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GAZA : nous médecins, sommes témoins d’un génocide

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Depuis des années, des mois, et des semaines l’association Limousin-Palestine* organise des manifestations pour défendre les Palestiniens et dénoncer la politique sioniste de l’État d’Israël avec, aujourd’hui, comme Premier ministre un exterminateur : Benyamin Nétanyahou.
Depuis le 7 octobre, tous les samedis, il y a une manifestation composée de personnes plus ou moins jeunes, plus ou moins encartées dans un syndicat, un parti politique, plus ou moins militantes dans une structure associative... ou tout simplement des personnes qui disent « Stop au massacre du peuple palestinien ».
Je suis une personne qui participe à des manifestations, des actions... ne pouvant accepter de courber l’échine face aux États qui mènent des guerres économiques, sociales et militaires, massacrent la planète et la couvrent de cadavres en balançant des bombes.
Au fil de ces dernières semaines, un sentiment de rage m’envahit quand je lis, entends des témoignages. Cette rage ne sort pas par un cri, mais un écrit qui est le cri de médecins.

Des médecins de l’association PalMed France [1] revenus de leur mission humanitaire à Gaza, du 22 janvier au 6 février 2024, témoignent de l’horreur qui s’y déroule et de la situation catastrophique, inhumaine pour ses habitant.es.

Un mot résonne : GÉNOCIDE.

L’État français ainsi qu’une grande majorité de médias n’entendent pas ce mot, et ne laissent pas la place à celles et ceux qui peuvent témoigner du massacre de toute une population caractérisant le génocide.

Pourtant : mardi 13 février 2024, à l’Assemblée nationale, à l’initiative du député Éric Coquerel, une partie des médecins humanitaires de l’association PalMed France attestent qu’un génocide se déroule sous nos yeux. L’intégralité de leur rapport est retransmis sur : https://www.youtube.com/watch?v=Wwi...

Une heure de témoignage – plus de 30 000 morts.

Ci-dessous est retranscrit le témoignage de trois autres de ces médecins, qui peut être visionné sur différents sites.**

➠ Raphaël Pitti, ancien médecin général des armées, anesthésiste-réanimateur, est professeur agrégé de médecine d’urgence et formateur en médecine de catastrophe. Toute sa vie il a couru les théâtres de guerre : Djibouti, Tchad, Irak, ex-Yougoslavie, Syrie… et maintenant la Palestine. Il a ouvert des centres de formation en médecine d’urgence.

Dans une interview, sur la chaîne TV « En société » retransmise sur You Tube, il dit clairement :
« On ne pourra pas dire non plus que nous ne savions pas. Nous avons les images, nous avons un carnage. On peut même faire un procès d’intention de génocide sur cette population. Oui un génocide, car vous l’obligez à être confinée dans une zone qui est extrêmement réduite (la ville de Rafah), vous empêchez la nourriture de rentrer, vous leur coupez l’eau potable, vous coupez l’électricité, vous coupez tout ravitaillement sanitaire, etc. alors que cette population a des besoins de santé primaire. Elle a des problèmes de bronchites, elle a des problèmes de pathologies chronique… Elle ne peut pas se soigner. Elle est là en permanence totalement désœuvrée, dans une situation de tension, dans la saleté parce que toutes les évacuations sont bouchées à Gaza. Les poubelles ne sont pas ramassées, faute de moyens.
Ils vivent dans la saleté, ils vivent en permanence à la recherche de nourriture, ils se trouvent en situation de survie et ils sont bombardés jour et nuit. Il y a les gravats ; ils n’ont pas la possibilité d’aller chercher les morts qui sont sous les gravats. Au point que les familles mettent les noms, sur une liste, des personnes qui sont sous les gravats.
Comment voulez-vous appeler ça ? Ayons le courage des mots, on parlera demain du ghetto de Rafah. Parce qu’ils sont enfermés dans une zone étroite et constamment à la recherche de nourriture, en situation de survie. »

➠ Deux autres médecins disent la même chose. Il s’agit des Dr Zouhair Lahna, gynécologue, et de Pascal André, infectiologue, partis également en mission à l’hôpital européen de Gaza.
Tous les deux disent qu’ils n’ont vu que des civils tués, blessés. Pas un seul homme armé.
"Les médecins palestiniens demandent aux médecins européens qui viennent les aider de rentrer chez eux pour témoigner de l’horreur, pour parler aux politiques et aux citoyens et pour sortir de ce silence.
Il y a une population qui est terrorisée. On nous parle sans cesse de la terreur, d’apologie à l’égard du terrorisme. Aujourd’hui, une population de civils vit depuis 5 mois dans la terreur. Elle subit des déplacements à répétitions, parce que les hébergements ont été détruits.

Des épidémies se propagent très vite car il n’y a plus accès à l’eau. Il y a énormément d’infections post-opératoires faute d’accès à l’eau et au savon. Ce sont des conditions indignes.

Des palestiniens ont osé parler, témoigner. Des vidéos ont été enregistrées. Les politiques et les citoyens qui ferment les yeux aujourd’hui, doivent entendre qu’être complice d’un massacre comme celui-ci, qui n’a pas encore le nom officiel de génocide, mais que nous soignants pouvons qualifier comme tel, avec les personnes qui le vivent et des experts, de génocide vont être assimilés à des coupables de non assistance à personne en danger. Il est vraiment tant d’agir là-dessus."

* Limousin-Palestine (AFPS) - c/o MDH, 119, av du Général Leclerc - 87100 Limoges.
@Limousin_palestine
** Ces lignes sont extraites de :
« En société » - émission du 3 mars 2024 sur : https://www.youtube.com/watch?v=XJI9JxdBMDc
pour le témoignage du Dr Raphaël Pitti.
« Le Média » - émission du 7 mars 2024 sur https://www.youtube.com/watch?v=J4DAnn3ItHo
pour le témoignage des Drs Zouhair Lahna et Pascal André.



Notes

[1PMF est la branche française de PalMed Europe qui regroupe des médecins palestiniens en Europe. PalMed France vise à : crédibiliser les liens de coopération entre le médecin palestinien et les sphères médicales et académiques ainsi qu’avec les centres de recherche scientifiques européens

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