Ce matin, jeudi 3 mai, cent cinquante à deux cents personnes se sont encore rassemblées devant la gare de Limoges, joliment décorées à cette occasion (voir photos), pour la septième séquence de grève de quarante-huit heures. Autour des cheminots étaient aussi présents des représentants des étudiants en lutte et des salariés de l’énergie aussi dans l’action. Après les discours le cortège s’est dirigé vers la préfecture. Cette tactique va-t-elle aboutir ? Les perturbations sont moindres que dans une grève reconductible comme le pratiquent déjà les cheminots grévistes de la gare du Nord à Paris et le souhaitent SUD-Rail et de nombreux cheminots de base. Mais la grève semble du coup moins « impopulaire ». Cependant l’usure peut se faire sentir si l’incantatoire convergence des luttes ne se développe pas plus. Bien sûr ça continue dans les universités, à Air France (dans une étrange grève dure pour une modeste augmentation de salaire), dans le secteur de l’énergie, dans la santé. Mais, malgré un soutien toujours important d’une grande partie de la population, ça ne s’étend pas vraiment. Faut-il penser d’autres tactiques plus radicales et efficaces, comme les Robins des bois dans le secteur de l’énergie [1] qui remettent le gaz ou l’électricité à des personnes qui n’ont plus les moyens de payer, qui font basculer des particuliers en « heures creuses » à toute heure, ou qui pénalisent par des coupures les entreprises où il y a des luttes (Carrefour). Une grève plus populaire serait la « grève des pinces » des contrôleurs, comme elle a déjà eu lieu par le passé. Bien sûr cela nécessiterait un réel rapport de force car la répression de tels actes peut être impitoyable. Mais il est un peu choquant de voir des contrôleurs en tenue en grève quand certains de leurs collègues (espérons que ce ne sont pas les mêmes...) n’hésitent pas à appeler la police pour sortir du train des personnes sans ticket, sans papiers ou sans moyen de payer. La banderole sur la gare dit : « Au revoir services publics bienvenue aux actionnaires ». Mais de quel service public parle-t-on ? Y a-t-il une réflexion, au moins des débats, notamment sur les tarifs de la SNCF, qui n’ont plus rien à voir avec le service rendu, la distance parcourue mais uniquement sur l’offre et la demande à travers un logiciel étudié sur mesure pour optimiser les profits de l’entreprise.
Un service public ne devrait-il pas être gratuit ? Tout était-il magnifique dans le service public avant l’apparition des « actionnaires » ?
Des cheminots cheminent
D’autres cheminots ont trouvé un autre moyen de lutte, bien modeste, une originale tentative de dépasser les traditionnels cortèges syndicaux. Ils sont trois, ils marchent. Ils sont partis le 9 avril de Pamiers en Ariège, pour arriver à Paris le 8 mai par étape de vingt-cinq à trente-cinq kilomètres par jour. Ils sont souvent accompagnés de soutien pour une ou plusieurs étapes, ou simplement quelques kilomètres. Leur but est de rencontrer la population, face aux mensonges, contre-vérités assénés dans les médias sur le statut des cheminots, leurs « privilèges ». Le 25 avril ils étaient à Limoges où un accueil chaleureux leur a été fait à la gare, et le 26 avril, après l’étape Limoges-Razès, ils étaient invités à une très enrichissante soirée chez des habitants de Saint-Pardoux qui se proposaient de les héberger. Cette rencontre étaient surtout organisée autour du réseau Solidaires, il y avait des syndiqués de la Santé, de la Poste, de l’Education et de simples habitants qui tenaient à apporter leur soutien. Les échanges ont été fructueux, parfois émouvants, passant tous azimuts du simple quotidien au devenir du monde autour d’une abondante auberge espagnole. Ils sont repartis le lendemain de Razès en musique pour rejoindre La Souterraine. Leur but à Paris est de rencontrer Emmanuel Macron. Bien sûr une illusion de plus de croire qu’ils vont être entendus par le nouveau monarque mais ils appellent à ce que le maximum de monde les accompagnent dans la dernière ligne droite Arpajon-Paris et une arrivée en masse de marcheurs sur Paris peut créer un petit événement bien sympathique. Déjà des travailleurs de GM&S les rejoindront. Citons-les pour terminer : « Luttons pour une société tournée vers l’Humain et gardons à l’esprit qu’il faut relever la tête tous ensemble pour défendre nos biens communs. » [2]
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