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Bois du chat à Tarnac : la coupe de nouveau empêchée et un appel pour le 6 mars

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Ce mercredi, des bûcherons escortés par une vingtaine de gendarmes (dont le PSIG) ont tenté de reprendre la coupe rase d’une forêt de feuillus en bord de Vienne, à Tarnac, malgré la contestation et les recours de la population locale. Certaines instances de la filière forestière appellent à une contre-manifestation lundi 6 mars pour soutenir la coupe. Les opposants appellent également à un rassemblement.

Ils sont passés par les pistes, et ont commencé à couper vers 10h30 à l’angle opposé de celui où la soixantaine d’opposants à la coupe s’étaient rassemblés pour tenter de les décourager. Les bûcherons chargés par la propriétaire de couper à ras cette belle parcelle de chênes et de hêtres située en zone Natura 2000 étaient entourés d’une vingtaine de policiers. Les opposants sont intervenus immédiatement, et seulement une demi-douzaine d’arbres ont pu être abattus... Le chantier n’a pas repris ce jour-là, ni le lendemain, et les opposants continuent d’organiser des vigies et des rondes pour s’assurer que ce ne soit pas le cas (voir plus bas le communiqué).

Cependant, dans la même semaine, le syndicat forestier SEFSIL a lancé un appel à rassemblement pour le lundi 6 mars à 8h à l’adresse de tous ses adhérents, pour appuyer le travail des forestiers, refusant totalement d’entendre les arguments et les recours juridiques des opposants. Il a depuis été rejoint dans son appel par d’autres structures, dont Fransylva. Le comité de défense du bois du chat a répondu publiquement à la lettre du SEFSIL, en appelant à un autre rassemblement à 8h30 à quelques kilomètres de là, dans le bourg de Tarnac, et en proposant la mise en place d’une délégation, « au moins le temps que soit mise en place une réelle réflexion » (voir plus bas la lettre ouverte)

Mise à jour le 04/03 : Le comité de défense du Bois du chat vient de recevoir une invitation de la part la députée de Creuse Catherine Couturier, présidente d’une mission parlementaire sur l’adaptation au changement climatique de la politique forestière et la restauration des milieux forestiers, qui s’est saisie
du dossier. Les différentes parties concernées sont conviées à participer à une table ronde : le comité de défense du Bois du Chat, la propriétaire, l’exploitant, le PNR, le CNPF, la préfecture, l’association Canopée, et les députés du Limousin.

Ils répondrons bien sûr favorablement à cette invitation puisqu’ils ont depuis le mois de décembre affirmés leur volonté de dialogue et espèrent que les autres parties feront de même. Cette table ronde est prévue 9h au Bois du Chat, à 2km du bourg de Tarnac sur la D160 menant à Peyrelevade.

Communiqué du comité de défense du bois du chat suite à la tentative de reprise de la coupe ce mercredi 1er mars :

Aux premières heures de ce 1er mars, de nombreux habitant.es du plateau de Millevaches se sont rassemblé·es, à l’appel du Comité de défense du Bois du Chat, aux abords de cette forêt de feuillus située sur la commune de Tarnac (Corrèze) et vouée par son propriétaire à la totale destruction pour être remplacée par une plantation de résineux.

En milieu de matinée, les bûcherons mandatés par le forestier en charge du chantier (ARGIL), accompagnés d’un fort dispositif policier comprenant des maîtres-chien et des hommes du PSIG, ont essayé de redémarrer la coupe. La prompte réaction des habitant·es qui se sont interposé·es avec fermeté mais sans aucune violence, a provoqué l’arrêt immédiat de l’abattage et permis pour une deuxième fois de stopper ce chantier emblématique des pires dérives de la filière bois, qui se font aux dépens des travailleurs et des forêts.
Les habitant·es se sont maintenu·es sur place jusqu’au départ, peu après, des bûcherons et des gendarmes.
Entre-temps, et tout au long de la matinée, la lutte en défense du Bois du Chat et de tout ce qu’elle représente, a continué à recevoir le soutien de femmes et hommes politiques : Catherine Couturier - députée de la Creuse (LFI), Nicolas Thierry - député de Gironde (EELV), Marie Toussaint - élue au parlement européen (EELV), Chloé Herzhaft - secrétaire régionale de EELV Brive et d’Amandine Dewaere - conseillère régionale Nouvelle-Aquitaine, élue de Corrèze (EELV).

Lundi 6 mars, le Syndicat des exploitants forestiers et scieurs industriels du Limousin (SEFSIL) a appelé à un rassemblement à 8h sur la parcelle pour apporter son soutien à l’exploitant et au propriétaire. Nous leur avons déjà signifié notre volonté de discuter, dans un climat apaisé et constructif, des possibilités de concilier l’économie liée à la forêt et le respect de ce qui est précieux dans notre environnement. Nous espérons sincèrement qu’ils acceptent notre invitation.

Mais, qu’il soit clair, notre détermination ne va pas fléchir et nous serons là, comme aujourd’hui, à chaque tentative de reprise du chantier !

