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Opposition aux coupes à blanc sur le plateau de Millevaches : préfecture et gendarmes font monter la tension, le comité appelle à se tenir prêt

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Dans un article précédent, nous avons relayé le communiqué du « comité spontané de défense du bois du chat » à Tarnac. Le présent article fait le point sur la manière dont la préfecture tente de faire monter la tension, et sur l’état de la mobilisation.

Hier lundi 13 février, les opposants à la coupe rase au dénommé « bois du chat » à Tarnac ont marqué un point. Les bûcherons venus pour reprendre la coupe de cette superbe forêt de 6 hectares (avec 14 hectares de plus menacés sur les pentes de la Vienne) ont été accueilis par une cinquantaine de personnes (et quatre voitures de gendarmes). Face à la détermination du groupe, ils ont décliné le café et les croissants et leur chef les a envoyés travailler sur un autre chantier. Aucune hostilité à leur égard cependant, comme en atteste le communiqué publié en fin de journée. Les opposants ont préféré envoyer une délégation pour parler directement aux donneurs d’ordres (la société ARGIL à Égletons) et leur remettre en main propres la plainte qui a été déposée pour non-respect du droit de l’environnement (pièce jointe).

Ce mardi 14 au matin, les opposants ont continué à mener leur vigie quotidienne. Ils ont pu constater que les bûcherons ne revenaient pas encore, mais que les gendarmes (qui passent dernièrement plusieurs dizaines de fois par jour dans le bourg de Tarnac) avaient apposé de nombreuses affiches interdisant le stationnement dans les 3 km entourant le chantier !

L’arrêté préfectoral est croustillant, et cite même votre média préféré en épouvantail :

... que dire face à une telle construction ?

Hormis l’habituelle novlangue administrative à coup de « Considérant », on relèvera quand même :

  • que la préfecture donne la date de fin des travaux (le 24 mars), permettant à chacun-e de préparer son agenda :)
  • que le renseignement territorial persiste dans son travail et ses délires concernant tout ce qui peut se passer sur le plateau.
  • que ce quatrième paragraphe où la Bogue est qualifiée de « media de la mouvance ultragauche violente » méritait au moins un coup de pub !... surtout quand on sait qu’à part chercher à négocier avec insistance, les opposantes sont restés jusqu’ici particulièrement calmes. De quoi se demander d’où et de qui pourrait bien venir la « violence » (cf les photos de banderoles ultra-radicales en fin d’articles).
Quoi qu’il en soit de ces agitations bien dérisoires, les opposants restent clairs et maintiennent leur appel et leurs revendications : en cas de reprise de la coupe, ils appellent tous les soutiens à se retrouver sur la place du Coudert à Tarnac et à venir sur le site. Par navettes, en cortège sur la route, ou par les bois : il faudra autre chose pour empêcher que la plus belle forêt du coin soit transformée en pâte à papier pour être remplacée par des monocultures et des opérations financières.

La coupe a déjà été empêchée une première fois. Elle inspirera peut-être d’autres ras-le-bol. En cas de reprise, les vigies et la mobilisation placent la préfecture et les promoteurs de ce chantier destructeur dans une situation difficile. En interdisant préventivement tout stationnement, ils usent d’une arme réglementaire ridicule pour tenter d’empêcher quelque chose qu’ils ne pourraient de toute façon pas stopper. Ils tentent de faire monter la tension en relayant de vieux fantasmes et en suggérant qu’ils pourraient carrément bloquer la circulation pour permettre cette destruction. Mais les bois sont vastes, le ras-le-bol bien présent bien nourri, les auteurs sensibles au sort de la planète aussi (l’association Canopée, Reporterre... la Montagne et France 3 s’étant exprimés en faisant défection ce 13 février), et en définitive on voit mal quel genre de dispositif pourrait être mis en place pour empêcher totalement l’opposition à cette coupe. Mieux vaut agiter des épouvantails ?

Un recours a été déposé par plusieurs associations contre le caractère illégal de ces travaux sur différents points. Un autre est envisagé contre l’arrêté prefectoral. Les mobilisations sur place l’appuient et le motivent. Dans les tribunaux, sur les routes et les pistes, et dans les têtes, les barricades ne font que commencer à pousser. Les manigances des autorités et de la mafia des exploitants forestiers auront fait long feu.

On veut des forêts vivantes, et une planète itou !


Note complémentaire : le comité spontané de défense du bois du chat a publié aujourd’hui le communiqué qui suit en réponse à cet arrêté :

Circulez, il n’y a rien à voir
(Comité spontané de défense du Bois du Chat – communiqué de presse du 15/2/2023)

Par un arrêté daté du 10 février et affiché depuis hier aux abords de nos villages, le Préfet de la Corrèze interdit jusqu’au 24 mars « l’arrêt et le stationnement de véhicules » sur les routes et les chemins menant à ce qu’on appelle désormais le Bois du Chat. Cette mesure serait, aux dires du Préfet, motivée par la nécessité d’éviter tout « trouble de l’ordre public » et « accident pour les automobilistes et les passants ».

Pourtant, tous les rassemblements qui ont eu lieu à cet endroit se sont déroulés dans le calme, sans débordements et sans que la circulation et la sécurité des présents en soient compromises.

Pour étoffer ses minces arguments, le Préfet de la Corrèze agite l’épouvantail de « l’ultragauche » et de la « mouvance violente », fruit d’affabulations policières de triste mémoire, pour essayer de stigmatiser, diviser et isoler notre mouvement.

Le Comité spontané de défense du Bois du Chat réunit des citoyennes et des citoyens d’âges, de conditions et convictions différentes, mais tous unis pour la défense des forêts de notre territoire. Nous sommes plus que jamais déterminés à dénoncer et empêcher le véritable crime écologique que la société Argil s’apprête à perpétrer au Bois du Chat.

Au nom du « circulez il n’y a rien à voir », cet arrêté du Préfet de la Corrèze n’est qu’une tentative maladroite de le couvrir en créant un « cordon sanitaire » autour de cette forêt. Nous y voyons aussi une provocation dangereuse et une entrave au droit de chacun de manifester son désaccord de façon pacifique. Qui plus est, notre démarche est soutenue par des élus, des associations de défense de l’environnement et des personnalités de tout bord.

Cet arrêté ne diminue pas notre détermination et nous demandons :
• Au Préfet de la Corrèze, de retirer immédiatement cet arrêté qui a comme seul résultat de gêner et limiter de façon injustifiée la liberté de circuler de tous les habitants de la commune de Tarnac ainsi que tous ceux qui empruntent la route entre Tarnac et Peyrelevade.
• Au Préfet de la Corrèze, de démontrer le même zèle en prenant en considération la demande de mise en demeure que lui a été adressée par notre conseil en date du 9 février 2023, au sujet des irrégularités qui émaillent le dossier du chantier ; courrier qui repose désormais sur son bureau.
• A tous, d’être vigilants et de repousser toute provocation et toute tentative d’entraver la liberté de manifester.

Nous le réaffirmons :
• Nous serons sur place, à chaque tentative de reprise de la coupe rase, pour nous y opposer jusqu’à son abandon total et définitif.
• Nous n’avons aucune hostilité à l’égard de l’équipe de bûcheronnage mais condamnons les choix industriels désastreux pour les forêts et leurs habitantes, habitants et tous ceux qui y travaillent.

Le comité spontané de défense du Bois du Chat.



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