Amine, Bryan, Abdou et Issa [1] ont l’habitude de se croiser à l’école, au City-stade ou à l’épicerie du coin. Depuis quelques jours, ils se croisent plutôt la nuit dans le contexte particulier que nous connaissons. Ils ont entre 18 et 25 ans, viennent de quartiers populaires d’Ile-de-France.
Nahel avait seulement deux ans de plus que mon petit frère, vous vous rendez compte ? Mon petit frère !
Spontanément, ils sont descendus dans la rue, masqués, pour crier leur colère dès mardi soir : « Il était urgent de dénoncer ces violences et de demander justice », commence Amine. Bryan poursuit : « Le vase, il a débordé depuis bien longtemps. Ce qui s’est passé à Nanterre cette semaine, c’était la fois de trop. Nahel avait seulement deux ans de plus que mon petit frère, vous vous rendez compte ? Mon petit frère ! » La conversation est rythmée de silences. Le jeune homme raconte à quel point il s’est identifié à ce drame « et je ne suis évidemment pas le seul, on est tous des Nahel aujourd’hui. »
Tu connais, les contrôles vu où on habite, c’est la routine
« Je pense que toute personne ayant connu un contrôle au faciès s’est sentie concernée par cet événement. Tu connais, les contrôles vu où on habite, c’est la routine », reprend Amine, qui raconte se faire contrôler par la police depuis beaucoup trop longtemps et beaucoup trop souvent.
Des contrôles de police « humiliants »
« Ces contrôles sont toujours humiliants, même quand ça se passe bien, il y a toujours ce ton, ce mot qui pique, ces remarques racistes de trop. On a l’habitude d’entendre nos mamans insultées lors de ces contrôles. Tout ça, c’est pas violent ? », enchaîne Issa, plus discret jusqu’ici, étudiant en BTS. « En réalité, il n’y a pas de dialogue possible avec la police quand on nous manque autant de respect », rebondit Abdou.
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