Et, comme nous le faisons depuis le début de notre mobilisation, nous demandons :
– L’arrêt définitif du chantier de coupe rase au Bois du Chat
– Un moratoire immédiat sur les coupes rases de forêts de feuillus
– La fin des politiques publiques encourageant un système industriel basé sur la monoculture et la coupe rase programmée

Le Comité spontané de défense du Bois du Chat

Lettre ouverte aux récipiendaires de l’appel du SEFSIL à soutenir la coupe du bois du chat

Mesdames et messieurs les adhérentes et adhérents du SEFSIL,
Mesdames et messieurs les professionnelles et professionnels de la filière bois du Limousin,

Vous n’êtes pas sans savoir que le projet de coupe rase d’une forêt de feuillus en bord de Vienne, au lieu-dit « le bois du chat » à Tarnac (Corrèze), suscite depuis plus de deux mois l’opposition de différents habitants et élus, ainsi que des recours juridiques. Vous savez également que le bureau du SEFSIL, par un communiqué du 24 février 2023, a lancé un appel à rassemblement pour le 6 mars en soutien aux exploitants du site. Par le présent courrier, nous voulons y répondre simplement et vous inviter au dialogue.

Depuis le début de notre mobilisation, notre message est parfaitement clair : nous défendons la forêt tout autant que celles et ceux qui y travaillent, les deux étant évidemment indissociables. Pour les forestiers qui nous disent « de toute façon, si c’est pas moi qui le fait, ce sera un autre... », nous demandons une évolution du cadre légal, de manière à ce que plus personne ne se retrouve pris dans de tels tiraillements. Le droit étant le fruit des luttes passées, notre revendication est claire et minimale, et nous sommes convaincus qu’elle est au bénéfice de tous :

Non aux coupes rases de feuillus
Oui aux éclaircies

Comme nous le constatons ces derniers mois, le mouvement général dont notre mobilisation n’est qu’une des expressions est inexorable. Il est dans l’air du temps comme on dit, et de nombreux pays européens y ont déjà répondu. Habitants locaux de toutes sensibilités, opinion publique, médias, communauté scientifique et forestiers expriment de plus en plus ouvertement leur hostilité aux coupes rases de feuillus.

La direction du SEFSIL voudrait rassembler l’ensemble de la filière bois autour de l’image que la société ARGIL donne du travail forestier, « le lundi 6 mars à 8h sur la parcelle du bois du chat ». Elle voudrait faire de ce rassemblement une manifestation de l’unité de la filière. Mais vous savez mieux que nous combien ces pratiques divisent et créent des tensions, notamment à l’intérieur même de la filière. Pour nous c’est une évidence : le remplacement de cette forêt vivante et diversifiée par une plantation en (quasi-)monoculture est le symbole des dérives d’une foresterie industrielle prisonnière des logiques financières, mondialisées et mortifères. Mais pour vous ? Êtes-vous vraiment convaincus de vouloir en faire le symbole de la sylviculture que vous défendez ? Voulez-vous vraiment que la filière soit représentée, dans le cadre d’une couverture médiatique déjà sans précédent, par ces images de coupe rase de feuillus en bord de Vienne et en zone Natura 2000 ?

La filière bois annonce cette année une croissance record. N’est-ce pas le moment pour elle de faire un geste ? Ne serait-il pas plus profitable pour tout le monde de mettre en phase les moyens de production avec les exigences de notre époque, celles des consommateurs, celles de la population, celles de la préservation de nos terres et de notre environnement à tous ? Ce qui est actuellement un conflit ne pourrait-il pas être une formidable publicité pour la filière bois du Limousin, si nous étions capables d’étudier sereinement ensemble les possibilités de concilier l’économie liée à la forêt et le respect de ce qui est précieux dans notre environnement ? Le schéma régional de gestion forestière, qui est inchangé depuis 17 ans, est actuellement en cours de renouvellement, impliquant la Région et le ministère : c’est le moment de s’écouter et de réfléchir ensemble à la mise en œuvre d’une mesure emblématique journée vers l’avenir et le dialogue.

Un dialogue qui pourrait débuter, si vous le voulez, le lundi 6 mars au matin. Ce jour-là, nous vous invitons nous aussi à un rassemblement non loin de la parcelle : vous y êtes tous et toutes convié·es afin de tenter de dépasser ce conflit stérile, qui se fonde en réalité sur des intérêts qui ne sont pas les nôtres. Rendez-vous à 8h30 dans le bourg de Tarnac, place du Coudert. Nous enverrons également une délégation pacifique sur le lieu du rassemblement initié par la direction du SEFSIL, dans l’espoir que les personnes présentes acceptent la suspension des travaux, au moins le temps que soit mise en place une réelle réflexion.

Ce que nous voulons, c’est simplement que le bon sens et l’intelligence l’emportent, par le dialogue entre les personnes de bonne volonté et la mise au jour de nos intérêts communs, qui ne sont certes pas ceux des donneurs d’ordre et des financiers, mais plutôt ceux d’un travail digne et respectable qui permette de concilier les nécessités de l’exploitation forestière et la préservation de notre maison commune.

Respectueusement,

Le comité de défense du Bois du Chat