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Lafarge, Daesh et la DGSE. La raison d’Etat dans le chaos syrien

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Audience de Lafarge à la Cour de cassation, pour statuer sur le maintien de la mise en examen pour mise en danger de la vie d’autrui.

En octobre 2022, le volet américain de l’affaire Lafarge se clôturait. Le premier producteur de ciment au monde était poursuivi aux États-Unis pour avoir porté atteinte à la « sécurité nationale » afin de maintenir son activité en Syrie au prix du versement de commissions à divers groupes terroristes comme le Front Al-Nosra (à l’époque affilié à Al-Qaida) mais aussi à Daesh. La firme décidait de plaider coupable et de débourser 778 millions de dollars en échange de l’abandon des poursuites. Le volet français de l’affaire est loin d’être terminé. En France Lafarge n’a pas la possibilité de se débarrasser du fardeau en faisant briller la monnaie. Il n’est pas sûr pourtant que ce soit la vertu qui pousse la justice française à traiter cette affaire encombrante, dans laquelle l’industriel, le pouvoir politique et les services de renseignement du pays des droits de l’homme traitent l’éthique comme une balle de flipper.

C’est un véritable feuilleton judiciaire que l’histoire au long cours de cette plainte. C’est en octobre 2016 que le parquet de Paris ouvre une enquête préliminaire, faisant suite à une plainte du ministère des Finances pour « relations financières illicites entre la France et la Syrie ». Dans cette enquête les auditions des neuf principaux responsables de Lafarge et de sa filiale Lafarge Cement Syria (LCS) décrivent de l’intérieur l’entêtement du groupe de ne pas abandonner la cimenterie que l’entreprise possède en Syrie, cela afin de conserver un avantage stratégique dans la perspective de la reconstruction du pays.

En 2016 l’ONG Sherpa et onze anciens employés syriens de l’usine déposent plainte en France contre Lafarge, sa filiale syrienne ainsi que ses dirigeants pour complicité de crime contre l’humanité, financement d’entreprise terroriste, mise en danger délibérée de la vie d’autrui, exploitation abusive du travail d’autrui et conditions de travail indignes. Une instruction est ouverte en 2017 et le procureur joint à l’instruction un nouveau chef d’inculpation, la violation d’embargo.

Entre la fin de l’année 2017 et la mi 2018, plusieurs anciens dirigeants de Lafarge sont aussi personnellement mis en examen sous plusieurs chefs d’inculpation dont celui de financement d’une entreprise terroriste. En juin 2018 la société Lafarge elle-même est mise en examen pour complicité de crime contre l’humanité, violation d’embargo, mise en danger d’autrui et financement d’entreprise terroriste.

En 2022, après des délibérés et des renvois, la chambre d’instruction confirme la mise en examen de Lafarge SA pour complicité de crime contre l’humanité et mise en danger délibérée de la vie de ses salariés syriens. L’entreprise se pourvoit alors à nouveau en cassation. Si les chefs d’inculpation de financement du terrorisme et de complicité de crimes contre l’humanité ont tous deux déjà été confirmés par différentes chambres, Lafarge cherche encore à contester celui de mise en danger de la vie d’autrui.

Il s’agissait donc, ce 19 septembre, pour la Cour de cassation de statuer sur le maintien ou non de la mise en examen de Lafarge concernant ces faits de mise en danger de la vie d’autrui.

Lafarge en Syrie

Fin 2007 Lafarge achète à l’entreprise égyptienne Orascom, une cimenterie encore en construction à Jalabiya, à 87 km de Raqqa, dans le nord-est de la Syrie. C’est un investissement de plus de 600 millions d’euros pour Lafarge Cement Syria. Afin de s’implanter en Syrie, le groupe a besoin d’un appui proche du pouvoir. C’est Firas Tlass, une des plus grandes fortunes du pays, qui en devient actionnaire. Fils de Mustafa Tlass, officier de l’armée et ministre syrien de la Défense de 1972 à 2004, c’est un personnage important dans l’affaire pour les liens qu’il entretient ensuite avec la DGSE.

Le site de Jalabiya est mis en service en 2010 et emploie des Syriens et des Français expatriés. Entre 2013-2014, alors que le conflit en Syrie s’intensifie et que l’État Islamique prend possession de territoires proches de la cimenterie, pas question de stopper la production. L’entreprise aurait donc versé, via sa filiale syrienne, près de 13 millions d’euros à des groupes armés, dont Daech, et à des intermédiaires, afin de maintenir son activité. Cela sans compter tout le béton que l’entreprise leur a aussi vendu.

