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Contre-voeu(x) de bonne année

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… Au fond, à quoi riment des souhaits-injonctions au bonheur, à la bonne santé ou à la réussite dans des projets, pris que nous sommes dans ce monde aux abois, en train de s’effondrer, sans perspectives qui vaillent, alors que nous regardons ailleurs et croyons les responsabilités et la puissance hors de nous ? Ces traditionnels vœux de bonne année, ne sont-ils pas aussi le reflet de cette illusion-morale de « bonne vie », lancée d’en haut, à laquelle il nous faudrait aspirer, qui doit perdurer tel l’Horizon indépassable, quel que soit l’adversité ou le contexte, « coûte que coûte » et dans laquelle le soit disant progrès-rêve occidental nous enfume depuis tant de fausses bonnes années ? N’est-il pas temps d’oser en sortir, s’extraire de cette bonne vie « dans les clous », urgent de le faire même, afin de bien-vivre plutôt, en reprenant nos (sur)vies en main ?

C’est ce que tente d’aborder ces contre-vœux de bonne année, n’en pouvant plus de ce bercement d’illusions qui maintient la passive-somnolence confortable en se répétant année après année.

Que cette nouvelle année soit Bonne  ?… Mais Bonne de quoi au juste ?
Bonne de tout ce qu’elle ne doit plus persister à être, reproduire, amplifier ? … comme durant toutes les années précédentes

Pour que cette nouvelle année ne soit pas l’empreinte d’un record de canicule de plus, de catastrophes naturelles plus énormes ou des dates qui inscrivent la énième disparition silencieuse d’espèces dans le marbre de l’extinction de masse en cours, comme durant toutes les années précédentes.

Pour que cette nouvelle année ne soit pas une fois de plus marquée à vif par les conséquences de nos trains de vie « développés », paraît-il « heureux  », avec la démesure de notre consommation, les pollutions qui attaquent la santé des corps et des psychés, comme durant toutes les années précédentes.

Pour que cette nouvelle année ne soit plus dirigée par les obsessions omnipotentes de croissance, d’exploitation, de productivité, d’accumulation, qui se concentrent inexorablement dans les mêmes mains toujours plus « riches », finissant d’achever l’idée même de solidarité, d’utilité publique, d’intérêt général, de communs, comme durant toutes les années précédentes.

Pour que cette nouvelle année ne soit plus entachée par la mort indifférente d’êtres poussées à l’exil, ni par la répression d’acteurs lucides s’insurgeant, harcelés, abêtis et dont la chasse violente devient justifiable, comme durant toutes les années précédentes.

Pour que cette nouvelle année ne soit pas une pénétration toujours plus profonde dans l’esclavagisme-fascistoïde ultralibéral qui banalise la discrimination et l’exploitation des pauvres, qui engendre la souffrance enrageante d’innocents mourant de faim ou de froid dans les rues ou ailleurs, sous les bombes-industrielles, qui réduit des êtres humains jugés « à charge », à la révoltante misère, les laissant en proie à la domination dans le travail toujours plus flexi-précaire ; l’emprise du management qui les ponctionne se renforce, comme dans l’emploi-fonction à laquelle le « personnel » est assujetti, sous payé et contraint à être toujours plus productif, le plus longtemps possible, jusqu’à la mort-usure, comme durant toutes les années précédentes.

… On peut toujours rêver...

Pour que cette nouvelle année ne soit plus le triste lieu traditionnel de vœux pieux, et donc hors sols, qu’ils soient de bonheur, de santé ou d’amour : en sorte, y’en a marre de cette injonction à la réussite dans et de CE monde ! Y’en a marre aussi de CE bonheur ! Marre de CETTE santé ! CE monde, prôné comme dans une vaste campagne publicitaire durant toutes les années précédentes, qui alimente les fantasmes mythiques d’Eldorado, n’a justement pas réussi : il a lamentablement échoué !

