Mardi 22 janvier 2020, 7 heures : La Muse en colère

Nous, Saint-juniauds et Saint-juniaudes, avons été très surpris.e.s ce matin, à deux reprises, et de façons radicalement opposées. La Muse hisse le drapeau rouge, la ville se couvre de banderoles.

Dans un premier temps, nous avons eu la joie de voir que Saint-Junien était ce matin le lieu de l’expression politique et poétique de l’opposition à la réforme. Banderoles et drapeaux fleurissaient un peu partout à notre passage dans les rues. L’expression de la solidarité, principe cher à l’histoire de Saint-Junien et à sa population, rendait toute sa dignité à la ville.

« La colère gronde » scandaient les uns. « Ils ont résisté pour la solidarité, luttons jusqu’au retrait », affirmaient les autres. L’appel était lancé pour les prochains rendez-vous. Saint-Junien rappelait que « quand on sème la misère, on récolte la colère »...
La Muse est déshabillée, la révolte est cachée.

Dans un deuxième temps, nous fûmes saisi.e.s d’interrogations et de dépits. Repassant par les axes principaux, banderoles et drapeaux avaient été systématiquement retiré.e.s, comme pour effacer les marques de notre profonde colère face au mépris du gouvernement.
La Muse s’interroge...

Comment est-ce possible que des marques aussi fortes d’expression politique et solidaire, valeurs revendiquées par la mairie de Saint-Junien, disparaissent aussi vite ? Et cela, alors que des autocollants nauséabonds de groupuscules fascisants sont restés plus d’un mois présents devant des établissements scolaires !
La Muse est prête...

Vous n’effacerez pas notre colère ! Vous ne tairez pas notre opposition !

Jeudi 23 janvier 2020, 7 heures : La Muse est révoltée

La Muse se pare fièrement de son drapeau rouge, une nouvelle fois. Cette fois-ci, il restera.

Drapeau rouge, pourquoi ? Pour un retrait total et non négociable d’un projet de réforme inégalitaire et fait pour les plus riches ; pour des services publics partout et pour tou.te.s ; pour des conditions de vie, de travail et de retraites dignes.
La Muse est solidaire.

La bien-nommée cité scolaire Paul Éluard - Louise Michel se réveille elle aussi. « Liberté, justice, j’écris votre nom ». « Qui sème la misère récolte la colère ». « La colère gronde ». Une quarantaine de réfractaires au Service des tenanciers oligarques (STO), venu.es de tous les secteurs, cheminot.e.s, personnel.le.s de l’éducation, Gilets jaunes, lycéen.ne.s, employé.e.s d’entreprises privées..., bloquent et ne laissent passer qu’un bus scolaire tous les quarts d’heure. Ils et elles tiendront deux heures.
La Muse se déploie.

Saint-Junien devient solidaire de leur colère : la circulation est perturbée, les automobilistes bloqué.e.s dans la cohorte des bus qui patientent, gardant pour la plupart les élèves bien au chaud. Ils et elles sont nombreux à saluer, sourire, montrer leur solidarité. Paul Eluard, Louise Michel sont en retard. Paul Langevin aussi.
La Muse entre en résistance.

Et ce n’est pas terminé. Le gouvernement fait la sourde oreille ! Le gouvernement nie la démocratie ! Le gouvernement méprise le peuple ! Nous serons plus têtu.e.s encore !

La Muse, rouge de colère, a ouvert la voie.
Qui suivra ?