C’est pavlovien : « A bas, à bas l’État policier. » Quand l’État m’impose le confinement contre l’épidémie, il m’opprime, donc je m’y oppose. Déciderait-il d’évacuer mon territoire après la catastrophe nucléaire à venir de la centrale de Civaux, ou la chute d’un astéroïde, que je m’y opposerais, par principe contre l’oppression.
Il est évident de pointer la responsabilité de l’État dans une catastrophe nucléaire. Impossible en cas de chute d’astéroïde. Mais le cas de l’épidémie est dans un entre-deux.
Je peux reprocher à l’État ses dégradations en tous genres (santé, hôpitaux...). Sa participation aux flux qui alimentent la pandémie. Son autoritarisme dans l’application du confinement. Mais pas vraiment d’avoir propagé ce virus pour mieux nous opprimer. Le complotisme de comptoir n’as pas encore cours par ici. Ce serait pourtant un argument idéal.
On minimise
Alors faute de mieux, pour défendre ma liberté d’acheter des clopes dans un territoire somme toute préservé et protester contre l’oppression qui m’est faite, je minimise l’épidémie.
Je me convainc rapidement que le confinement est inefficace. Que la mortalité sera insignifiante. J’invoque la crise économique à venir. Pour lutter contre l’État, d’abord continuer les affaires, business as usual. Je devrais peut-être applaudir Boris Johnson ou Donald Trump, qui renâclent tant à confiner leur économie.
J’utilise enfin la catégorie des personnes fragiles pour défendre mon propos. (Elles ne m’ont pourtant rien demandé, et sauront se défendre elles-mêmes en temps voulu.)
Une critique cache l’autre
Pourquoi ne pas reprocher à l’État, plutôt, son impréparation depuis janvier devant la pandémie à venir ?
Ou encore : pour le submerger et l’abattre, pourquoi ne pas encourager la contamination massive de la société ? Voilà qui serait plus consistant. Resterait toutefois à assumer les morts. Et l’accablement des soignant·es.
Tsunami
Mais pour l’heure je reste myope, comme nous tou·tes jusqu’à une date plus ou moins avancée, face à la catastrophe à venir. Pourtant les catastrophes, parfois, arrivent.
Il faut voir cette vidéo amateur du touriste allemand en Asie, fin 2004, s’extasiant devant la jolie vague, au loin, du tsunami. Suivent quatre minutes de course panique.