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Acte IV à Limoges : climat, rail et gilets jaunes

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Belle journée de manifestations samedi 9 décembre, la ville investie toute la journée entre la manifestation contre le changement climatique, celle des usagers du rail avec occupation pendant plusieurs heures des voies et une joyeuse manif sauvage dans les rues de Limoges.

De nombreuses personnes dès 11 heures, devant la mairie de Limoges, pour la manif pour le climat.
Nouveauté, la police municipale est en tenue anti-émeute, avec un équipement complet : casque ; protections : tibias, épaules ; bouclier ; arme de poing : révolver 38 et pistolet « Manurhin » ; tonfa, matraque télescopique, bombe aérosol (lacrymogène). De plus, les sacs sont fouillés par endroit, à la recherche de « carburant et d’artifices de divertissement ainsi que des alcools non consommables et tous produits inflammables ou chimiques ». [1]

Plus de mille personnes quand la manifestation part. Beaucoup de slogans font le lien entre la lutte contre le changement climatique et le social. « C’est la société qu’il faut changer, pas le climat », trajet très court, ambiance bon enfant malgré la police nationale cagoulée [2] présente tout le long du cortège. Comme la municipale, elle est en équipement complet anti-émeute.
Arrivée rapide place Jourdan avec une sensation de frustration pour beaucoup d’en rester là. Heureusement un appel à rejoindre un rassemblement des usagers du rails est annoncée par tracts pour 12 h 30.

Beaucoup de manifestants s’y rendent par petits groupes.

Arrivée devant la gare, impossible d’y pénétrer, derrière une ribambelle de voitures de police, un cordon de flics surarmés bloquent l’entrée.
En bas les usagers venus en action collective de train gratuit d’Eymoutiers pour manifester pour la sauvegarde de la ligne Limoges-Ussel (voir Le Populaire : https://www.lepopulaire.fr/limoges/transport/sncf/2018/06/15/une-petition-pour-la-ligne-de-train-limoges-ussel_12887213.html) sont bloqués sur le quai, fouillés, deux d’entre eux menottés pour possession des canifs dans leur sac en vue du pique-nique.
Du monde se regroupe devant la gare, puis descend par la gare routière sur les quais pour soutenir les camarades qui sont nassés par les flics. Finalement, au bout de trois-quarts d’heure tout le monde est relâché.
Tout ce petit monde, usagers venus de Creuse et de Corrèze, manifestants climat décident d’occuper les voies dans le calme pendant plusieurs heures, autour d’un feu de palette improvisé sur un quai. Après négociation avec la SNCF, il est décidé de laisser deux voies de libre pour laisser arriver en gare les trains bloqués en pleine voie. En somme une grande première : un barrage filtrant de train ! D’après la CGT-Cheminots, région de Limoges, « 12 TER sont impactés et remplacés par des bus ou des taxis. 3 intercités Paris-Toulouse sont bloqués respectivement à La Souterraine, à Brive et à Limoges mais devraient reprendre leur trajet une fois la perturbation terminée ».
Des gilets jaunes nous rejoignent, certains ponctuellement en motos devant la gare, d’autres descendent sur le quai. Gare/intérieur/fin occupation
Quelques tags apparaissent autour de la gare : « Macron démission », « Gilets jaunes, colère noire ». Une assemblée improvisée décide alors de lever le camp pour se diriger vers le centre-ville et regrouper les gilets jaunes qui y traînent.

La ville est à nous !

Environ deux cent personnes s’y dirigent, quelques groupes isolés font la jonction, les manifestants tentent à plusieurs reprises de pénétrer dans l’hyper-centre. Chaque fois la police fait barrage, on arrive quand même à trouver quelques brèches, on est enfin dans le centre, on traverse le marché de Noël, les flic affolés courent tout autour de nous, on tourne au rythme des barrages de polices à éviter, c’est la joie de reprendre la ville. Quelques tags continuent de fleurir dans la ville. Des slogans, bien sûr le plus populaire et applaudi par les passants « Macron démission », mais aussi "Limoges debout, soulève-toi". Arrêt place Denis-Dussoubs. Que fait-on ? Hésitations, puis, pour éviter d’être bloqués sur la place, on se dirige place d’Aine pour pénétrer à nouveau dans le centre. De guerre lasse les flics nous précèdent plus ou moins à reculons. Dans les rues commerçantes les magasins baissent le rideau à notre passage mais les passant·e·s semblent soutenir pour la plupart. La police municipale nous bloquent l’accès au Marché de Noël qui a envahit tout l’hyper-centre ! Avec détermination et bousculades, notamment grâce à notre supériorité numérique, nous réussissons à rentrer dans la zone interdite ! Les halles pendant la manif libre
On arrive devant la préfecture, le capitaine de police des CRS nous annonce que si nous approchons plus il emploiera la force... Devant les grilles anti-émeutes et la horde de flics sur-armés on hésite à nouveau. Il est envisagé d’aller bloquer les Casseaux, mais devant les barrages de police on prend la rue Garibaldi direction place Carnot. Arrêt devant le centre commercial Saint-Martial, barricadé par des flics en tenue anti-émeute, on crie « Anticapitalistes », « Police, à genoux, les mains sur la tête » en référence aux lycéens humiliés de Mantes-la-Jolie. Place Carnot nouvelle hésitation, on a perdu du monde. Certains veulent rejoindre le rassemblement des gilets jaunes à FR3. L’arrivée en force de nombreuses voitures de police nous fait vite partir à nouveau vers la gare où nous reprenons notre souffle. Beaucoup s’arrêtent là. Carnot pendant la manif libre
Cependant un petit groupe de gilets jaunes décide de repartir, une trentaine de personnes. Il s’arrête place Jourdan, en occupe le carrefour. Des voitures de police arrivent en trombe, des dizaine de casquée en descendent, et prennent position en formation. Très vite ils chargent violemment, matraquent et gazent. Tout le monde se disperse.

MPEG4 - 12.9 Mo

Dernière image assez surréaliste. Un cordon impressionnant barre le boulevard de Fleurus et... bloque le petit train touristique qui attend derrière pendant que les touristes patientent devant l’office de tourisme, un peu affolés.

La journée de manifestation aura duré plus de sept heures avec un blocage et une manifestation sauvage et libre. Une grosse partie des gilets jaunes prenait part à l’opération escargot dans tout le département ce qui a diminué notre nombre mais pas notre motivation et ce malgré la pression policière constante. La semaine prochaine acte V !

Il y a une personne arrêtée et en garde-à-vue. Nous attendons toujours de ses nouvelles !



Notes

[2Habituellement, la cagoule est portée par les forces spéciales (GIGN, GIPN) ou dans des contextes antiterroristes. Mais en 2017, la Direction nationale de la Police Nationale a acheté 80 000 cagoules pour équiper les forces de l’ordre. Sous un prétexte fallacieux de sécurité, les policiers ont eu le droit "à titre exceptionnel de porter la cagoule. A notre avis, c’est surtout un bon moyen d’échapper aux photographies et caméras des manifestants et journalistes... notamment lorsqu’ils blessent, mutilent ou tuent.

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