La direction du site, de toute évidence consciente des dangers, fait rapatrier ses employés français. Le fonctionnement de l’usine ne repose alors plus que sur une trentaine d’employés syriens. Ceux-ci sont régulièrement menacés, puis en octobre 2012, neuf employés de l’usine sont kidnappés sur la route de la cimenterie. Lafarge doit payer une rançon de 200 000 dollars pour les libérer. A partir de 2013, Firas Tlass devient l’intermédiaire qui permet de payer les pots-de-vin aux check-points contrôlés par Daech afin de permettre aux camions d’entrer et de sortir de l’usine.

Les tractations sont opérées par les cadres de Lafarge, dont deux anciens militaires et deux professionnels du renseignement à qui est confiée la sécurité du site. A ce stade, les programmes industriels et militaires ne font plus qu’un.

Au bout de trois années de guerre civile, le 29 juin 2014 l’État islamique proclame le Califat. Le même jour, à Raqqa, un cadre de Lafarge informe par mail ses supérieurs qu’il a pris rendez-vous avec un « responsable de l’État islamique » pour négocier la sécurité des employés du site. Puis Firas Tlass négocie aussi un rendez vous avec les cadres de l’EI. Le 20 juillet 2014, il écrit : "J’ai mis l’offre suivante sur la table : 10 millions de livres syriennes par mois, pour le libre passage des matières premières et du personnel." Une somme qui correspond à 25 000 euros.

Le compromis ne dure pas puisque Daech attaque et occupe l’usine le 19 septembre 2014. 27 personnes se trouvent encore dans la cimenterie, elles parviennent à quitter les lieux par leurs propres moyens. En 2015 le site est repris par les Kurdes.

Mais pendant toute la période entre 2011 et 2014, l’usine de Jalabiya a servi de base pour tout le renseignement français, DGSE (Direction générale de la sécurité extérieure), DGSI (Direction générale de la sécurité intérieure) et DRM (Direction du renseignement militaire). Tous bien contents d’avoir un pied dans la zone alors que toutes les entreprises et ambassades avaient plié bagage. Au moins douze rendez-vous entre le cadre de sûreté de Lafarge et un officier de la DGSE auraient eu lieu entre 2011 et 2014. Le maintien de l’activité de Lafarge en Syrie est le fruit de la rencontre entre les intérêts de l’État incarné par les services de renseignement et l’avidité des cadres du groupe réticents à lâcher leur nouvelle usine.

L’affaire Lafarge en Syrie est un signe, s’il en fallait encore, tant du cynisme du cimentier que de celui du renseignement.

Prétendant soutenir les révolutionnaires, les véritables objectifs de l’État Français, de ses services de renseignement et de ses industriels, étaient de maintenir la puissance française dans un Moyen-Orient façonné par l’entreprise coloniale. Mais c’était aussi assurer la domination des secteurs stratégiques et la sécurité de l’État, quel qu’en soit le coût humain et fut-ce au prix du financement des forces contre-révolutionnaires. Ce qui se cache dans ce procès dans lequel Lafarge et la DGSE se renvoient la balle, c’est leur culpabilité commune dans le chaos syrien actuel.

Les guerres et les catastrophes écologiques, qui souvent sont alternativement le fruit l’une de l’autre, sont la toile de fond et le cœur de métier de la DGSE. Les services de renseignement et la force militaire, alliés à l’industrie, incarnent la vision impériale d’un monde sans peuple fait de régimes à manipuler, de ressources à s’approprier et de coups d’États à fomenter dans le but manifeste de maintenir la domination coloniale.

Dans d’autres lieux et d’autres temps

Pendant la Seconde Guerre mondiale, Lafarge avait déjà collaboré avec le Troisième Reich. Le dirigeant de l’époque a participé au gouvernement de Vichy, et œuvré grandement à la construction du mur de l’Atlantique. Pendant la Seconde Guerre mondiale, c’est grâce à ses activités en Algérie, en Tunisie et au Maroc que le groupe tient. À la Libération, Lafarge est mis en cause pour avoir livré du ciment à l’organisation Todt, groupe de génie civil et militaire de l’Allemagne nazie. Sa mise sous séquestre se limite à l’usine mère de Viviers en Ardèche et sera levée en juin 1946.

Plus tard, l’entreprise répondra favorablement à la demande de Donald Trump pour la construction du mur entre le Mexique et les États-Unis.

