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Zineb, on n’oublie pas. La riposte est la seule voie !

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Le 1er décembre 2018, une marseillaise de 80 ans postée à la fenêtre de son appartement au 4e étage reçoit de plein fouet une grenade lacrymogène tirée au canon par les forces de l’ordre au cours de l’acte III des gilets jaunes.

Elle décède de ses blessures le lendemain...

Il y a trois sortes de violence. La première, mère de toutes les autres, est la violence institutionnelle, celle qui légalise et perpétue les dominations, les oppressions et les exploitations, celle qui écrase et lamine des millions d’hommes dans ses rouages silencieux et bien huilés.

La seconde est la violence révolutionnaire, qui naît de la volonté d’abolir la première.

La troisième est la violence répressive, qui a pour objet d’étouffer la seconde en se faisant l’auxiliaire et la complice de la première violence, celle qui engendre toutes les autres.

Il n’y a pas de pire hypocrisie de n’appeler violence que la seconde, en feignant d’oublier la première, qui la fait naître, et la troisième qui la tue.

Dom Helder Camara

Le 1er décembre 2018, une marseillaise de 80 ans postée à la fenêtre de son appartement au 4e étage reçoit de plein fouet une grenade lacrymogène tirée au canon par les forces de l’ordre au cours de l’acte III des gilets jaunes.

Elle décède de ses blessures le lendemain.

Le 30 octobre 2021, le patron de la police nationale annonce le classement sans suite de cette affaire.

Dans l’intervalle, la contre-enquête menée par sa famille et des collectifs de soutien, bien que confrontée à de nombreuses rétentions d’informations et maquillages, a pu démontrer sans doute possible la responsabilité des forces de l’ordre ; l’appartement de Zineb Redouane a de son côté été placé sous scellées dès le 5 décembre, n’a fait l’objet d’aucune visite d’enquêteurs et a finalement été revendu ; la compagnie de CRS à laquelle appartenait l’auteur du tir n’a fait l’objet d’aucune enquête de la part des services compétents ; le témoignage de Zineb, qui expliquait au téléphone qu’un policier la visait quelques instants avant le tir, n’a fait l’objet d’aucune considération…

Le 1er décembre 2018, une femme a été blessée à mort par les feux de la violence répressive. Et après ?

Depuis lors, nous avons connu la suite du mouvement des gilets jaunes, que seul un confinement général 28 mois plus tard aura pu étouffer (mais dont les braises et les raisons brûlent encore).

Nous avons connu la « crise du COVID », avec l’incurie des gouvernements, leurs manipulations de masse, leur techo-« monde d’après » tellement pire que le précédent, et même la dénonciation quasi-unanime et condescendante envers celles et ceux qui se sont soulevés contre celui-ci.

Nous avons connu la systématisation de la répression violente, la répression et le harcèlement judiciaires toujours plus débridés, le déni de réalité et de responsabilité encore cent fois réitérés, et encore et toujours, ces signes de surveillance totale et ces interventions au petit matin pour écraser ce qui semble s’agiter un peu trop…

Des mutilations aux humiliations, des meurtres étouffés aux interpellations arbitraires, l’ « hypocrisie » s’assume, communique, et pas-à-pas, habitue tout le monde au pire. Chaque exaction de l’État fait un peu moins de bruit que les précédentes ; et bientôt un soulèvement suivi de couvre-feu dans les Antilles ne suscite, même après deux semaines, presque aucun article dans les medias « militants ». Les gouvernements et leurs polices comptent sur l’isolement, les manipulations et l’habituation à leur hypocrisie pour poursuivre leur méfaits et faire oublier qu’il sont la première source de toute violence sociale. Tout, ou presque, semble leur donner raison…

Relevons la tête !

Un article paru ces derniers jours sur le site mars-infos.org replace le meurtre de Zineb dans toutes ses dimensions, rappelant les exactions du pouvoir et de sa police à Marseille comme au-delà, et appelle à un week-end de rencontres et d’actions pour ne pas oublier et « poursuivre la lutte contre les crimes et l’oppression policière dans les quartiers, en manif, dans nos vies ».

Les collectifs « vérité et justice » créés suite aux incessantes bavures policières continuent à se faire connaître et à se rencontrer, et mènent de plus en plus souvent des actions communes. Les personnes ciblées par l’arbitraire (anti-)terroriste et leurs soutiens se rencontrent elles aussi, comme l’ont proposé les comités 812 et le comité 15 juin ainsi que le comité de soutien aux inculpés de Bure. Les personnes « mutilées pour l’exemple » et leurs soutiens, dans leur lutte contre l’armement et l’impunité policières, continuent elles aussi à se faire connaître et à se rencontrer.

De tous ces espaces, de toutes ces rencontres, les liens se tissent, les histoires se racontent et se partagent, et quelque chose doit enfin émerger qui permette de contrer la violence répressive, et surtout, au-delà d’elle, celle « qui fonde toutes les autres ».

Le monde se referme. Ne faisons plus profil bas.

Justice et vérité, pour Zineb et pour tous !

La riposte est la seule voie : organisons-nous !


Le « comité 15 juin »
constitué en soutien aux personnes interpellées et inquiétées
lors de l’intervention policière du 15 juin 2021 en Limousin


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