« Quelles N(c)onnes ! »
Si ce ne sont pas exactement les mots employés par l’évêque de Poitiers, c’est bien en substance ce qu’il pense d’un groupe de religieuses qui ont tout fait pour donner la caution morale de l’Église – ou tout au moins une apparence de respectabilité – à une vaste entreprise d’escroquerie au médicament-miracle facturé 1 000 à 1 500 euros (« une découverte voulue par Dieu » n’a pas de prix) et censé guérir des maladies neurologiques encore incurables (comme les maladies de Parkinson ou d’Alzheimer).
D’où sa colère lorsqu’il a appris les faits en écoutant la radio, et que, renseignements pris, il s’est aperçu que les religieuses avaient non seulement prêté leurs locaux (l’abbaye Sainte-Croix située à Saint-Benoît, près de Poitiers) pour un test pharmaceutique clandestin portant sur environ 350 patients, mais qu’elles avaient aussi pris une part active à l’organisation de ces activités illégales en siégeant au bureau ou au conseil d’administration du Fonds Josefa [1] (l’organisme chargé de lever des fonds pour promouvoir et tester le médicament-miracle et qui bénéficiait même pour cela de dons défiscalisés).
Et l’évêque ne mâche pas ses mots : « J’ai vu que des religieuses du Sacré-Cœur faisaient partie du comité de direction et du comité consultatif du fonds, mais [...] être catholique n’interdit pas d’être intelligent ! » [2]
Néanmoins, s’il semble excuser les sœurs en minimisant leur rôle et en mettant en avant le fait que le principal instigateur est un professeur de pharmacie (ce qui est exact), si par ailleurs il impute l’attitude des religieuses à un manque de « discernement », n’est-ce pas aller un peu vite dans le pardon ou l’absolution (même si, à ce stade, les religieuses ne sont encore visées par aucune plainte en justice) ?
Une ancienne cheffe d’établissement catho bien connue en Touraine et en Pays Nantais
Peut-on par exemple considérer que la révérende Mère Marie-Guyonn-Jeanne-Hervé du Penhoat, qui est bien connue dans l’enseignement en Pays Nantais ou encore à Tours où elle avait dirigé un important établissement catho sous contrat (l’Institution Marmoutier) [3] et qui est présentée dans l’organigramme du Fonds Josefa comme « conseillère spirituelle » auprès du conseil d’administration, manque de discernement et soit sotte au point de se laisser duper aussi facilement ?
La question d’un possible aveuglement sectaire se pose en tout cas, et la Miviludes , organisme chargé de lutter contre les dérives sectaires, avait d’ailleurs ouvert un dossier sur le Fonds Josefa dès novembre 2018.
Si par ailleurs, il n’est guère concevable que les religieuses œuvrant pour le Fonds Josefa en aient tiré un bénéfice personnel, ce n’est pas exclu pour autant et force est de constater que les circuits financiers sont assez opaques et flous [4], les dons étant pour partie réinvestis dans la « recherche » sur le médicament-miracle (donc réinvestis dans l’association elle-même) et pour partie investis dans des « projets philanthropiques » ou encore des « projets cultuels et culturels »...
Quoi qu’il en soit, Marie-Guyonne du Penhoat apporte par ses responsabilités passées dans l’église catholique (ancienne supérieure du couvent de la Trinité-des-Monts à Rome ), dans l’enseignement (cheffe d’établissement scolaire privé à Nantes puis à Tours, puis directrice d’un foyer international d’étudiantes à Poitiers) et ses décorations (elle est officier de la Légion d’honneur depuis 2015) une image de respectabilité (sans parler des carnets d’adresses et réseaux d’influence) à une association qui s’apparente fort à une entreprise criminelle.
FL
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