La réussite-mérite dans (et de) ce monde, ça rime à quoi ? « Travailler plus », faire croître et fructifier son capital, défendre et préserver ses propriétés sont des valeurs-extérieures qui ne tiennent plus : ces modèles-références ont déjà suffisamment démontré l’impasse et le mur dans lequel ils nous précipitent toujours plus vite. C’est ce maintien des ouvrier.es que nous sommes, sous perfusion narcoleptique, comme celle de la croyance en un bonheur-existence à courte vue, privé, individuel, un bien-être-capitaliste fait d’accumulations héritables éternellement à la descendance, qui alimente le mécanisme de l’auto-aliénation. Cette démence déconnectée du « réel » de l’environnement-milieu de vie est à la source de la destruction en cours du vivant.

« C’est l’heure du médicament ! »… « Pilule bleue ou pilule rouge ? »

C’est ainsi qu’une majorité de gens préfère rester dans le lugubre navire qui se précipite en accélérant vers son crash sans qu’un maitre-capitaine - qu’il serait trop facile de réduire au seul ennemi - ne leur en impose l’ordre. Cette forme de folie-pathogène du présentisme et nourrie par le consentement, est attachée à une existence insensée où la joie-réussite rime avec pouvoir d’achat et de divertissement. Elle est aussi étroitement liée au Graal du salariat–crédit. C’est ce qui maintient l’accélérateur en mode « gaz en grand », le flux de carburant qui alimente la méga-machine (et au passage la peur de l’étranger et les épouvantails qui vont avec), à grand renfort, si nécessaire, d’anxiolytiques et d’antidépresseurs et à défaut, au prix de quelques anecdotiques pertes de vies considérées comme « inutiles », cramées ou suicidées trop tôt.

Or, donc, CE monde ne tient plus : c’est un échec fatal factuel. Ironie du sort, c’est actuellement ce que démontrent et crient avec force pourtant, une impressionnante cohorte de scientifiques-chercheurs de toutes disciplines et de tous pays. Alors que ces mêmes sciences dures n’avaient eu de cesse, jusque là, de s’intéresser à la domestication du vivant-sauvage en produisant des savoirs pour le rendre plus maîtrisable, assimilable, extractible, transférable, donc exploitable pour le Capital et ainsi asseoir l’hégémonie de la « culture » sur la « nature ».

Mais le temps bouge, la météo s’agite, renforcé.es par le changement du climat ambiant.

Définitivement, il est temps

Il est temps de (re)prendre, de permettre ce temps, de (re)posséder notre propre tempo au sein de moments communs, de l’habiter pleinement ce temps, d’en faire mémoires et histoires collectives par nous même, pour qu’il puisse faire temps-pête.

Il est temps d’être radical, de (re)prendre racine, de (ré)habiter charnellement nos milieux autant qu’ils nous (ré)habitent peu à peu en retour (et avec tous les êtres qui l’habitent), de se (ré)enraciner dans ce sol, réel, vivant, en l’éprouvant au sein de vrais collectifs, de réaffirmer notre puissance d’agir, d’y remettre les mains, les tripes et le reste, de nous ressaisir des gestes qui nous engagent dans l’ouvrage commun.

Il est temps de (re)cycler, de réparer, de (ré)apprendre, de dé-cloisonner, de mettre et faire en commun, de partager, de (re)faire usage, d’alterrelier comme nous l’aurons défini ensemble de manière autonome et alimenté.e.s par nos propres spécificités de mises en pratiques collectives.

Il est temps d’écrire nos propres vie depuis nos contrées et nos « ouvrages » communs, plutôt que de nous maintenir sous le joug de pouvoirs et de cultures qui nous programment d’ailleurs et nous écrasent, nous conditionnent, nous domestiquent, nous enrôlent, nous cantonnent à la réaction. Ce n’est même plus une question de choix, mais de (sur)vie.

