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Tentative d’intrusion au squat

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Depuis le 25 mai 2019, la friche du 4 bis, avenue de la Révolution à Limoges est un lieu d’accueil pour les exilé·es, une centaine de personnes vivent dans ce squat. Pour rappel, le propriétaire du site, depuis janvier 2019, est une filiale de Vinci, Speed Rehab, qui a pour ambition de dépolluer le site en vue d’y construire de l’habitat longue durée.
43 personnes sont passées en référé le 11 octobre dernier. À l’issu du procès les habitant·es ont été autorisé à demeurer sur le lieu jusqu’au 15 juillet 2020. Dans le dossier de la partie adverse était mentionné un danger de pollution imminent dû à l’ancienne activité industrielle du site. D’après les documents en notre possession, la pollution se situe sous la couche de bitume, à partir d’un mètre sous ce dernier. Ce sont principalement des traces de goudrons pâteux, d’hydrocarbures et de métaux lourds. Pour préciser, le site est situé en plein cœur de la ville, entouré d’habitations, de jardins et d’une école. Dans les conclusions du procès, le danger imminent de pollution n’est pas caractérisé. En effet le rapport Basol, mis à jour en janvier 2018, relève des taux de pollution des sols non bâtis ne présentant aucun risque immédiat, le site est tout de même classé en secteur d’information sur les sols (SIS) car les investigations sous les bâtiments n’ont pas été effectuées. Le site a également fait l’objet d’une première dépollution partielle en 2000, notamment par des travaux de rebouchage et de « neutralisation » de cuves présentes en sous-sol du site.

Une pelleteuse... un projet immobilier ?

La vie continue, jusqu’à ce matin du 18 février 2020, lorsqu’une pelleteuse défonce la couche de bitume du parking. Les ingénieurs sur le chantier nous expliquent que c’est la méthode la plus efficace pour faire des prélèvements de terre pour analyser les gaz présents dans le sol. Ces opérations sont effectuées en vue de dépolluer le site pour un fameux futur projet immobilier. Imaginez-vous une pelleteuse faisant des trous de un mètre cinquante par trois, et profond d’un mètre au moins. Les ingénieur nous présentent leur plan, ils ont pour mission de réaliser de telles tranchées à une quinzaine d’endroits sur le site.
« …L’intervention n’aura lieu que dans les parties extérieures aux bâtiments pour ne pas créer de situation délicate. » Nous avaient-ils simplement stipulé par mail.
Naïfs et dans l’espoir d’une clémence de la part des autorités lors de la future expulsion, nous avions décidé collectivement d’autoriser les différentes sociétés voulant travailler sur le site. Les propriétaires connaissaient le contexte et savaient quels étaient les risques qu’ils faisaient prendre aux personnes vivant ici en cherchant à commencer ce genre de travail sur le site habité.

« Les défendeurs ne sont pas actuellement en mesure de se reloger et l’expulsion portera une atteinte majeure à leur droit à la protection de leur domicile, de vivre dans des conditions décentes et sera contraire à l’intérêt supérieur des enfants qui vivent sur le site tant qu’ils ne disposent pas de solutions de relogement. »
Extrait de l’ordonnance de référé du 29 octobre 2019

Il y a ici une trentaine d’enfants qui arpentent cet immense espace bitumé. À quel moment remuer la merde enfouie dans le sol n’est pas un danger potentiel pour les gens qui respirent, marchent, vivent ici tous les jours ?

Partir après trois trous

Après discussion avec les ingénieurs, ils ont rapidement pris conscience du cadre dans lequel ils travaillaient : à proximité d’un bâtiment d’habitation, dont une dizaine de fenêtres donnent sur le chantier, dont l’isolation et l’étanchéité sont précaires, certaines portes étant de simples couvertures. Ils ont choisi de ne pas travailler dans ces conditions, et sont partis en fin de matinée. Speed Rehab a tenté de les obliger à revenir travailler le lendemain mais la société mandatée a décidé, à juste titre, que ce n’était pas à elle d’être au premier plan de ce conflit. De plus, après prélèvements, la pelleteuse se contentait de reboucher et de tasser la terre, l’excédant étant mis en tas dans un coin, laissant cette terre à nue soumise aux intempéries.

Il n’est pas tolérable de laisser se dérouler sur le site de tels actes qui portent atteinte à la santé et à la sérénité des habitant·es ainsi que des diverses personnes qui participent à la vie du lieu.

Mais où sont-ils ?

Depuis nous n’avons pas de nouvelles, la société mandatée est repartie à Paris, Speed Rehab ne nous a pas recontacté, aucun signe de la préfecture…



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