis dans cette Ve République née d’un coup d’Etat en 1958.

Toutes ces violences, de la bavure policière à l’assassinat politique, ne sont que l’ADN du pouvoir ! Le pouvoir est violence permanente !

Petit tour d’horizon :

  • Le pouvoir gaulliste a été impliqué dans la « disparition » en octobre 1965 en France du leader Medhi Ben Barka, opposant socialiste au roi Hassan II ; ce pouvoir a su utiliser les services du politico-mafieux Charles Pasqua, de son Service d’action civique (SAC) pour alimenter les caisses du parti gaulliste grâce à des attaques de banque ;
  • Le pouvoir pompidolien a été mêlé en octobre 1968 à l’assassinat de Stefan Markovic, voyou notoire, militant d’extrême droite et organisateur de « parties fines » pour hommes politiques et administrateurs de l’Etat ;
  • Que dire de la complicité giscardienne avec le dictateur et psychopathe Bokassa (voir « l’affaire des diamants » en octobre 1979), sans oublier la mort plus que suspecte de son ministre Robert Boulin le même mois ;
  • Le grand leader socialiste Mitterrand n’a rien eu à envier à ses prédécesseurs avec la mort d’un homme lors du coulage, en juillet 1985, du navire de l’organisation écologique Green Peace, le Rainbow Warrior ;
  • « L’intouchable » Jacques Chirac pourrait ouvrir un magasin pour y vendre toutes les casseroles qu’il traîne depuis des décennies en toute impunité ;
  • Idem pour Nicolas Sarkozy et François Hollande, auteurs de dizaines de scandales politico-financiers, couvrant de multiples bavures policières, coupables de complicité active avec les dictateurs du Moyen-Orient.

Dans toutes ces affaires, des hommes de l’ombre ont œuvré sous la responsabilité directe des chefs d’Etat et de leurs officines gouvernementales : de l’intimidation aux menaces en passant par la corruption, le chantage ou l’assassinat, la panoplie des « actions officieuses » est très large... C’est donc être bien naïf, bien hypocrite, que de s’apercevoir tout à coup que des actes sont commis par des hommes de main, hors de « tout contrôle démocratique » ! Et il faut être également bien naïf, surtout bien hypocrite, pour s’insurger contre des violences policières alors que celles-ci sont bien admises quand elles sont commises par les officielles forces de l’ordre de l’Etat démocratique et républicain ! Réprimer, bastonner oui, mais sous contrôle démocratique... S’alarmer aujourd’hui du comportement du barbouze Benalla relève donc de l’hypocrisie absolue. En dix ans ans, il y aura eu 47 décès liés aux violences policières et aucun flic ou gendarme n’est en prison ! Cherchez l’erreur. Ceux qui s’insurgent aujourd’hui à l’Assemblée auront, quand ils seront au pouvoir demain, les mêmes « gardes prétoriennes » à leur service... Comme Bob Denard, le barbouze français au service de plusieurs gouvernements, du Général de Gaulle à François Mitterrand, et impliqué dans la plupart des coups d’Etat en Afrique, ainsi que dans le génocide au Rwanda !

Pendant que les pleureuses du Parlement s’agitent, au dessus de l’écran de fumée Benalla, le banquier Macron, patron de l’entreprise France, prépare la rentrée politique. Dans le cartable, et après la « casse du rail », les plans de réformes de la sécu, des retraites, de l’assurance chômage, la révision constitutionnelle, etc.

Bonnes vacances

Michel D.



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