Il est temps de ne plus rien attendre des élites-élues complices de ce monde en perdition, de ne plus rien attendre de cette démocratie-mascarade : donc, il n’y plus rien à attendre de ce théâtre de l’élection représentative de rien dans le grand jeu de la politique politicienne du tout et des programmes de partis, rien à attendre du mouvement-vent.

Il est temps d’agir sereinement en commun et directement, d’expériencer et de documenter par et pour nous même, des formes concrètes de reprises en main des choses, en commençant localement, dans des collectifs en liens. C’est le temps du mouvement-liquide, les vannes s’ouvrant de toutes parts, du coup les vagues-à-rider aussi.

Il est temps de se et s’en parler, d’aménager et prendre soin d’espaces-temps pour se faire, d’aller s’inspirer - sans modéliser, évaluer ni benchmarker - des tentatives qui fonctionnent ou qui éclosent comme des îlots dans l’archipel des autres mondes, de partout en ce moment : c’est du vivant en train de se réaliser dans l’ici et le maintenant, avec autrui (humains et non-humains), de manière située, et donc des vécus-expériences à vivre-éprouver, à re-lier, dans le réel du cours de l’action et non par procuration ou virtuellement, ni même par des entrées purement idéologiques qui restent trop souvent limbiques.

Il est temps du (micro)politique en acte, artisanal, vernaculaire, sauvage, du flux-mouvement qui se niche au creux des gestes et du soin, il est temps aussi des expériences et des essais-erreurs pour évacuer les logiciels trop solides et donc inadaptés.

Il est temps, car nul.le ne peut raisonnablement faire l’autruche plus longtemps, nul.le ne peut responsablement s’exonérer de vivre et faire possibles ces îlots-autres-mondes, d’animer les interrelations avec d’autres pour ne pas qu’ils se replient, se recroquevillent, se ferment derrière des frontières-murs et se « privatisent » d’eux-mêmes, pour ne pas être complice de la perpétuation de l’ancien monde, mortifère, fait de cloisonnements.

Il est temps de rompre la laisse de l’auto-collaboration, le temps-contraint, il est temps de faire résistances-communes.

Plus qu’un simple vœu désincarné et symbolisant le cordon ombilical qui nous relie avec l’ancien-monde-malade, sa re-production, le contre-voeu de bonne année est donc autant un appel qu’un constat de ce qui surgit déjà.

Car, au-delà d’une énième promesse d’année bonne, l’époque qui s’ouvre et qui ne peut se saucissonner en tranches-années, cette période, est mûre pour engager le faire en direct, les chantiers-ouvrages d’auto-administration de nos vies : même les grandes organisations historiques de lutte sont dépassées, avec leurs schémas désuets, par l’ampleur et la nouveauté de la séquence, le surgissement des insurrections : l’actualité le démontre chaque jour avec le stoïcisme surplombant du pouvoir face aux modes de luttes traditionnelles en cours. Car il s’agit de dépasser la simple revendication-défense qui finalement contribue au maintien du système en croyant qu’il est encore aménageable, réformable, régulable, avec le vieux-mythe d’une juste répartition des richesses, d’une justice sociale encore possible dans CE monde-république où la démocratie n’existe pas. Il n’y a plus rien à tenter d’y arracher par les formes anciennes de mobilisation, à part permettre l’échappement partiel des personnes qui le veulent pour contribuer à sa chute, de prendre le temps de résister. CE monde mort-vivant part en lambeaux en se cannibalisant, c’est la dérégulation ultime : il rogne les derniers moignons « d’acquis » sociaux, il génère-gère de nouveaux filons d’extraction de profits au prix de ce qui tenait encore le tissu social du fantôme-État-providence, au prix d’une multitude de vies détruites. Il est foutu, CE monde, avec tous ses paradigmes, ses modèles, sa grammaire, ses gestes, son ADN !

