Se Connecter

Inscription

Face à l’attitude génocidaire d’Israël, que fait l’UE ?

|

Communiqué de 12 organisations civiles palestiniennes : Les dirigeants de l’UE doivent mettre fin à leur politique du « deux poids, deux mesures » et à leur complicité avec les crimes commis par Israël contre le peuple palestinien.

Les organisations de la société civile palestinienne appellent d’urgence la présidente de la Commission européenne, Ursula von Der Leyen, et la présidente du Parlement européen, Roberta Metsola, ainsi que les dirigeants de l’Union européenne (UE) à exiger d’Israël qu’il respecte ses obligations en vertu du droit international, qu’il cesse ses attaques ciblées délibérées contre les civils et les infrastructures civiles à Gaza, y compris au phosphore blanc, qu’il mette fin à toutes les formes de punition collective, qu’il lève le blocus illégal sur Gaza depuis 16 ans et qu’il annule les ordres d’évacuation imposés à plus d’un million de Palestiniens. Au minimum, l’UE doit faire pression sur Israël pour qu’il facilite le libre passage des envois humanitaires à Gaza afin de permettre l’acheminement immédiat des produits de première nécessité indispensables à la survie de la population, notamment la nourriture, l’eau et les médicaments. La politique de deux poids deux mesures de l’UE et son soutien aux crimes israéliens contre le peuple palestinien doivent cesser maintenant.

Le 7 octobre 2023, Israël a lancé une véritable offensive militaire sur la bande de Gaza, visant à effacer le territoire et à le réduire à des ruines. En vertu du droit international humanitaire, « le seul but légitime que les États doivent s’efforcer d’atteindre en temps de guerre est d’affaiblir les forces militaires de l’ennemi ». Dans la poursuite de cet objectif, « le droit des parties au conflit de choisir des méthodes ou moyens de guerre n’est pas illimité ».

Le silence absolu des dirigeants de l’UE sur les atrocités commises par Israël à Gaza et leur soutien aveugle à Israël indiquent que l’UE donne son feu vert, permet et encourage les actions militaires d’Israël, qui peuvent déjà être assimilées à des crimes de guerre, des crimes contre l’humanité et une incitation à commettre un génocide.

Lors d’une réunion du gouvernement israélien qui s’est tenue le samedi 7 octobre 2023, May Golan, ministre israélienne de la promotion de la condition féminine, a annoncé ce qui suit : « Toutes les infrastructures de Gaza doivent être détruites jusqu’aux fondations et l’électricité doit être coupée immédiatement. La guerre n’est pas contre le Hamas mais contre l’État de Gaza ». Plus tard dans la soirée, le Premier ministre israélien Netanyahu a déclaré : « Je dis aux habitants de Gaza : sortez de là maintenant, car nous agirons partout et avec toute la force nécessaire.  »

Ces déclarations traduisent sans équivoque l’intention - devenue réalité - de bombarder Gaza, l’une des zones les plus densément peuplées du monde, en traitant l’ensemble du territoire comme un seul objectif militaire, en violation des principes sacro-saints du droit international humanitaire. Les civils palestiniens, dont un million d’enfants, sont pris au piège à Gaza, sans abri, sans nourriture, sans eau, sans électricité et avec des infrastructures paralysées qui risquent de s’effondrer à tout moment.

Et pourtant, malgré les preuves flagrantes de l’intention d’Israël de perpétrer de graves crimes internationaux contre les civils palestiniens à Gaza, la réponse de l’UE et de la majorité de ses États membres a été de ne voir qu’un seul côté, au point d’être complice des crimes internationaux d’Israël. La communauté internationale a fermé les yeux sur les 2 215 Palestiniens, dont au moins 724 enfants et 458 femmes, tués par les attaques israéliennes à Gaza, et sur les 8 714 autres blessés, dont au moins 2 450 enfants et 1 536 femmes. Des familles palestiniennes entières ont été décimées. Des dizaines de corps sont encore sous les décombres et Israël a transformé Gaza d’une prison à une morgue à ciel ouvert.

La présidente de la Commission européenne, Mme von der Leyen, a partagé des images du bâtiment Berlaymont, qui abrite le siège de cette institution, illuminé aux couleurs du drapeau israélien, tout en annonçant qu’elle soutenait le droit d’Israël à se défendre, « aujourd’hui et dans les jours à venir  », et que « l’Union européenne se tient aux côtés d’Israël ». À l’heure où nous écrivons ces lignes, la présidente Von der Leyen n’a pas rédigé une seule déclaration appelant Israël à respecter ses obligations légales internationales ou dénonçant les crimes internationaux flagrants commis par Israël à Gaza. La présidente du Parlement européen, Roberta Metsola, et plusieurs États membres de l’UE ont affiché un soutien unilatéral similaire.

Le 9 octobre 2023, Yoav Gallant, ministre israélien de la défense, a déclaré : « Nous imposons un siège complet à [Gaza]. Pas d’électricité, pas de nourriture, pas d’eau, pas de carburant - tout est fermé. Nous combattons des animaux humains et nous agissons en conséquence  ». Cette déclaration, qui contient des propos génocidaires déshumanisant le peuple palestinien en le qualifiant d’« animal humain », devrait alerter la communauté internationale sur la volonté d’Israël de commettre des actes de génocide et déclencher une réaction forte de l’UE au titre de son devoir de prévention en vertu du droit international.

