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Anatomie de l’Affiche rouge [Conférence ]

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Anatomie de l’Affiche rouge
Conférence par Annette Wieviorka
Mardi 13 février 2024 à 18 h., Salle Simone Veil à Limoges

Ils étaient vingt et trois...

1944. Dans l’après-midi du 21 février, vingt-deux membres d’un mouvement de résistance communiste, les Francs-tireurs et partisans - Main-d’oeuvre immigrée (FTP-MOI), sont fusillés au Mont-Valérien. Olga Bancic, roumaine, 32 ans, la seule femme du groupe qui fut également arrêtée, fut la 23e victime, décapitée en Allemagne le 10 mai 1944.
Le procès de ceux que l’histoire retiendra comme étant le « Groupe Manouchian » avait suscité l’acharnement de la presse collaborationniste. Pour cause : vingt d’entre eux étaient des étrangers (arméniens, polonais, italiens, espagnols, hongrois, roumains...), parmi lesquels onze juifs.
Dans les jours qui suivirent leur exécution, une affiche de propagande SS était placardée sur les murs de nombreuses villes de France, montrant les visages de cette « armée du crime ». Ce sera « l’Affiche rouge » qui, ironie de l’histoire, érigera ces hommes en héros du combat pour la liberté, contre l’occupant.
En 1943, les FTP-MOI dirigés par Missak Manouchian, un militant arménien, poète et passionné d’art et de musique, s’étaient distingués par des actions de résistance.
En 1955, à l’occasion de l’inauguration à Paris de la rue du « Groupe Manouchian », Aragon écrivit « Strophes pour se souvenir » un merveilleux poème sur lequel Léo Ferré composa une si belle musique et auquel il donna le titre « l’Affiche rouge », un poème qui se termine par le couplet suivant :

Ils étaient vingt et trois quand les fusils fleurirent
Vingt et trois qui donnaient leur cœur avant le temps
Vingt et trois étrangers et nos frères pourtant
Vingt et trois amoureux de vivre à en mourir
Vingt et trois qui criaient la France en s’abattant

« Vingt et trois étrangers et nos frères pourtant », des mots qui résonnent particulièrement à nos oreilles ces jours-ci comme à celles de tous les citoyens de notre pays dans une situation où la stigmatisation des étrangers, de « l’autre », avec le vote de la loi asile-immigration, franchit un cap dans l’ignominie.
Le combat de Manouchian et de ses camarades, celui de tous les résistants étrangers ou non, c’est le nôtre aujourd’hui, contre le racisme et la xénophobie, pour la solidarité, la fraternité et la liberté.
Tel est le sens des initiatives et hommages que les associations mentionnées ci-dessous organisent en février et mars prochains à Limoges et à Saint-Junien.

Organisateurs :
Institut d’Histoire Sociale CGT (IHS CGT) - La Libre Pensée 87 (LP87) - Mouvement contre le Racisme et pour l’Amitié entre les Peuples (MRAP).

Soutiens :
Action des chrétiens pour l’abolition de la torture (ACAT) - Amis de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation (AFMD) - Amis du musée de la Résistance - Amnesty international - Association Nationale de Anciens Combattants et Amis de la Résistance (ANACR) – Ateneo Republicano du Limousin - Jeunes Communistes (JC) - La Courtine 1917 - Ligue des Droits de l’Homme (LDH) - Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme (LICRA) - Maison des Droits de l’Homme (MDH) - Mosaïc en Limousin - Secours populaire Français (SPF) - SOS Racisme.



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