Le mouvement-liquide, il n’a pas une tête pensante identifiable faite d’élites-intellectuelles, de maîtres-à-penser, ni d’idéologie-guide, et de leaders-décisionnaires, il ne peut être managé : il déferle. C’est un flux hydrique, un processus-mouvement qui ne peut être saisi depuis une photo aérienne, un compte de résultat, des mises en catégories ou sur écoutes. C’est un fleuve-marée qui se vit au cœur de ses courants et ses remous, renforçant sa force-rouleau au fil des crues, qui coule via de multiples bras qui s’agencent, il s’écrit depuis une mémoire collective qui creusent peu à peu son lit, depuis des expériences communes vécues qui confluent et font res-sources pour d’autres.
Cette séquence historique en cours est mûre pour inaugurer, rallier, poursuivre, visiter différentes tentatives. C’est donc aussi une époque mûre pour ritualiser des ronds-points de toutes sortes : ces lieux-catalyseurs qui permettent les réactions organiques, ces milieux-solvants favorisant les inter-actions autonomes, ces espaces-temps permettant la cristallisation d’expériences concrètes et, du coup, que des collectifs puissent prendre aussi et faire cultures.

Issues de tentatives en cours dans de multitudes espaces de vie, pourquoi ne pas … ?

… S’autoriser à prendre le temps, nécessité vitale, à l’arracher des (auto)prescriptions, des agendas, à faire grève pleinement, de s’autoriser à revendiquer le fait même de pouvoir refuser, de boycotter, de bloquer ce monde, de le contrer, à l’extérieur comme à l’intérieur, partout et dès que l’occasion se présente, se crée, ou surgit, de l’empêcher de nuire sur l’environnement comme en soi, de se désintoxiquer de la culture dominante inoculée profondément, de dé-consommer, de dés-obéir, de se dés-insérer de ce « système » et de ses idéaux-types passéistes à la démence destructrice. Assumer d’en « payer le prix » inhérent sur sa propre « carrière », son « capital », son « niveau de vie ». Car penser en limiter le « coût » pour soi et ses proches en continuant à en faire partie pleinement, à collaborer sagement, c’est alimenter et reproduire le fonctionnement de la matrice macro-social du pouvoir-mondialisé, aussi bien comme consommateur que comme producteur – employé ; le contrer et contribuer à sa thrombose, le saboter, c’est, pour commencer, (re)faire micro social en s’auto-organisant avec d’autres, à sa portée.

… Reprendre en main l’auto-administration de nos existences, mais aussi permettre celles des « sans statuts », comme celles des « sans papiers » et des « non-humains » (animaux, forêts, océans, rivières, etc…) qui co-habitent et font terre avec nous ; les chantiers-enquêtes à portée de nos affects-perceptions et de nos bras sont des portes d’entrée en matière à une échelle accessible qui permet aussi une prise de sens palpable, un faire-valeur, un faire-politique commun.e.

… Ouvrir de nouveaux imaginaires, expérimenter des pistes pour contrer ce monde-mortifère en explorant des façons de s’extraire de l’économie dominante, de partager l’activité, les revenus, les possessions, les habitats, les rues, les champs et forêts, voir de les squatter, de les (ré) occuper, les pirater, les hacker afin d’en explorer différemment leurs usages collectifs, de reprendre possessions de nos moyens d’existence en les bricolant nous même.

… Sortir la tête du guidon et des écrans, mettre ce monde dans lequel on est pris depuis trop longtemps « en pause », en « arrêt maladie » comme nous l’a (dé)montré le virus, oser faire un pas de côté, le ren-verser, commencer ou approfondir notre réflexivité pour com-prendre – (se) choper ensemble - les mécanismes qui nous dominent, les habitus que nous reproduisons, comprendre que l’adversaire n’est pas qu’« en dehors » mais aussi « au-dedans » de chacun.e et n’a pas besoin de beaucoup forcer, comprendre les rouages à l’œuvre de l’aliénation dont il est temps de s’exorciser collectivement. Les enquêtes communes cimentent des vécues éprouvés collectivement et permettent de (ré) écrire le social de gré à gré en reprenant puissance par l’habité des milieux de vie, en faisant et ré-habitant les commun.es.

