Dès sa première élection en 2014, le maire de Limoges Roger Lombertie commence le déploiement de caméras de surveillance partout dans la ville et fait doubler les effectifs de la police municipale en 5 ans. En plus d’un centre de supervision avec des flics payés pour regarder des écrans, ce sont déjà 196 caméras qui ont été installées en 8 ans. Lombertie a annoncé en installer 150 de plus d’ici à 2026 ! De 20 000 à 30 000 euros en moyenne par caméra c’est donc un budget de 10 millions d’euros sur ses deux mandats uniquement pour les caméras ! À cela doit s’ajouter la construction du centre de supervision et le coût de fonctionnement. Des millions d’euros pour fliquer l’espace public hissant Limoges à l’une des villes les plus surveillées de France [1] derrière Nice et l’obsession sécuritaire du maire de droite extrême Estrosi.
Le double discours de la mairie est ahurissant, soutenu par les médias montant en épingle des faits divers (aussi tristes soient-ils) : d’un côté, les millions engloutis dans la vidéo-surveillance et la police sont très efficaces pour lutter contre « l’insécurité » à Limoges ; de l’autre, malgré tous ces efforts, Limoges est une ville où l’insécurité se fait de plus en plus ressentir. Il y a arnaque sur la marchandise.
D’une part, il n’y a pas de problème de sécurité à Limoges, oui il y a des agressions et des violences occasionnelles, même graves, mais tout ça est bien exceptionnel. Les chiffres [2] le montrent et se balader seul en ville la nuit suffit à vous convaincre plutôt que de regarder BFM ou Cnews. Inutile en terme de « sécurité » [3], liberticide en terme d’espionnage de l’espace public, ruineuses, polluantes... La seule raison des caméras est une course à la société où tous les espaces doivent être gérés par l’État et sa police. Les populations sont vues comme des personnes à gérer, contrôler, espionner et réprimer dès la moindre sortie de route.
Comme tout cela ne sert à rien, Lombertie, lui même poursuivi dans une affaire de harcèlement moral, continue dans sa lancée d’extrême droitisation. Après Béziers, et son maire d’extrême droite R. Ménard, ou Nice, et son maire de droite extrême C. Estrosi, Lombertie annonce vouloir instaurer un couvre-feu pour les mineurs de moins de 13 ans au moins pendant l’été [4]. Utilisant toute la panoplie répressive qui s’ouvre au fur et à mesure nous pouvons nous attendre prochainement à l’installation de la vidéosurveillance algorithmique. Dans un contexte national de répression constante des moindres contre-pouvoirs le buldozer anti-social avance sans peine dans Limoges « la Rouge ».
À Limoges, les deux mandats de Lombertie ont permis le détricotage de tous les acquis en services publics, de la destruction du tissu associatif et culturel, de l’arrivée de la gentrification, des attaques permanentes contre les quartiers populaires et de l’explosion de l’arsenal répressif. Face à cette politique autoritaire-libérale nous n’avons pas réussi à monter des mobilisations d’ampleur malgré les mouvements successifs pour les salles associatives, les personnels des bibliothèques ou la fermeture du centre culturel. Un couvre-feu peut-il être la goutte d’eau qui fait déborder le lac ?
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