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Arrestations du 15 juin : synthèse et nouveau rendez-vous

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Selon la sale petite habitude qui s’est installée depuis quelques années, l’État et ses sbires ont monté une nouvelle opération avec les moyens de l’antiterrorisme et du renseignement pour procéder à de nombreuses interpellations et/ou perquisitions ce mardi 15 juin. Au bout de quelques jours, ce sont trois personnes qui sont mises en examen pour « association de malfaiteurs », et pour certaines, « destruction en bande organisée ». Un comité de soutien s’est créé officiellement ce samedi 19 juin. Il se réunira à nouveau ce samedi 26 au jardin d’Orsay à Limoges.

Cette opération a fait l’objet d’une publication sur la bogue, actualisée plusieurs fois au cours de la semaine. Les informations peuvent être retrouvées sur l’article en question : https://labogue.info/spip.php?article1040

Une semaine plus tard, on peut résumer les événements ainsi :

  • Des perquisitions ont été menées mardi 15 juin dès 6h du matin dans au moins six lieux différents en Creuse et Haute-Vienne, avec l’intervention de plusieurs dizaines de policiers et gendarmes armés assistés du personnel et des moyens (y compris de surveillance) de la sous-direction de l’anti-terrorisme. On apprendra dans la journée que l’enquête est liée à des dégradations matérielles ne mettant pas en danger les vies humaines : l’incendie de véhicules d’Enedis en janvier 2020 et l’incendie d’antennes de télé, radio et téléphonie aux Cars (sud de Limoges) en janvier 2021.
  • Six ou sept personnes ont été interpellées (la septième ayant peut-être "seulement" été convoquée pour audition dans la journée), et cinq autres perquisitionnées et entendues pendant l’intervention. Pour toutes, du matériel a été saisi : ordinateurs, téléphones portables, documents, objets personnels...
  • Six personnes ont été placées en garde-à-vue mardi 15 juin, à Nieul, Saint-Junien, Bellac, Aixe-sur-Vienne et Limoges (gendarmerie et commissariat central).
  • Trois personnes ont été libérées sans poursuites jeudi 17 juin.
  • Les trois autres ont été présentées à une juge d’instruction au tribunal de Limoges vendredi 18 juin. Elle les a mis en examen : pour deux d’entre elles pour destructions en bande organisée par moyen dangereux (dont destruction de biens relevant d’"intérêts fondamentaux de la nation") ; et, pour la troisième, pour association de malfaiteurs en lien avec ladite bande organisée.
  • Cette juge d’instruction a demandé un placement en détention provisoire pour les deux premières, et un contrôle judiciaire pour la troisième. Le juge des libertés a refusé, ce qui est assez rare, ces deux placements en détention provisoire demandés par la juge d’instruction et le procureur. Les deux personnes sont aussitôt sorties du tribunal, sous contrôle judiciaire, vendredi 18 juin. Cependant nous apprenons au moment de publier cet article que le parquet a fait appel de ces deux remises en liberté : cela signifie qu’une audience d’appel se tiendra bientôt sur cette question, dont l’issue sera peut-être une décision de placement en détention. Notons par ailleurs que les trois mis en examen ont interdiction de voir les autres mis en examen et/ou les autres gardé.e.s-à-vue.
  • Les questions posées lors des auditions ont permis de commencer à comprendre le récit policier en cours de construction (après en avoir constaté les fuites dans les colonnes du Populaire et de la Montagne). Les personnes ont notamment été interrogées sur leur activités et liens sociaux au sein de collectifs ou d’associations limousins estimés semble-t-il trop contestataires : la Chorale des Résistances sociales, le Cercle Gramsci, La Bogue, et plusieurs autres associations ou collectifs.
  • De très gros moyens de surveillance ont été utilisés depuis plusieurs mois. Après l’incendie des Cars, les téléspectateurs avaient été privés pendant plusieurs jours des doses quotidiennes d’Éric Zemmour et de Cyril Hanouna. L’heure était grave. La nation était touchée. La police a mis en place des filatures et des écoutes téléphoniques. Elle a mis des micros dans les maisons et dans les véhicules. Elle a installé des keyloggers sur les ordinateurs. Et relevé de l’ADN un peu partout.
  • Des "trombinoscopes" ont été présentées aux gardé.e.s-à-vue. Les flics prétendent que les relevés d’ADN incriminent une ou deux personnes arrêtées. Et ils disent avoir un autre ADN, masculin, dont ils recherchent toujours activement le "propriétaire".
  • La présence dans sa bibliothèque de l’excellente Revue Z a été présentée à une des personnes interpellées comme un élément à charge. Motif : un des textes de revendications d’incendie serait inspiré d’une page de la revue !
  • Le parquet et ses carpettes ont bien démontré une fois de plus leur paranoïa contre ce qu’ils appellent "l’ultragauche", leur empressement et leur grossièreté, prêts à tout confondre et tout mélanger dans un unique marécage séditieux.

Une opposition à cette opération s’est heureusement manifestée dès le départ et toute la semaine, notamment à Gentioux par une mobilisation sur les lieux de l’interpellation (30 personnes au moins pendant l’intervention), puis une assemblée d’une centaine de personnes le soir même ; des rendez-vous quotidiens devant l’hôtel de police de Limoges qui ont rassemblé de 30 à 80 personnes, et parfois subi une lourde pression policière (contrôle d’identité suivi d’une vérification au poste toute la nuit pour deux personnes, encerclement et menaces d’une trentaine de flics pour 30 personnes le lendemain...) ; un rendez-vous samedi 19 juin, place d’Aine, a permis de constituter un comité de soutien avec environ 80 personnes ; les échanges publics des proches et de leurs soutiens ont permis à tous de partager la dénonciation de cette opération, y compris dans son aspect politique et médiatique, et la détermination à ne pas se laisser indimider.