… Participer et contribuer aux expérimentations qui germent un peu partout sans marketing, dans toutes les déclinaisons protéiformes de ZAD qui se répandent par exemple, toutes initiatives autonomes pour s’extraire de cette mélasse-matrice dénuée de sens, d’alimenter le dialogue avec d’autres tentatives ailleurs.

… Agir directement et concrètement pour que ces luttes et défenses d’alternatives, s’écoutent, entrent en dialogue, s’agencent, se frottent, se croisent, se (ré) approprient et habitent les conflits, fassent mémoire-histoire mais aussi ressources pour la poursuite d’autres expériences ; à contre sens de tout ce qu’empêchent les médias propagandistes, il est nécessaire de contrer la Culture distrayante du courant dominant, la submersion et la vitesse de l’information sur la toile. Ralentir le flux subit face à cette accélération productiviste dictée par l’économie appelant à zapper vers la nouveauté perpétuelle, c’est reprendre possession de nos rythmes et de nos contre-temps, c’est s’aménager du temps choisi et donc partageable, c’est contrer la dispersion énergivore.

… Rejoindre ou former des collectifs locaux permettant de penser et d’explorer la mise en œuvre de nouvelles utopies, en pillant s’il le faut les théories académiques d’en haut, pour les ré-investir et les agencer autrement, les tordre s’il le faut, rendre visible des concepts pratiques, « germant du bas », permettre des espaces-temps pour critiquer, remettre en cause, repenser, débattre, réfléchir, proposer et tenter des trucs-fous-créatifs, réactiver les liens entre arts, sciences dures et molles, philosophies politiques et poésie, à une échelle où il est possible de mettre à l’ouvrage dans des labos-oasis, le système D et l’intelligence collective pour faire commun.

… Etc …

Ainsi plus que la continuité de vœux souvent accompagnés de fausses promesses et de bonnes résolutions, ce sont des formes d’engagements dont il s’agit plutôt. Les engagé.es dans l’implication-action directe à contre-courant font le flux vital des tentatives, ces contre-mondes en gestation en ont besoin pour exister et œuvrer en contre-poing. L’énergie vitale tend vers cela de tous côtés sans qu’elle soit cantonnée au monde « social » des hommes.
En somme, c’est une sorte d’encre-sang d’intelligence collective pour s’écrire-vivre qui contribue au mouvement-hydrique : L’hydre, à la fois cet organisme à plusieurs têtes qu’il est impossible de tuer-décapiter, mais aussi ce polype (à nombreux pieds) capable de renouveler les parties de son corps qui lui sont enlevées, symbolise la multitude des tentatives de transformation radicale. A la fois têtes et pieds, la vitalité de l’hydre ne vient pas tant de sa capacité à (auto) produire des savoirs-humains extractibles du « sol » et donc transférables, exploitables en tant que « choses » figées, se refroidissant aussitôt, mais de sa capacité à favoriser les croisements-ressources des expériences communes - pas forcément coordonnées entre elles par un langage commun ni depuis une communauté pré-constituée - permettant à des processus-mouvements chauds de s’attaquer à des problèmes situés en explorant des agencements possibles, même de façon provisoire.

Plus qu’une nouvelle année de plus en continuité, cette séquence historique en train de se vivre est un processus polymorphe qui se propage sur un terrain d’en-quêtes-collectives faisant ressources pour les suivantes y compris par les conflits et les reconstructions ; il alimente l’énergie des insurrections-électrochocs contribuant à ce que se répande le processus surgissant de rupture-révolution, et vice versa.


P.-S.

Collectif GrisClairs


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