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Évacuation de la Zad de Brétignolles-sur-Mer : les autorités n’ont pas respecté le confinement

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Des opposant-e-s occupaient depuis octobre 2019 un terrain à Brétignolles-sur-Mer (la "ZAD de la Dune") pour s’opposer à la construction d’un port de plaisance de près de 1 000 anneaux dans la ville, qui impliquerait notamment la destruction d’une partie d’une dune. « Dès la fin du confinement, nous appelons à une réoccupation festive de la ZAD de la Dune », ont réagi les opposants au projet.

La « Zad de la Dune » a été évacuée mercredi 8 avril, en fin d’après-midi, à Brétignolles-sur-Mer (Vendée). Les autorités publiques et municipales ont enfreint les règles de confinement pour vandaliser la Zad. Le but : construire un port inutile et détruisant la biodiversité.

Mercredi matin 8 avril, un incident a éclaté aux alentours de la Zad de Brétignoles-sur-Mer. D’après les occupants du site, un couple d’automobilistes aurait écrasé un chiot leur appartenant. En retour, le propriétaire de l’animal a détérioré le véhicule, ce qui a conduit à une première intervention de la gendarmerie. L’homme a été interpellé.

En fin d’après-midi, le peloton de surveillance et d’intervention de la gendarmerie (Psig) s’est déplacé pour interpeller et arrêter les occupants de la dune. « La vingtaine de camarades présente sur place a été nassée dans les champs puis embarquée vers 18 h 30 pour des contrôles d’identité », indique un communiqué de presse écrit par les « gardiens de la dune ».

D’après un témoignage recueilli par France Bleu Loire Océan, le dispositif déployé (hélicoptère, drones, nombre de véhicules) était « impressionnant ». Selon Les Sables–Vendée Journal, « l’opération aura mobilisé deux Psig, un escadron de gendarmerie mobile, une quinzaine de gendarmes motocyclistes et 36 enquêteurs pour vérification d’identité ».

Les militants ont été répartis dans différents commissariats du département. La majorité a depuis été relâchée. « Certain.es sont sorti.es très tard [dans la nuit de mercredi 8 à jeudi 9 avril] dans des villes qu’iels ne connaissent pas, iels se sont donc retrouvé.es à la rue en pleine nuit et loin de tout soutien, à la merci du moindre contrôle et d’une amende puisque aucune attestation ne leur a été délivrée », écrivent encore les zadistes.

Les Sables-Vendée Journal écrit que « l’opération de gendarmerie qui a été menée ne serait pas une évacuation planifiée », mais une procédure de « vérification d’identité » dans le cadre de la procédure ouverte à la suite de l’altercation entre l’homme et les automobilistes, citant le colonel Véronique Sandahl, commandant du groupement de gendarmerie de Vendée.

« On pense tous que c’était juste un prétexte pour pouvoir évacuer la Zad de manière facile et rapide », dit à Reporterre par téléphone un soutien de la Zad. Par ailleurs, raconte à Reporterre Jean-Baptiste Durand, président de La Vigie, association historiquement opposée au projet de port, « les gendarmes sont repartis vers 20 heures, il commençait à faire nuit. Puis sont arrivés les engins de la commune, les services techniques, le maire, un adjoint, et quelques dizaines de personnes venues aider à faire le ménage. Chaque cabane a été incendiée ». D’après les occupants du site, leurs camions aménagés auraient été vandalisés à coup de pieds de biche, et les moteurs percés. « Ce qui m’interpelle le plus, c’est que le maire ait appelé 70 personnes civiles en plein confinement », déplore à Reporterre Martine Lucé, présidente de l’association Demain Brétignolles.

Les occupants du site interrogent les forces de l’ordre, sans avoir reçu jusqu’à présent de réponses : Où sont leurs animaux ? Comment, en période de confinement, des citoyens brétignollais ont-ils pu quitter leur logement et se regrouper, à l’appel de la municipalité, pour venir aider à nettoyer ? Pourquoi les cabanes contenant des objets personnels ont-elles été incendiées ? « Nous invitons chaque personne, puisque nous sommes confinés, à appeler la gendarmerie de Bretignolles et la mairie [pour poser ces questions] », poursuivent les militants dans leur communiqué de presse. Ils dénoncent « un choix politique autoritariste » et « une mise en danger d’autrui ».

Lire l’article complet dans Reporterre.

Plus d’informations sur l’historique de la lutte sur le site de La Vigie.


P.-S.

On peut lire ci-dessous la réponse hallucinante de la sous-préfecture à l’association Demain Brétignolles à la question qu’elle pose au ministre de l’Intérieur : « Comment le maire de la commune de Brétignolles-sur-Mer peut-il appeler au rassemblement d’une centaine de personnes en cette période de confinement ? ». L’on apprend dans la réponse que la sortie d’une centaine de personnes en plein confinement est validée par elle comme « mesure d’intérêt général » :

Madame,

Votre message a retenu toute l’attention de Monsieur le préfet qui m’a chargé de vous répondre.

L’opération qui s’est déroulé hier soir à Brétignolles-sur-Mer était une opération d’interpellation conduite sous l’autorité de Madame le Procureur près le tribunal judiciaire des Sables d’Olonne.

Le départ des individus interpellés a permis à la commune de Brétignolles-sur-Mer, sous l’autorité de son maire, de reprendre possession des lieux qui lui appartiennent et qui étaient occupés illégalement.

Selon le maire que j’ai interrogé à ce sujet, les bénévoles qui ont participé au nettoyage des lieux l’ont fait au titre de la participation à des missions d’intérêt général sur demande de l’autorité administrative (dérogation prévue par les textes - ils étaient porteurs d’une attestation en ce sens). Il leur a été remis des gants, des masques et les consignes relatives aux gestes barrière ont été rappelées. Du gel hydro-alcoolique était à leur disposition sur le site.

Bien à vous,

Thierry BONNET
Sous-préfet des Sables-d’Olonne


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