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Pôle joyeusement offensif à l’intérieur du cortège du 1er-Mai à Limoges

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Au défilé du 1er-Mai à Limoges, des centaines de personnes avec les Gilets jaunes et les migrants squatteurs du CRDP redonnent sens à cette manifestation devenue au fil des années plus un enterrement social qu’autre chose.

Contraste saisissant entre l’ensemble du défilé traditionnellement plan-plan et les centaines de personnes accompagnant les Gilets jaunes et les migrants occupant encore le CRDP [1]. Dès le départ, les Gilets jaunes, suivis par le collectif Chabatz d’entrar, s’engouffrent dans le cortège syndical au grand dam de la CGT qui ne voulaient pas les voir en début de cortège. A tel point que certains militants syndicaux essayaient de convaincre les manifestants de dépasser les cortèges jaunes et Chabatz par les trottoirs pour rejoindre la tête où se trouvait la sono CGT. En vain, de nombreux militants syndicaux préférant rester dans ces cortèges joyeux et vivants. Car ces deux cortèges ont montré un grand dynamisme autant par les slogans, la joie d’être là, nombreux, s’entremêlant parfois, beaucoup passant de l’un à l’autre, au gré des envies du moment, des slogans, souvent repris par les deux cortèges. Du traditionnel « Gilets jaunes, quel est votre métier ? Ahou, ahou, ahou ! » [2] au « Police partout, justice complice », dans l’un, au « A l’école le jour, dans la rue la nuit », dénonçant les enfants dormant dans la rue avec leur famille, « Liberté de circulation, à bas les centres de rétention », « De l’air, de l’air, ouvrons les frontières », dans l’autre. Les deux reprenant unanimement le désormais populaire « Tout le monde déteste les expulsions ». Un Caddie-cantine décoré par les enfants du squat accompagnait le cortège Chabatz d’entrar offrant pâtisseries confectionnées par les occupant-e-s et boissons aux manifestants en soutien au squat. De la musique était au rendez-vous, les instruments de percussion traditionnels, caisses claires, zabumba [3], faisant bon ménage avec les percussions « ménagères », casseroles, couvercles, boîtes diverses, sifflets et parfois quelques pétards. Des chansons aussi, notamment un des tubes de la Chorale des résistances sociales Laissez passer les sans-papiers [4] sur l’air des Petits papiers de Serge Gainsbourg.

Arrivés à la préfecture, fin de la manifestation, la CGT montra encore son ostracisme d’une autre époque, refusant aux Gilets jaunes et à Chabatz d’entrar de profiter de la sono. Une prise de parole fut donc faite au mégaphone par un des Gilets jaunes, rappelant les différents rendez-vous de la semaine, puis laissait la parole à un représentant de Chabatz d’entrar pour faire le point sur la situation du squat.

Après la dispersion rapide des militants syndicaux, Gilets jaunes et migrants avec leurs soutiens sont restés encore longtemps devant la préfecture continuant les cris, chants, discussions. Une partie des Gilets jaunes rejoignait les Casseaux, où un jardin solidaire et de lutte a commencé à voir le jour depuis dimanche dernier, pendant que des familles de migrants et des soutiens continuaient les rythmes et chansons, ne voulant plus se quitter et garder la magie communicative de cette belle matinée.

Ces cortèges joyeux et offensifs ont montré qu’on peut redonner un sens à cette journée du 1er-Mai, journée de lutte, d’espoir, de retrouvailles entre exploités, montrant aussi, si encore besoin était, que la jonction entre Gilets jaunes et migrants en lutte n’est plus à démontrer sur Limoges.

Après le départ de tout le monde, reste encore sur le sol un témoignage de cette journée, une trace en jaune gilet « Paradis fiscal, enfer social ».

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Les débuts du jardin des Casseaux


Notes

[1Avec le délai d’un mois accordé par la région, l’expulsion devrait avoir lieu le 25 mai.

[2Pour en savoir plus sur l’origine de ce cri, voir la vidéo.

[3Instrument de percussion caractéristique de la région du Nordeste brésilien.

[4Les paroles sur le site RESF37 et l’air.