Rendez-vous est donné au parking des Casseaux où le campement des Gilets jaunes commence à se consolider depuis la semaine dernière. Même des toilettes sèches ont été construites. Sous le soleil réchauffant, une assemblée se crée pour décider de ce qu’on fait. Entre une manif, une discussion, une discussion puis une manif ou une manif puis une discussion... Cette dernière proposition finit par l’emporter.
Quelques personnes restent au campement pour en assurer la sécurité et y faire quelques travaux pour améliorer l’installation. Une petite centaine part le long des quais de Vienne aux cris du jeu des questions-réponses : « Et pour les riches ? Des cadeaux ! Et pour les banques ? Des cadeaux ! Et pour les patrons ? Des Cadeaux ! Et pour nous ? Les lacrymos ! » Plus tard, dans les bénéficiaires des « cadeaux » viendront s’ajouter les « députés ». Ne les oublions pas ! Des affiches seront collées tout le long du parcours. Le long des remparts du jardin de l’Evêché, les curieux se massent, des gestes de soutien sont esquissés. Au carrefour du Pont-Neuf, on bloque un instant puis on remonte vers la mairie. Ambiance très bon enfant, un peu molle même. D’autres slogans : « Ton grand débat, on n’en veut pas ! Pendant que tu déblatères, on est dans la galère ! » « On nous ment, on nous exploite, aujourd’hui, ça éclate ! » Carrefour de la mairie, gardée toujours par les mêmes robocops qui se croient dans un film, même scénario, blocage puis direction boulevard Louis-Blanc pour rejoindre les Casseaux et faire l’assemblée. Carrefour Tourny, mêmes robocops. Entre-temps, un petit groupe, sûrement lassé de cette promenade avec un goût de déjà-vu, décide d’aller bloquer le magasin d’Apple, iConcept. Pendant ce temps, place Jourdan, une ronde joyeuse bloque le carrefour, puis on descend l’avenue Jean-Gagnant pour se retrouver au campement. Après un instant de pause, on décide de commencer les prises de paroles libres. C’est à ce moment que des personnes revenues du blocage d’Apple nous apprennent qu’un gilet jaune s’est fait embarqué. On suspend la discussion et trois personnes vont se renseigner auprès des flics pour en savoir plus. Effectivement un copain s’est fait arrêté et la discussion reprend sur : que fait-on ? Après d’âpres discussions, il est décidé d’attendre une heure pour voir si ce n’est qu’une vérification d’identité, sinon cette heure passée on montera en masse au commissariat.
La discussion s’ouvre ensuite sur le bilan de la journée et après différentes interventions contradictoires, il est décidé à une très large majorité de reprendre les blocages économiques pour les prochains actes. Ensuite les revendications et propositions fusent diverses, anciennes ou nouvelles, notamment faire vivre le campement en y créant des activités, un atelier vélo est proposé... Des amies venues d’Eymoutiers témoignent du mouvement très dynamique qui s’est formé autour du rond-point d’Ussel, tenu par une cinquantaine de personnes.
Les prises de parole continuent de tourner, avec quelques vifs échanges parfois mais toujours avec l’idée de faire ensemble et comment élargir la mouvement. Un moment on apprend que le camarade arrêté est libéré et il nous rejoint bientôt sous les applaudissements et les cris de joie. La menace de monter au commissariat n’est sûrement pas pour rien dans cette décision rapide de libération. L’assemblée peut continuer. Toutes les revendications sont notées sur un tableau et seront exposées lors de la réunion hebdomadaire des Gilets Jaunes unis 87 du lundi soir à Rilhac-Rancon (à 19 heures, derrière la Poste). A noter aussi dans les revendications : « l’ouverture des frontières » et le « soutien aux migrants ».
La fin d’après-midi se prolonge avec de multiples discussions en petits groupes au son d’une petite sono et des nombreux klaxons de soutien maintenant qu’on est bien visibles.
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