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Retour sur quatre jours de tourbillon (et plus de 40 actions) contre le béton

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Le rendez-vous lancé il y a quelques semaines par des dizaines d’organisations et luttes locales a donné lieu à une déferlante inédite d’actions (plus de 40) contre Lafarge et le monde du béton, en France, Suisse et Belgique. Retour des 4 premiers jours par les Soulèvements de la terre.

De Toulouse à Bruxelles, de Corseul, à Val-de-Reuil, en passant par Saint Barthélémy d’Anjou, Sainte-Cécile ou Héricourt, par grappes ou par groupes, des dizaines ou des milliers de personnes ont débarqué pile au milieu des centrales, sites et carrières dont les profits tiennent à la perpétuation du ravage environnemental.

Chacun des points de la carte qui recense cette somme d’interventions témoigne de la créativité et la solidarité du front contre Lafarge et l’artificialisation des terres.

Au Forez, à Strasbourg, à Belfort, au Teil, à Paris ou en Anjou, ce sont des foules de tous âges qui se rassemblées face aux grilles, les ont bloqué par de grosses caillasses, des constructions de murs en terre-paille, ou sont montées pimper les silos. À Lyon, pendant la fête des lumières, un « Lafarge + Daesh = coeur » a, entre autres, illuminé les ponts !

Samedi, la lutte contre l’A69 a réussi à mobiliser de nouveau quasi 2000 personnes, à s’introduire sur le site d’une future usine à bitume qui sera utilisée pour le chantier de l’autoroute et à le désarmer avant d’annoncer la naissance d’un collectif paysan contre les centrales à bitume.

Pendant ce temps, des dizaines d’autres, avec des masques d’animaux, ont ravalé la façade d’un site Lafarge en plein Paris et l’ont occupé en dansant pour un goûter d’anniversaire au 1 an du désarmement de la cimenterie de Bouc Bel Air, un des 50 sites les plus polluants du pays. A Genève, une grosse équipe s’est rendu chez Holcim et à aveuglé de rose les camions et bureaux en signant "Bye Bye".

À Marseille, une bande organisée en bouée est même retourné pour cet anniversaire se baigner dans les carrières du site de Bouc Bel Air et dénoncer la manière dont il accapare l’eau.

Ailleurs, des luttes locales se sont emparées de cette campagne d’action : à Doulon (Nantes) une charpente construite depuis la ZAD de Notre-dame-des-Landes a été amenée par des tracteurs sur des terres maraîchères menacées d’artificialisation. À Sainte-Cécile en Bourgogne, un marche funèbre est allée enterrer un projet d’extension de carrière.

En Nouvelle-Aquitaine, l’association contre l’ouverture des portails en Gironde (LA COP 33) à repeint et fermé les entrées de 4 sites Lafarge", tandis que plusieurs rassemblements coordonnés portaient un "NON" catégorique au projet de "Ligne à Grande Vitesse" depuis les carrières et les centrales à béton qui serviraient à approvisionner le plus grand chantier du territoire et menace actuellement la magnifique vallée du Ciron.

À Nantes toujours, lundi matin, plus de 150 personnes dont de nombreux.ses paysan.nes et 7 de leurs tracteurs se sont retrouvé-es pour bloquer un site Lafarge de Janvraie avec un match de Beach Volley. Le monde paysan local est particulièrement remonté contre Lafarge-Holcim puisque l’agrandissement des carrières de l’entreprise dévore le bocage et les terres fertiles du Sud-Loire. C’est à l’occasion de cette action que le ministère de l’intérieur a voulu marquer le coup en faisant procéder à l’immobilisation de 3 tracteurs et à l’arrestation de 30 personnes qu’une fête devant le commissariat a aidé à sortir plus vite.

Parfois, comme en Bretagne, à Saint Egrève, à Bouguenais en SuisseLes centrales à béton ont été visitées de nuit, repeintes et désarmées par des hérissons en boules, des lutins éco-terroristes, un commando pom-pote ou un gang des tongues à l’aide de mousse expansive, de petits outils de circonstances ou de sable dans les réservoirs. On peut citer le communiqué de Corseul : « Nous, Hérissons, nous sommes introduits dans la centrale et avons grignoté quelques câbles,(…). Cet acte est avant tout un acte d’autodéfense contre un ennemi commun, Lafarge-Holcim.  ». A Overisje, des véhicules ont été malicieusement mis à l’arrêt avec des ajouts de liquides dans les réservoirs, par des belges pas dupes du « Building progress for people and the planet », affiché sur un panneau par les avaleurs de terres du site Lafarge local en pleine montée de greenwashing.

Alors que nous recevons encore des informations sur de nouvelles interventions anti-béton, nous pouvons d’ores et déjà dire que cette initiative d’élan coordonnée pour arrêter le béton est un succès qui trouvera à se renouveler. Un an après que des personnes se soient introduites de manière retentissante sur la cimenterie marseillaise, puis que Lafarge et la police anti-terroriste aient cherché à étouffer l’opposition en acte au monde du béton, le combat s’est de toute évidence démultiplié. Lors de ces mobilisations, de nombreux messages de soutien ont d’ailleurs été adressés aux personnes mises en cause par les enquêteurs.

Face à l’artificialisation galopante des terres et à l’impact critique de ces industries dans le changement climatique, cibler les sites du béton et du bitume a pris ce week-end l’allure d’une épreuve sportive salutaire. Il paraît même que l’on parle de l’inscrire aux prochains Jeux Olympiques.

Nous ne nous trompons pas de cible !

Face à l’association de malfaiteurs que constituent Lafarge et le gouvernement, les arrêter ne relève pas du terrorisme, mais d’un acte de résistance qui se propage.

Comme les occupant-es des usines Lafarge du Port de Gennevilliers y avaient appelé en juin 2021 : « Lafarge et ses complices n’entendent rien à la colère des générations qu’ils laissent sans avenir dans un monde ravagé par leurs méfaits. Leurs silos et malaxeuses sont des armes qui nous tuent. Ils ne cesseront pas sans qu’on les y force. Nous allons donc continuer à démanteler ces infrastructures du désastre nous‑mêmes. Nous appelons toutes celles et ceux qui se soulèvent pour la terre à occuper, bloquer et désarmer le béton. »

Pour retrouver en image et vidéo l’ensemble des actions, un live s’est tenu ici et les actions ont relayées sur les RS d’Attac, XR, Soulèvements de la Terre, Solidaires, YFC entre autres et par divers médias indépendants. Des compte-rendus détaillés sont disponibles site par site sur https://journeescontrelebeton.noblogs.org.

Quelques photos des actions !



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