Par ailleurs, Lafarge-Holcim est responsable de pollutions environnementales et de violation des droits de l’homme dans de nombreux pays, ainsi que le montre une enquête de Greenpeace. Le processus de fabrication du ciment nécessitant de chauffer des matériaux, les cimenteries brûlent tous types de combustibles dans leurs fours : pneus, solvants, coke de pétrole, déchets ménagers et médicaux, plastique... Au Brésil, en Inde, en Serbie, au Cameroun, par exemple, les usines dégagent des nuages de poussières toxiques, engendrant des maladies respiratoires graves. En France aussi plusieurs collectifs ont signalé ces dernières années la pollution générée par différents sites Lafarge-Holcim. A Port-la-Nouvelle, dans l’Aude, les habitants témoignent d’une poussière quotidienne qui s’infiltre partout, à commencer par les voies respiratoires. A Paris, Lafarge déverse dans la Seine des boues de ciment et de plastique, résidus de sa production, et si l’entreprise plaide l’erreur, plusieurs associations dénoncent une pratique courante et ancienne. A Bouc-Bel-Air près de Marseille, la cimenterie Lafarge rejette des panaches de fumées jaunâtres depuis son ouverture en 1958, qui deviennent plus présentes encore depuis quelques années. Ces fumées de poussières, de particules fines, d’ammoniaque, de dioxyde de soufre sont, extrêmement toxiques et causent de graves troubles respiratoires et des irritations oculaires.

De l’extraction à la production l’industrie du ciment est une des plus polluantes de la planète. Pour autant, lors de la COP27, en novembre 2022, Emmanuel Macron recevait les dirigeants des 50 sites les plus polluants du pays à qui il a promis des aides financières pour leur décarbonation, mais sans contrepartie pour ne pas brusquer les industriels, fleurons de l’économie française. Face à l’incapacité de la justice et au soutien indéfectible de l’État au cimentier, plusieurs actions ont eu lieu ces dernières années pour tenter d’enrayer les chaînes de production. Évidemment ce n’est pas du goût de l’entreprise, qui a engagé quasi systématiquement des procédures judiciaires.

Pendant six mois, des militants et militantes ont occupé les terrains sur lesquels Lafarge-Holcim devait agrandir une de ses carrières en Suisse. Lafarge, depuis sa fusion avec Holcim - fusion qui la pourvoit d’un nouveau nom lui permettant de faire fi du passé -, a déménagé son siège social dans ce pays frontalier. A la suite de cette occupation plusieurs personnes ont été arrêtées, sont passées en procès et ont écopé d’amendes.

A Genève, Jérémy fait face à la répression pour une affaire concernant Lafarge. Il* est accusé par la justice d’avoir, en janvier 2022, incendié deux véhicules et saboté des machines de chantier dans la gravière de Sézegnin appartenant à Lafarge-Holcim. Il est placé en prison préventive le 15 mars 2022.

En Serbie, une association de citoyens et citoyennes est active depuis 2015. Par peur des représailles de l’entreprise, ils luttent dans l’anonymat.

En Inde des populations ont essayé d’empêcher l’implantation de l’entreprise qui a finalement réussi a installé une nouvelle carrière après une longue bataille juridique et le soutien de certains élus locaux. Et ce malgré le fait que dans cette région la communauté indienne Khasi ait un droit qui rend l’acquisition des terres très difficiles pour des non tribaux.

En France, divers collectifs ont envahi, ou bloqué ou saboté plusieurs sites Lafarge-Holcim à différents moments, à Gennevilliers, Pantin, Perpignan, Bouc-Bel-Air...

La raison nous interdit de comparer les quelques peccadilles perdues par le cimentier lors des actions menées par celles et ceux qui entendent se battre contre leur cynisme vénal avec les quelques 15 milliards qu’ils brassent chaque année. Pour autant, aveuglés par le pouvoir et confortés par l’idéologie néolibérale et la raison d’État, le groupe, bien qu’accusé de complicité de crime contre l’humanité, ose s’indigner du fait qu’on les déteste et porte même plainte. Dans le cas de l’action à Bouc-bel-Air en décembre 2022, une opération de police a même été menée les 5 et 20 juin 2023 par la gendarmerie d’Aix-en-Provence conjointement avec la sous-sirection antiterroriste et ce aux quatre coins de la France. Une trentaine de personnes ont été perquisitionnées et placées en garde à vue pour destruction en bande organisée et association de malfaiteurs. Deux d’entre elles sont mises en examen depuis le 11 juillet 2023. L’instruction est encore en cours et il est déjà clair que l’enquête est largement alimentée par la DGSI.

Est-ce là une nouvelle preuve du soutien manifeste d’un pouvoir politique qui, soucieux de maintenir de bonnes relations avec l’une des multinationales stratégiques de la puissance française, tente de réparer l’amitié quelque peu brisée dans le désert syrien ? Cette tentative de retournement sémantique et judiciaire des accusations de lien avec une entreprise terroriste pourra-t-elle laver l’honneur de la multinationale ? Ou ne sera-t-elle qu’une preuve de plus de son cynisme vénal poussé par la raison d’État ?

Alors que la Cour de cassation doit statuer au sujet d’un énième méandre de l’affaire Lafarge en Syrie, après déjà sept années de procédure, il est clair que Lafarge continuera de dévaster la planète avec l’appui du renseignement et de la force militaire française, quitte à générer misère et chaos et que ce n’est pas sur la justice qu’il faut compter pour l’en empêcher.