Le 19 octobre 2022, devant le Parlement européen, Mme von der Leyen a déclaré :

Les attaques de la Russie contre les infrastructures civiles, en particulier l’électricité, sont des crimes de guerre. Des attaques ciblées contre des infrastructures civiles, dans le but évident de priver des hommes, des femmes et des enfants d’eau, d’électricité et de chauffage à l’approche de l’hiver, sont des actes de pure terreur. Et nous devons les qualifier comme tels.

Aucune déclaration similaire n’a été faite concernant la coupure par Israël de l’électricité, de la nourriture, de l’eau, du carburant et des médicaments à Gaza. Cette disparité flagrante souligne le double langage honteux des dirigeants européens, qui semblent considérer la vie des Palestiniens comme une vie de seconde zone, renforçant ainsi la réalité de l’apartheid.

Le 13 octobre 2023, le jour même où Israël a demandé à plus d’un million de civils du nord de Gaza d’évacuer leurs maisons vers les zones situées au sud de Wadi Gaza, Ursula von der Leyen et Roberta Metsola ont rencontré les dirigeants israéliens. Alors que des milliers de Palestiniens étaient contraints de quitter leurs maisons, dans ce qui constitue le plus grand déplacement forcé depuis la Nakba de 1948, les dirigeants européens ont été photographiés en train de serrer la main du président israélien, Isaac Herzog.

Nous nous souvenons qu’au début de cette année, Ursula von der Leyen a célébré le jour de l’indépendance d’Israël en utilisant des tropes racistes, niant la Nakba palestinienne, le nettoyage ethnique de masse des Palestiniens qui a jeté les bases de l’État d’Israël. Une fois de plus, alors qu’une Nakba contemporaine se déroule sous nos yeux, la présidente Von der Leyen ne se contente pas de l’ignorer, elle la facilite par ses déclarations et sa présence dans la région.

Depuis des décennies, nos organisations demandent à l’UE d’imposer des sanctions à Israël, conformément au régime des sanctions globales de l’UE en matière de droits humains, pour les crimes qu’il accumule à l’encontre des Palestiniens, notamment les homicides volontaires, les arrestations arbitraires de masse, les détentions administratives sans procédure régulière, l’appropriation de biens, la destruction, le transfert forcé, le transfert de colons, la punition collective, la persécution et l’apartheid, parmi d’autres. Tous nos appels sont restés lettre morte. Pourtant, moins de 48 heures après le début de l’attaque israélienne à Gaza, le commissaire européen M. Varhelyi a annoncé unilatéralement et arbitrairement que la Commission européenne avait l’intention de réduire son aide aux Palestiniens vivant sous l’occupation militaire israélienne dans la bande de Gaza et en Cisjordanie, y compris à Jérusalem-Est. Cette déclaration a ensuite été rétractée par le Vice-président de la Commission européenne et Haut représentant de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, M. Josep Borrell. Cependant, d’autres États membres de l’UE ont individuellement décidé de réduire, de réviser ou de suspendre leur aide, notamment l’Allemagne, la Suède, le Danemark et l’Autriche.

Nous demandons à la présidente de la Commission européenne, Ursula von Der Leyen, et à la présidente du Parlement européen, Roberta Metsola, de dénoncer sans réserve les représailles militaires aveugles d’Israël contre les civils et les biens civils palestiniens à Gaza, et d’intervenir pour protéger le peuple palestinien contre l’incitation d’Israël au génocide.

Les dirigeants européens doivent fermement faire pression sur Israël, la puissance occupante, pour qu’il respecte ses obligations en vertu du droit international, notamment en garantissant l’approvisionnement vital en eau, gaz, carburant, électricité et produits de base aux Palestiniens de Gaza, et pour qu’il cesse toute attaque contre les civils et les installations civiles. Les dirigeants européens ont également le devoir de tenir Israël pour responsable de ses violations du droit international et des punitions collectives infligées aux civils, notamment en soutenant publiquement et inconditionnellement l’enquête menée actuellement par le procureur de la Cour pénale internationale.

Pour que la violence cesse, les dirigeants européens doivent s’attaquer et éradiquer les causes profondes de la violence actuelle, à savoir l’entreprise coloniale israélienne et l’oppression du peuple palestinien qui durent depuis sept décennies. L’armée israélienne doit se retirer entièrement, inconditionnellement et immédiatement du territoire palestinien occupé, comme le prévoient de nombreuses résolutions du Conseil de sécurité et de l’Assemblée générale des Nations unies. L’UE doit intervenir pour s’assurer qu’Israël démantèle son régime d’apartheid discriminatoire, notamment en abrogeant toutes les lois discriminatoires et en facilitant le droit au retour et à l’autodétermination du peuple palestinien.

Signataires :

  • Al Mezan Center for Human Rights
  • The Palestinian Institute for Public Diplomacy (PIPD)
  • Bisan Center for Research and Development
  • Union of Agricultural Work Committees (UAWC)
  • Health Work Committees (HWC)
  • Addameer Prisoner Support and Human Rights Association
  • The Palestinian Initiative for the Promotion of Global Dialogue and Democracy - MIFTAH
  • Al-Haq, Law in the Service of Man
  • Defense for Children International – Palestine
  • The Palestinian Centre for Human Rights
  • Women’s Centre for Legal Aid and Counselling – WCLAC
  • Le Mouvement BDS (Boycotts, Divestment, Sanction)


Articles de la même thématique : Solidarités internationales

Free Palestine