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« Déconfiner »

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Nous avons reçu plusieurs textes de camarades du plateau limousin autour des politiques étatiques imposées, ultra-répressives suite à la pandémie du coronavirus. En voici un premier.

Je précise d’emblée que je ne veux pas ici appeler à la résistance au confinement imposé, mais simplement, et malgré les circonstances, me permettre, pas seul de préférence, de garder une distance critique vis-à-vis des décisions étatiques. Je le faisais avant, et je ne vois pas pourquoi m’arrêter aujourd’hui.En plus, la quasi-unanimité qui règne dans les médias que j’écoute ou lis commence à m’énerver, au moins autant que de me faire barrer la route par un 4x4 de gendarmes quand je vais acheter des clopes, dûment muni de mon autorisation auto-accordée.

En l’occurrence je pense qu’il est important de ne pas accepter comme des dogmes ce qu’on nous présente comme tel : je veux parler du confinement. On a le droit de continuer à réfléchir, interroger et critiquer, surtout quand c’est un président de la République en mode martial qui nous décrit ces mesures. Et je voudrais aider à déconstruire l’idée ou plutôt le dogme selon lequel le confinement est la seule solution, qu’elle marche, et qu’au pire elle ne nous coûte rien.

Confinement : méthode médiévale

Non, le confinement n’est pas une politique de santé publique qui marche, ou du moins on ne peut pas l’affirmer : ce n’est pas un protocole prouvé. Il est facile de dire que sans confinement général ce serait pire, c’est peut-être vrai, ou pas. Tout au plus c’est empiriquement éprouvé puisque c’est grosso modo la méthode médiévale de réaction aux épidémies. Mais vu le nombre de morts qu’il y avait je ne suis pas sûr que ce soit un argument. C’est marrant, d’habitude c’est plutôt moi qui reçoit la critique de vouloir revenir au Moyen Age ou même à l’âge de pierre.

Tout au plus, puisqu’on ne passe pas en premier, peut-on comparer avec les pays nous précédant : Chine, Corée, Italie, Espagne. Et là ce qu’on peut voir, c’est que ce n’est pas une réussite : déjà plus de morts en Italie qu’en Chine (en absolu), et relativement à la population en Espagne. Vu la nature du régime chinois, il est certes difficile de savoir exactement ce qui a été mis en place et comment, mais je voudrais pointer quelques éléments :

  • Fermeture des écoles et chômage partiel, résultat :exode urbain assez massif, rien qu’à voir la réouverture des maisons secondaires de chez nous. Bref, mouvements de population entre les régions. En Chine les première mesure (avant le confinement) ont été l’isolement des provinces touchées par rapport aux autres, et la suspension des trajets du Nouvel An, pour éviter la propagation dans tout le pays.
  • Restez chez vous mais sauf pour faire des courses, travailler, pour une partie des gens ou autre raison administrativement admise. Surtout, ne vous faites pas dépister, en cas de doute attendez que ça passe et allez à l’hôpital en cas de détresse respiratoire. Donc les 95 % de gens qui ont le coronavirus sous la forme d’un rhume ne se font pas dépister, continuent de faire leurs courses et contaminent les autres. En Chine, Corée, on pratique le dépistage le plus systématique possible, et on soigne les gens pour qu’ils soient plus vite guéris, et non contagieux. On confine les malades totalement, et les personnes saines pas du tout. Et c’est plus facile de soigner quelqu’un avant qu’il ne tombe dans le coma : ici (Nouvelle Aquitaine) les hôpitaux sont vides et « attendent » que les premiers malades qui sont en train de tousser dans les magasins s’aggravent.
  • Finalement quand on admet que ça ne marche pas en Italie, c’est pour le justifier ainsi (virologue à la radio) : « l’esprit latin » sabote le processus. Pour moi c’est aussi absurde que de dire « ma solution est la bonne, si ça ne marche pas c’est que le problème est mauvais ».

Pourquoi s’entêter à faire ce qui fonctionne si mal

Alors la question que je me pose est : pourquoi tant s’entêter à faire ce qui fonctionne si mal ? En effet, et comme beaucoup j’imagine, je pensais qu’on ne pouvait pas tester à grande échelle mais il y a en France 120 centres, possiblement 150 qui peuvent en faire plus de mille par jour si j’ai bien compris. Je pensais qu’il n’y avait pas de traitement, mais la chloroquine est approuvée officiellement et utilisée en Chine depuis fin février. Le confinement, l’absence de dépistage, l’absence de traitement précoce, ce sont donc des choix. Et comme ce sont des choix de santé publique, ce sont aussi des choix politiques.

