Ainsi, pour accompagner le saccage de la fonction publique et le démantèlement du statut des agents, plusieurs articles sur le nombre de fonctionnaires ont été produits ces derniers mois. Le problème, c’est que les informations véhiculées sont fausses. « 5,6 millions de fonctionnaires, des effectifs en hausse », a-t-on pu lire dans de nombreux journaux. Un chiffre qui masque la réalité mais qui, surtout, démontre les collusions entre pouvoir médiatique et pouvoir politique. En effet, comment les journalistes peuvent-ils et elles ignorer la baisse continuelle des fonctionnaires depuis la mise en œuvre des politiques de « modernisation » de la fonction publique ? RGPP [1] en 2007, MAP [2] en 2012, et CAP 2022 [3] aujourd’hui, toutes ces politiques ont affiché des objectifs chiffrés de réduction du nombre de fonctionnaires.
Si on observe les effectifs de la fonction publique, ils ont en effet progressé ces dernières années, mais le nombre de fonctionnaires en revanche connaît une baisse continue. Comment expliquer cette apparente contradiction ? En réalité, les fonctionnaires sont aujourd’hui seulement 3,8 millions. Pour le reste des effectifs (1,8 million de salarié-es), il s’agit majoritairement d’agents contractuels, représentant près de 20 % des effectifs de la fonction publique, et pour finir, des personnels du statut militaire [4].
La fonction publique est le secteur qui précarise le plus le salariat. Dans le privé, CDD et intérimaires représentent moins de 14 % des effectifs (source : INSEE). Alors que devrions-nous lire dans une presse indépendante ? Que les politiques de modernisation de l’Etat consistent à la précarisation de ses employé-es, et que le démantèlement du statut fragilise la stabilité de nos institutions. Et si nous ne réagissons pas cette déchéance n’est pas prête de s’arrêter. Moins 120 000 fonctionnaires au programme Macron/Philippe, et l’affichage sans complexe d’un recours massif aux CDD, voilà l’avenir moderne qu’on nous promet.
A voir : Les nouveaux chiens de garde, 2012, un documentaire de Gilles Balbastre, qui dénonce la perversion des médias et leur dépendance au pouvoir politique et économique ; toujours d’actualité !
Sylvie FDS
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