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Un détenu est mort à Limoges

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La prison tue. A Limoges encore, dans la nuit du 21 au 22 février un détenu de 48 ans s’est pendu dans sa cellule [1]. La personne qui s’est suicidé était sortie de la maison d’arrêt un mois plus tôt puis est re-rentré suite à nouvelle histoire. C’est le soir même de sa réincarcération qu’il s’est donné la mort.

Alors qu’en moyenne en France, un détenu se suicide tous les trois jours en prison, que la France demeure l’un des pays qui présentent le niveau de suicide en prison le plus élevé de l’Europe des Quinze et que les personnes détenues se suicident six fois plus que dans la population générale [2], nous n’entendons dans les médias que le discours des matons. Prenant comme prétexte l’agression isolée de deux surveillants, une grève nationale, qui n’est pas sans rappeler celle du début de l’année 2018, a été lancée. A Limoges, le jeudi 7 mars 2019 au matin, une vingtaine de surveillants étaient présents devant la prison pour se plaindre de leur manque de matériel. Pourtant ce sont surtout les détenus qui vivent dans des conditions lamentables et qui auraient toutes les raisons de se révolter :

Dans ce centre de détention, le taux d’occupation est de 200%. Ils sont 140 détenus, des hommes notamment, dix-huit femmes, et neuf mineurs. Ils dorment sur des matelas à terre. [3]

Et les mouvements de grève des matons ne font qu’empirer les conditions de détention :

Prisonniers et prisonnières sont privés de travail et de cantine ; les promenades sont écourtées ou supprimées ; dans certains établissements, les surveillants coupent l’eau et l’électricité. De nombreux parloirs sont suspendus, ou reportés. Le maintien des liens familiaux, déjà si difficile, est encore mis à mal. La violence de ce traitement exacerbe encore les frustrations des prisonniers qui subissent déjà la violence de l’enfermement : ce mouvement ne peut que les pousser à bout et provoquer de nouveaux débordements. [4]

Mais les personnes incarcérées sont malheureusement considérées comme des personnes sans droits. Dans un communiqué, des détenus de Fleury-Mérogis lançaient un appel toujours brûlant d’actualité :

Nous ne sommes pas des bêtes, nous sommes des êtres humains, et nous refusons d’être enfermés et renvoyés à des faits qui feraient de nous des parias, sans droits et sans dignité. Nous en appelons aujourd’hui à toutes celles et tous ceux qui, à l’extérieur, luttent contre les violences d’État. Nos mobilisations sont vaines si nous ne sommes pas soutenus et si les acteurs des luttes actuelles ne se font pas écho de nos combats. En effet, nous payons le prix fort de ces blocages, la vengeance de l’administration est terrible, plusieurs personnes ont d’ores et déjà été envoyées au mitard, le quartier disciplinaire, et nous savons tous que nos conditions de détention seront rendues encore plus difficile, du seul fait d’avoir refusé ces injustices. Par ailleurs, nous avons besoin que des mobilisations fortes appuient nos mouvements, car l’administration sait qu’elle a les moyens de nous faire taire, en chargeant nos dossiers en vue de nos procès à venir ou en refusant nos aménagements de peine. [5]

Tant qu’il n’y aura pas de justice sociale, la justice de classe continuera d’enfermer à tour de bras. Soyons solidaires des luttes des prisonnièr·e·s.



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