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Les Gilets jaunes perturbent la sauterie des actionnaires du Crédit agricole au Grand Théâtre

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Une trentaine de Gilets jaunes ont réussi à envahir le hall du Grand Théâtre de Limoges avant que la police intervienne. Une petite sauterie d’actionnaires du Crédit agricole s’y tenait.

Rendez-vous était donné à 18 h 30 pour une action « justice fiscale » devant la mairie de Limoges. Entre trente et quarante personnes, gilets jaunes dans la poche, s’y retrouvent. L’idée est de perturber un congrès d’actionnaires du Crédit agricole qui a loué discrètement le Grand Théâtre de Limoges à cette occasion et où le très libéral et réactionnaire Pascal Perri devait notamment y prendre la parole. La culture privatisée au bénéfice des banques. La cible de l’action étant secrète, on se disperse par petits groupes dans le centre-ville, suivis tant bien que mal par plusieurs voitures de police qui ne savent plus par où passer. On se regroupe devant la préfecture où une voiture de police prend position. Quand tout le monde est là, au signe, on se précipite vers le théâtre et pénètre dans le hall malgré l’opposition de quelque maigre vigile. On sort les gilets jaunes au cri de « justice sociale, justice fiscale ». La police arrive trop tard, complètement surprise.
Devant un barrage plus conséquent de vigiles et employés zélés du théâtre, on stationne dans le hall faisant résonner slogans, casserole et cris jusque dans la salle. « On veut des ours pas de bourse, les banquiers sur la banquise ». Un camarade explique le sens de l’action au mégaphone. Rappelons que les cinq plus grandes banques – BNP Paribas, Banque populaire, Caisse d’épargne, Crédit agricole, Crédit mutuel-CIC et Société générale – ont déclaré 5,5 milliards d’euros de bénéfices dans les paradis fiscaux en 2015, et qu’il y a un suicide de paysan tous les deux jours en France, la plupart du temps pour endettement, notamment au Crédit agricole. Gilets jaunes...
Au bout d’un temps, à l’appel on l’imagine de la direction du théâtre, un premier rang de police prend position à l’intérieur devant nous. On redouble de slogans : « Anti, anticapitaliste ! », « Police partout, justice fiscale nulle part ». Un responsable du théâtre, copain comme cochon avec la police, à qui on demande des explications pour cette privatisation du théâtre public, dit qu’il n’y voit rien de mal, ce n’est que du mécénat. Nous on dirait plutôt de l’optimisation fiscale avant évasion vers le Luxembourg et autres paradis fiscaux. Au bout d’une petite heure un deuxième rang de flic renforce l’autre et ordre nous est donné d’évacuer. On fait comme si on avait rien entendu en demandant des explications, on nous dit que c’est une soirée privée, nous on dit que c’est un lieu public. Les flics nous poussent alors dehors assez fermement, gazeuse à la main prête à servir. Petite remarque, à part sur une flic, aucun matricule n’est visible sur leur uniforme et, comme d’habitude, l’un d’eux, toujours le même j’imagine, frise le ridicule en jouant les héros de série policière avec sa cagoule. Il doit trop regarder la télé et les émeutes à Paris, peut-être avec envie. On se retrouve sur le trottoir où on continue notre barouf en interpelant aussi les passants et automobilistes, pendant que, derrière les vitres du premier étage, les loufiats servent la soupe aux actionnaires.
Au bout d’un temps, après un joyeux « Gilets jaunes, colère noire, on voit rouge », on repart en groupe déambulant encore pour le plaisir un petit moment dans les rues de Limoges, heureux de la réussite de notre action surprise.

Rendez-vous samedi 23 à 14 h 30 au parking des Casseaux pour une autre action.

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Gilets jaunes...
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... face aux gilets bleus défendant la privatisation de la culture.


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