Sources :

https://www.la-croix.com/Economie/Entreprises/Lafarge-entreprise-familiale-devenue-groupe-mondial-2017-04-24-1200842065
https://lundi.am/Marseille-l-usine-Lafarge-de-la-Malle-envahie-et-sabotee-par-200-activistes

Sur Lafarge et les pollutions :

https://www.francetvinfo.fr/monde/environnement/paris-ce-que-l-on-sait-de-la-pollution-de-la-seine-reprochee-au-cimentier-lafarge_4091271.html
https://marsactu.fr/a-bouc-bel-air-la-cimenterie-lafarge-forcee-de-reduire-ses-sulfureux-rejets/
https://reporterre.net/Les-odeurs-sont-indescriptibles-pres-de-Marseille-les-voisins-d-une-cimenterie-suffoquent
https://www.lindependant.fr/2022/12/27/pollution-ce-quil-sest-passe-les-23-et-24-decembre-a-lusine-lafarge-de-port-la-nouvelle-10891464.php
https://www.greenpeace.ch/fr/story-fr/60155/lafargeholcim-pollution-environnement-maladies/
https://www.zonebourse.com/cours/action/HOLCIM-LTD-2956274/actualite/Holcim-se-defend-d-accusations-de-pollution-d-une-cimenterie-serbe-35776688/
https://www.rts.ch/info/sciences-tech/environnement/13238681-holcim-poursuivi-en-justice-pour-sa-responsabilite-dans-la-crise-climatique.html
https://www.ledauphine.com/edition-bourgoin-la-tour-du-pin/2020/02/11/plus-de-ciments-et-moins-de-pollution-pour-lafargeholcim
https://www.francebleu.fr/infos/environnement/decarbonation-emmanuel-macron-reunit-les-industriels-les-plus-polluants-1667907454
https://www.francebleu.fr/infos/environnement/la-cimenterie-lafarge-de-martres-tolosane-parmi-les-50-sites-industriels-les-plus-polluants-de-1667837961
https://www.publiceye.ch/fr/a-propos-de-public-eye/prix-dinvestigation/comment-holcim-pollue-lair-en-serbie-en-toute-impunite

Sur Lafarge en Syrie :

https://www.asso-sherpa.org/affaire-lafarge-syrie
https://www.leprogres.fr/faits-divers-justice/2021/09/08/lafarge-accuse-de-financer-le-terrorisme-un-dossier-explosif-pour-le-geant-du-ciment
https://www.lemonde.fr/international/article/2022/10/19/financement-de-terrorisme-lafarge-paie-pour-eteindre-les-poursuites-aux-etats-unis_6146446_3210.html
https://theconversation.com/syrie-pourquoi-le-groupe-lafarge-est-il-reste-si-longtemps-malgre-la-guerre-166064
https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-interview/l-interview-de-secrets-d-info-du-samedi-01-avril-2023-4274490
https://www.liberation.fr/societe/police-justice/lafarge-en-syrie-la-collaboration-secrete-entre-le-cimentier-et-le-renseignement-francais-au-coeur-dun-documentaire-20230331_4AZ5RK6NLBH27O37WGPR5MDZPM/
https://www.lemonde.fr/international/article/2017/09/20/ce-que-revele-l-enquete-judiciaire-sur-les-agissements-du-cimentier-lafarge-en-syrie_5188546_3210.html
https://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2016/06/21/comment-le-cimentier-lafarge-a-travaille-avec-l-etat-islamique-en-syrie_4955039_3218.html
https://www.lemonde.fr/international/article/2016/06/21/l-usine-lafarge-en-syrie-est-devenue-une-base-des-forces-speciales-occidentales_4955033_3210.html
https://www.francetvinfo.fr/monde/proche-orient/offensive-jihadiste-en-irak/video-un-echange-de-mails-revele-que-lafarge-versait-25-000-euros-par-mois-a-daech_2667508.html
https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/secrets-d-info/lafarge-en-syrie-du-ciment-a-tout-prix-8939773
https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-interview/l-interview-de-secrets-d-info-du-samedi-01-avril-2023-4274490
https://www.youtube.com/watch?v=au1x7EWCtqA
https://www.guillaume-dasquie.fr/?s=lafarge
https://www.aa.com.tr/en/world/anadolu-agency-accesses-documents-showing-french-intelligence-aware-of-lafarge-financing-daesh-isis/2357992
https://en.wikipedia.org/wiki/Firas_Tlass
https://en.wikipedia.org/wiki/Mustafa_Tlass
https://www.liberation.fr/france/2017/12/14/firas-tlass-partenaire-local-de-lafarge-en-syrie_1616777/
https://english-alarabiya-net.translate.goog/articles/2012/07/26/228550?_x_tr_sl=auto&_x_tr_tl=en&_x_tr_hl=en-US&_x_tr_pto=wapp



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