Toulouse, hiver 2014

« Il y a des centaines de gens à la rue, mais surtout, comme vous, des familles. C’est l’hiver, il fait froid vous avez le droit d’être à l’abri. Ce n’est pas normal qu’à ce jour des femmes, des hommes et des enfants dorment dehors, ça c’est complètement illégal. »
C’est sur ces paroles que commence le film².

Ensuite, la caméra d’Olivier Cousin nous entraîne dans les locaux du 115 Haute-Garonne, numéro de téléphone pour les personnes sans abri.
Là, nous entendons, provenant d’un entretien téléphonique, les mêmes phrases connues par des personnes concernées, directement ou indirectement, à savoir : « pour dormir ou pour manger Monsieur… non pour dormir [...] il est fermé là, il a été ouvert cinq jours pour le plan grand froid, mais la préfecture a décidé de le fermer [...] non pas ce soir, y’a pas de solution ce soir, on a fait la demande à la préfecture, mais il n’y a pas de place pour ce soir – si ce soir vous n’arrivez pas à trouver quelqu’un pour vous aider, vous nous rappelez et on demandera à un camion de la Croix rouge de venir vous voir, pour qu’ils vous donnent un petit peu à manger, de la soupe peut-être, des couvertures d’accord ? »
Puis, lors d’un plan dans le box d’une des salariés, nous apercevons une femme qui exprime sa détresse, son découragement. La salariée lui explique qu’il n’y a pas de place pour l’héberger… la femme craque, pleure, elle est désespérée. La salariée tente de la réconforter : « je vous lâche pas, on va essayer, je vais aller jusqu’au bout… » Elle va lui chercher une couverture car la femme tremble de froid et lui donne un verre d’eau.

En à peine 4 minutes, le décor est planté. Des personnes sans abri qui dorment dehors et des salariés qui tentent de faire face à leur détresse, mais avec très peu de moyens.
Une salariée explique qu’ils (les salariés du 115) se sont mis en grève pour obtenir des places supplémentaires d’hébergement d’urgence. Ils ne peuvent plus travailler dans ces conditions où ils s’entendent répondre trop souvent : ce soir il n’y aura pas de place, ou vous pouvez aller… pour une nuit (95 % des appels aboutissent à des refus qui conduisent la plupart des demandeurs à camper dans la ville).
Ça fait des années que ça dure, alors ça devient insupportable, ils s’organisent en collectif : le GPS (Groupement Pour la défense du travail Social). Avec l’aide de nombreux bénévoles et de militants, ils se mobiliseront pour apporter des solutions concrètes aux laissés pour compte, mettant en place des solutions alternatives d’hébergement, puis interpellant l’État pour les faire reconnaître.

De cette campagne, initiée par le GPS, le collectif SDF 31 et le DAL Toulouse, naîtra le Collectif d’entraide et d’innovation sociale (CEDIS)³.
Ces « réquisitions solidaires » permettront à des centaines de personnes de se mettre à l’abri le temps d’obtenir un hébergement ou un logement.
Lors du tournage, le collectif aide et héberge clandestinement trente familles dont une quarantaine d’enfants. Ils sont installés dans un immense bâtiment public vide, quai Saint-Pierre.
Familles et militants ont emménagé en septembre 2013 dans ce bâtiment appartenant à Toulouse Métropole.
Si le collectif est assigné par l’État propriétaire du bâtiment et obligé de se rendre au tribunal, il a prévu une ligne de défense claire : placer l’État face à sa propre inaction et à son incapacité à appliquer le droit au logement pour tous, pourtant inscrit dans les lois de la République.
Cet hébergement sauvage, cette « réquisition », a un temps été tolérée par les pouvoirs publics. Mais en juillet 2014, le couperet tombe, ils doivent quitter le bâtiment...
La suite, vous la découvrirez lors de la projection de vendredi 8 mars.

1. www.asso-dml.fr
2. www.cedis31.org/cedis/un-toit-sur-l...
3. www.cedis31.org