Mais ce choix du confinement qui semble peu efficace sur le plan de la santé a un net avantage, il permet à nos chers dirigeants de préparer le discours de dans quelques semaines : « Oui, il y a eu beaucoup de morts, mais ce n’est pas parce qu’on a cassé l’hôpital public depuis quinze ans, ce n’est pas faute d’avoir mis en place du testing et des traitements, ce n’est pas parce qu’on a rien anticipé ; non, non, en fait c’est à cause de votre esprit de gaulois réfractaire, il y a eu trop de joggers, va falloir vous corriger pour la prochaine fois. »

D’autres méthodes existent

Contrairement à ce que ces lignes peuvent laisser croire, je ne prétends pas avoir la solution, je dis simplement que si, il peut y avoir débat sur les politiques mises en œuvre et que d’autres méthodes existent. Et je ne peux pas accepter que des pouvoirs publics qui ont tout fait pour fragiliser un système de santé, rien fait pour se préparer, anticiper, une épidémie viennent ensuite faire peser la responsabilité morale des morts sur ceux qui sortent trop, veulent voir les amis, etc.

J’aimerais aussi remettre quelques chiffres en perspective : en France, la grippe c’est environ 10 000 morts chaque année et la surmortalité hivernale qu’on attribue aux différents microbes c’est 15 000 à 20 000. morts. Les maladies pulmonaires en général font plus de 2 millions de morts par an dans le monde. Je ne prétends pas que le coronavirus ce n’est rien, je dis juste que sur la courbe de mortalité générale on verra à peine le pic. D’autant que comme le relevait un membre du GIEC, la baisse de la pollution induite par l’arrêt des usines et de la circulation épargnera plus de vies que le virus en coûtera en Chine, et peut-être en Italie aussi s’ils changent de politique sanitaire.

Pour moi, le confinement ne me dérange pas tant que ça, d’autant moins que je le respecte pas il faut dire ; mais je crains ce que ça va produire à une plus large échelle. Une crise économique énorme d’abord, avec bien entendu les personnes les plus fragiles – je ne parle pas par rapport au virus mais économiquement - qui trinqueront en premier et le plus fort. Mais avant ça, un contrôle quasi militaire de la population, la survie (économique s’entend) qui est en cause pour les personnes sans papiers, tout ceux qui travaillent non déclarés, etc. La survie tout court pour celles et ceux qui sont enfermés/confinés avec quelqu’un de violent, etc. Enfin, l’individualisme qu’on nous demande face à cette crise, et les dégâts humains que cela va causer… et que cela cause déjà peut-être entre « nous », dans la famille ou le collectif à côté. C’est impossible à décrire précisément ni chiffrer pour l’instant donc je ne m’étendrai pas, mais quand j’entends à la radio l’argument ultime, à savoir que le confinement au moins, ça ne coûte rien et qu’on a rien à perdre, franchement, j’hallucine. J’ai l’impression qu’en trois jours la seule chose qu’on ait gagné c’est la certitude d’une grave crise économique et, sans pouvoir le prouver, que des familles, des collectifs ou des individus perdent leur revenus, leur nerfs et leur bonne entente. Il paraît qu’il y a un rapport avantages/risques à peser quand on prescrit un médicament, et je me demande si on a bien pesé ce rapport concernant la politique de confinement, voilà tout.

« Ce confinement c’est de la merde »

Enfin bref, tout ça pour dire que oui, je me lave les mains en rentrant des courses, non, je ne fais plus la bise, je garde mes distances et je ne m’approche pas de personnes fragiles. Oui, je dis à ma maman de pas sortir, et je n’aimerais pas que la grand-mère de mon voisin tombe malade et meure, comme les deux miennes il y a quelques années d’ailleurs, d’une maladie respiratoire coronavirus ou autre. Non, je ne vois pas le sens de faire le rebelle de service, surtout à peu près tout seul. Mais tout ça pour dire aussi que j’aimerais bien pouvoir affirmer « ce confinement c’est de la merde » sans recevoir un discours moralisateur ou un procès en irresponsabilité. Et peut-être, plus tard, débattre, discuter plus largement et collectivement, et se permettre, avec le peu d’infos qu’on a, de remettre en question la politique qu’on nous impose actuellement. On peut être un travailleur qui critique le salariat, un abonné EDF qui critique le nucléaire, un RMIste qui critique l’État, en tout cas moi ça ne me pose aucun problème, pas plus que d’être un confiné qui critique le confinement.

Pour finir j’ai pas mal fouiné sur Internet pour dire ce que je dis, mais je n’ai pas cité mes sources, désolé, j’ai utilisé Wikipedia sur le coronavirus (en anglais), et quelques personnes interviewés : Didier Raoult notamment sur le dépistage et les traitements.



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