Une enquête antiterroriste pour un groupe qui n’existe pas

DGSI – RAID – portes défoncées – fusils d’assaut pointés sur la poitrine – menottées – perquisition – transportée à Levallois Perret en train – camisolée – masque opaque sur le visage – 72 heures de garde à vue – cellule aseptisée – du blanc éclatant partout – lumière constante – œil de caméra constant – temps déformé – état second – privation sensoriel – auditions – fatigue – ne plus être en possession de ses moyens – face aux questions préférer le silence – pressions – climat anxiogène...

Surveillance politique – internationaliste – Rojava – profils terroriste – ultragauche – la prison – détention particulière – détenus particulièrement surveillé.es – fouilles à nues – mesures d’isolement – grève de la faim – 16 mois de préventive – 4 mois de préventive – 10 mois d’enquête avant les arrestations – chefs d’inculpation : « association de malfaiteurs terroristes en vue de commettre des atteintes aux biens » et plus particulièrement,« de pouvoir potentiellement, un jour, s’en prendre aux forces de l’ordre ou à des militaires » – 3 ans de contrôles judiciaires...

La CULTURE du SECRET

Le 7 février 2020, la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) fait un signalement au Parquet national anti terroriste (PNAT) affirmant la dangerosité des futurs accusé-e-s, sans autre forme d’explications ni de justifications. Le PNAT met les futurs accusé-e-s sur écoute (interceptions téléphoniques, sonorisations des lieux de vie).

Toute l’enquête préliminaire et l’instruction se fondent sur ce document envoyé par la DGSI en février 2020, qui présente le groupe comme clandestin, et qui justifiera de verser au dossier tout ce qui participerait à valider des intentions : un propos critiquant la police ou le système judiciaire, voire l’utilisation d’applications de messageries cryptées, pourtant disponibles en accès libre comme Signal ou Whatsapp. Ainsi, naît le fantasme de communications chiffrées et sécurisées, apparentées à une “culture du secret”.

La Quadrature du Net dans son excellent article de juin 2023 dénonce cette "criminalisation des pratiques numériques qui s’inscrit dans la stratégie gouvernementale de répression de toute contestation sociale. Défendre le droit au chiffrement, c’est donc s’opposer aux dérives autoritaires d’un pouvoir cherchant à étendre, sans fin, les prérogatives de la lutte « antiterroriste » via la désignation d’un nombre toujours plus grand d’ennemis intérieurs".

C’est dans ce contexte que nous avons été alertés du fait que, parmi les faits reprochés [1], les pratiques numériques des inculpé·es, au premier rang desquelles l’utilisation de messageries chiffrées grand public, sont instrumentalisées comme autant de « preuves » d’une soi-disant « clandestinité » qui ne peut s’expliquer que par l’existence d’un projet terroriste.

LA COUR

Accusé.e.s levez-vous ! Il vous est reproché de... en vu de... mais aucune preuve de passage à l’acte...

Ils, elle seront 7 mis.es en examen à passer, le 3 octobre, devant la cour de la 16^e chambre correctionnelle (terrorisme) du tribunal de grande instance de Paris.
Ils, elle sont 7 à avoir subit 3 ans de contrôle judicaire et d’enferment préventif.
Ils, elle sont 7 dont certain.es se sont vu.es, il y a quelques semaines, pour la première fois.
Ils, elle encourent jusqu’à 10 ans de prison et des milliers d’euros d’amende.
Ils, elle sont 7 à se battre, avec les comités de soutien, pour obtenir la relaxe.
Ils, elle appellent à les soutenir en venant au rassemblement devant le tribunal de Paris (M° Porte de Clichy) le MARDI 3 OCTOBRE à 12 heures.