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Rencontres contre l’An zéro à Gentioux

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Le dernier week-end du mois d’août, à Gentioux-Pigerolles, un projet de rassemblement à prétentions écolo et citoyennes, assorti d’un méga-concert censé réunir "de 5000 à 50 000 personnes" est organisé. Face à ce rassemblement, véritable opération de promotion du capitalisme vert macronien, une rencontre est organisée le mardi 2 Juillet à 19h à la Salle des Fêtes de Faux la Montagne. Ce sera le moment de débattre et pour ce·lle·ux qui le souhaiteraient d’organiser l’opposition au rassemblement L’an Zéro.

Pour en savoir plus vous pouvez lire notamment les deux articles parus sur cet évènement qui en expliquent le fond et la forme, sur Reporterre et sur Lundi Matin et dont est tiré le résumé ci-dessous.

Qu’est ce que l’An Zéro ?

L’idée de départ vient de Maxime de Rostolan, ingénieur et patron (éco-entrepreneur en novlangue verte), créateur du réseau Fermes d’avenir et de la plateforme de crowdfunding Blue Bees, qui lançait en février son mouvement de « lobbying citoyen » La Bascule, étrangement baptisé du même nom que l’association qui organise à Gentioux marchés d’hiver et dépôt-vente de produits locaux :

Il s’agit, à la suite d’un week-end de rencontres à l’École polytechnique début février, de réunir cent étudiants bénévoles issus si possible des grandes écoles et disposés à donner six mois de leur temps pour élaborer des « propositions concrètes pour la transition démocratique, écologique et sociale », former des listes électorales citoyennes en accord avec ce programme en vue des élections municipales et organiser de grands événements fin août, début septembre afin de concrétiser la naissance du mouvement.

Si l’on en croit le document succinct présentant leur démarche, ils veulent susciter rien moins qu’un « sursaut démocratique, écologique et social » face au « point de bascule » devant lequel serait arrivée « la civilisation humaine ». Et pour cela, ils ambitionnent de réunir aussi bien des « associations, entreprises, collectivités territoriales, ou dynamiques citoyennes » que les partisans des « marches pour le climat, [des] grèves étudiantes ou encore [du] mouvement des Gilets Jaunes » pour « organiser un rassemblement ». Une fois proclamé le caractère spectaculaire et surdimensionné de la chose (et encore, à les en croire, ils préfèrent ne pas annoncer trop vite les noms des supervedettes qui viendront, « pour ne pas se retrouver à 300 000 »), La Bascule ne fournit guère d’informations sur son contenu, hormis qu’il s’agit de « rassembler » et de « faire converger ».

En bref, faire une grosse fête pour ramasser des sous, faire parler de leur « association » et commencer à faire campagne pour les élections municipales de 2020 tout ça avec un bel emballage de capitalisme vert et d’entreprises éco-responsables. Le lieu prêté pour l’évènement est d’ailleurs particulièrement révélateur de la teneur de ce genre d’évènement, puisqu’il aurait lieu sur les terres de Jouany Chatoux, macroniste convaincu dont la ferme a déjà été visitée deux fois par des ministres LREM. Ce type d’évènement sauce macronienne permet de promouvoir le système capitaliste en lui offrant un verdissement de façade et sans jamais le remettre en cause.

L’opération dont la grande teuf de Gentioux-Pigerolles devrait être un des moments phares participe de ce grand mouvement international qui, à travers les marches pour le climat et sous le haut patronage de Greta Thunberg et Arnold Schwarzenegger, s’efforce de capter l’élan sincère d’une jeunesse particulièrement sensible à l’angoisse de la fin qui hante notre époque. Il s’agit d’intégrer ces énergies dans une forme de lobbying mondial qui prétend conjurer la catastrophe en s’adressant à ceux qui en sont les premiers responsables, sans jamais remettre en cause ni leur pouvoir, ni le système qu’ils servent – soit au final, en les renforçant, l’un et l’autre. C’est ainsi qu’on assiste à une mobilisation mondiale autour de cet objectif : utiliser la peur de la fin du monde pour sauver ce qui en prépare indéfiniment la fin.

Dans leur monde, qui va de Rabhi à Hulot en passant par Marion Cotillard, Rostolan et ses basculeurs n’ont pas d’ennemis : c’est d’ailleurs un concept qui leur est visiblement étranger. On connaît la rengaine de la positivité : « proposons des solutions, au lieu de toujours s’opposer ». C’est le sens sans doute des fumeuses notions affichées comme la « réobéissance civile ». Interrogés par le magazine du Plateau IPNS sur ce qu’ils pensent des récentes batailles qui y ont été menées pour empêcher l’expulsion d’exilés soudanais et sur le mouvement des gilets jaunes, ils répondent avec un art de l’esquive digne des vieux politicards : « Nous n’avons pas la prétention, en trois mois d’existence, d’avoir pu cerner les différentes situations pour nous positionner ». Et d’inviter les intéressés à venir participer aux ateliers. Lesquels seront sûrement heureux d’apprendre qu’il est prévu que les débats soient « encadrés par des partenaires spécialisés ». Où l’on retrouvera à coup sûr les techniques inventées par les chercheurs en acceptabilité qui ont mobilisé leurs talents lors des pseudo-débats publics lancés pour contrer les luttes de territoire.

En ce qui nous concerne, nous n’accepterons jamais de dialoguer avec quiconque ménage un gouvernement qui, du glyphosate au nucléaire, de la chasse aux bétonneurs du littoral, a toujours tout cédé aux lobbies mortifères. Et qui, depuis six mois, a réprimé un mouvement populaire avec une violence inédite qui lui a valu jusqu’aux remontrances répétées de l’ONU, remontrances d’ailleurs repoussées avec une arrogance digne d’un de ces pouvoirs autoritaires dont il prétend nous protéger. Entre la Macronie et nous, il y a désormais une morte, 24 yeux crevés, des dizaines de milliers d’arrestations arbitraires et l’abolition ultra-violente du droit de manifester.