  • des communiqués de plusieurs structures ont été publiés pour dénoncer ces interpellations et méthodes (voir plus bas)
  • un nouveau rendez-vous est donné par le comité de soutien :

retrouvons-nous

samedi 26 juin

11 heures au jardin d’Orsay


Ci-dessous et en pièces jointes, l’appel du comité de soutien et les différents communiqués :

Appel à rejoindre le comité 15 juin

Ce samedi 26 juin à 11 heures jardin d’Orsay, à Limoges

Nous, premiers témoins et soutiens des personnes mises en cause par les arrestations et perquisitions du mardi 15 juin en Creuse et Haute-Vienne, appelons au rassemblement des soutiens les plus nombreux, ce samedi 26 juin à 11 heures, au jardin d’Orsay à Limoges.

Nous avons vu des policiers armés et cagoulés arrêter sept personnes ce mardi 15 juin à 6h, une scène brutale et choquante pour les voisins et amis présents sur place à cause de la débauche de moyens parfaitement disproportionnés qui a été déployée : la Sous Direction Anti Terroriste (qui s’est déjà tristement illustrée en Limousin lors de l’affaire Tarnac), le Peloton Spécial d’Intervention de la Gendarmerie, la police judiciaire et la gendarmerie du secteur, rien que cela : une dizaine de voitures pour interpeller une institutrice chez elle, avant sa journée de travail. Une rafle matinale, accompagnée de perquisitions, qui s’est déroulée au même moment à différents endroits du Limousin avant de conduire ses sept victimes dans les commissariats de Limoges, Saint Junien, Bellac, et d’autres encore, pour une garde à vue pouvant durer jusqu’à 96h.

Ils ont entre 45 et 70 ans : une directrice d’école, une potière, un plombier, une menuisière, un chargé de cours à l’université et une infirmière, à avoir fait les frais de cette opération ; ce sont surtout des citoyens, parmi les (trop) rares engagés professionnellement et bénévolement au service des gens et de la collectivité.

On les soupçonne de « destructions matérielles en bande organisée portant atteinte aux intérêts de la Nation » et d’« association de malfaiteurs » suite à deux événements : l’incendie, en début d’année, d’antennes TDF de diffusion de la TNT et de la téléphonie mobile, et celui un an auparavant de véhicules Enedis. Rien en tout cas qui ressemble de près ou de loin à des actes de terrorisme, alors que ce sont bien les moyens de l’antiterrorisme (SDAT, garde-à-vue prolongée) qui sont employés : la seule répercussion de l’événement en question a été une coupure de télévision de quelques jours. Absolument rien qui justifie qu’on déploie un dispositif aussi démesuré ; n’aurait-on pas pu les convoquer simplement dans le cadre de l’enquête ? C’était sans compter la montée de la violence d’État qui s’est opérée ces derniers temps à l’égard de tout citoyen par les moyens de plus en plus étendus donnés aux forces de police et l’élargissement des mesures d’exception de plus en plus intégrées au droit commun.

L’opération ressemble à un coup de filet assez large et mal ajusté pour faire du renseignement sur des gens dont les engagements humanistes déplaisent au pouvoir. Au moins trois perquisitions ont même été menées chez des personnes convoquées finalement en tant que témoins ! Il ne manquait plus que le spectre de l’utra-gauche pour les amalgamer dans un discours grossier qui justifie la mise en scène policière, à quelques jours à peine des élections régionales et départementales qui verra surtout s’affronter l’ultra-droite et un ultra-centre de plus en plus extrémiste.

Nous constituons aujourd’hui un comité de soutien pour que ces personnes, prises malgré elles dans la trame de cette sordide pièce de théâtre politique ne soient pas isolées et puissent se défendre contre la violence qui leur est faite sans se retrouver broyées par cette grande machine à fabriquer des ennemis intérieurs que nous avons déjà trop vue à l’œuvre.
Nous constituons également ce comité pour dénoncer ensemble la radicalisation sans frein d’un pouvoir aux abois, qui use de terreur et de surveillance pour masquer sa peur d’avoir un jour des comptes à rendre à tous ceux qu’il maltraite au quotidien.

Ce mardi 15 juin, c’est donc sept personnes qui furent interpellées, et cinq de plus (ainsi que deux enfants) qui subirent intrusion policière, perquisition et saisies de matériel ; trois jours plus tard, seules trois des personnes ciblées étaient poursuivies, et les autres relâchées sans charges.
Ce mardi 15 juin et les suivants, c’est aussi des dizaines de soutiens qui commencèrent à se mobiliser pour dénoncer une police et une justice qui se permettent de surveiller et inquiéter n’importe qui, n’importe quand, n’importe comment.
Samedi 19 juin, c’est environ 80 personnes qui ont répondu à une première invitation du « comité 15 juin ».
Nous nous retrouverons à nouveau ce samedi 26 juin à 11 heures, jardin d’Orsay, à Limoges, pour une nouvelle réunion publique ; nous appelons tous les soutiens à rejoindre ce comité,

À samedi !

Rejoignez-nous, contactez-nous, soutenez le comité par des dons et des interventions publiques. Notre numéro : 06.23.44.31.52
Des informations sont relayées régulièrement
sur le site d’infos locales https://labogue.info
et sur notre facebook SoutienArrestations15juin

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Le communiqué de la chorale des résistances sociales :

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Le communiqué snuipp-fsu-cgt :

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Le communiqué de l’OCL :

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Le communiqué de l’UCL :

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